« Il faut avancer à petits pas, mais être ambitieux »

La PHR est confrontée depuis des années à des difficultés multiples. À l’occasion de son congrès, elle tentera de définir des solutions pour l’avenir. Vincent David, président du SPHR, apporte quelques éléments de réponse.

« Il faut avancer à petits pas, mais être ambitieux »

La PHR est confrontée depuis des années à des difficultés multiples. À l’occasion de son congrès, elle tentera de définir des solutions pour l’avenir. Vincent David, président du SPHR, apporte quelques éléments de réponse.
Diapositive précédente
Diapositive suivante

Comment se porte la PHR ?

Depuis plusieurs années, nous sommes confrontés à divers défis. La PHR est face à une baisse de la diffusion papier qui ne s’arrête pas, à une diminution du nombre de points de vente, ce qui n’arrange rien, et à des difficultés de distribution. Le contexte inflationniste n’aide pas. Les gens regardent à deux fois avant de dépenser et se détournent de la presse dite traditionnelle. C’est une situation complexe que nous avons prise à bras-le-corps depuis quelques années. Le congrès est là pour aider les éditeurs à relever ces défis, ou du moins leur proposer des solutions. Il faut qu’on maintienne ce qui fait notre force tout en évoluant vers de nouveaux modes de consommation.  

Où en est-on avec le prix du papier ?

A priori, il a cessé d’augmenter, il a même baissé un peu. Mais c’est un petit peu comme le prix de l’essence, quand ça monte c’est rapide et quand ça baisse c’est plus lent. Il y a quelques imprimeurs qui commencent à répercuter le début de la baisse du prix du papier, mais ça reste extrêmement élevé par rapport à il y a trois ou quatre ans. Les charges supplémentaires que nous avons connues ces deux dernières années sont toujours là. Malheureusement, on touche souvent à la pagination, ce qui n’est pas une bonne idée. C’est une économie défensive en attendant que l’orage passe. 

On constate de manière générale une baisse de la vente au numéro, y a t-il des solutions pour la contenir ?

J’espère qu’il y en a. L’achat au numéro est variable. Il faut continuer de faire de la qualité, de produire le meilleur journal possible pour susciter l’envie d’acheter. Après, si on ne trouve pas le journal dans un rayon de 20 à 30 km à cause de la
diminution des points de vente, c’est compliqué. Ce que je sais, c’est qu’à chaque fois qu’on crée des points de vente, on vend. Donc on essaie d’en créer, dans les boulangeries, les épiceries, les commerces de village, etc. Si on retrouvait le niveau de marchands de journaux qu’on avait il y a 10-15 ans, je pense que la chute des ventes serait moindre. 

Répondre à ces besoins passe parfois par l’innovation. Comment innover en PHR avec les moyens financiers et humains que l’on connaît ? 

Il est vrai que les moyens dans la plupart de nos titres sont faibles. C’est très compliqué. L’innovation c’est de faire de la vidéo, du podcast, etc ? Oui sans doute. Ça peut être parfois la diversification. Il me semble que l’innovation passe aussi par un retour à nos fondamentaux : proposer une information sérieuse, vérifiée, authentique, marquée du sceau du professionnalisme. Il faut avancer à petit pas, mais être ambitieux, sans balayer tout ce fait la force de la PHR depuis le début du XIXe siècle. L’innovation passe aussi par les jeunes journalistes qui doivent ramener leur fraîcheur. Innover c’est aussi leur faire confiance.  

On parle beaucoup de l’intelligence artificielle. Quelle place pourrait-elle prendre dans le métier de journaliste ?

Je pense qu’il faut accueillir l’intelligence artificielle (IA) avec bienveillance et positivité, car elle va sans doute faciliter le travail des journalistes. Mais évidemment il y a une grande inquiétude quand on nous explique que demain elle nous remplacera. Ce n’est pas possible. On utilisera l’IA comme on utilise les logiciels pour la mise en page ou la correction des textes. Il ne faudra jamais laisser un robot s’occuper de la qualité d’un article, de son angle. Il faut préserver le matériau humain. Nous avons besoin que notre journalisme soit incarné. Quand il y a de l’humain, il y a de la sensibilité et je pense que nos lecteurs réclament cela aussi. En plus je pense que ça sera vendeur. Les gens préféreront un journal 100 % local et 100 % fait par des êtres humains qu’un journal créé à moitié par des robots. J’espère !

C’est la dernière année de votre 3e mandat de président du SPHR, y aura-t-il un 4e mandat ?

C’est une question que je me pose, que mes collègues me posent aussi. Je pense qu’il est temps que cela s’arrête. Je vais en discuter avec mes confrères et consœurs, et s’il faut repartir trois ans, je repartirai trois ans. Elles seront certainement les dernières. Notamment parce que je me rapproche de l’âge vénérable de la retraite. Sincèrement, si en collectivité on trouve une solution pour m’éviter de faire un quatrième mandat je serai très heureux.

Propos recueillis par Nathan Bléja

Diapositive précédente
Diapositive suivante

Contact

Recevez les news de l'info locale

directement par mail