Prix FIL du nouveau média local : 4 manières de décrire la proximité

Or Périphérique, l’Etincelle, Horizon(s) le mag, Splann ! : ce sont les quatre lauréats du prix du nouveau média local décerné pour la première fois par le FIL. Quatre nouveaux médias, nés depuis janvier 2021, quatre façons de proposer une nouvelle information de proximité.

Prix FIL du nouveau média local : 4 manières de décrire la proximité

Or Périphérique, l’Etincelle, Horizon(s) le mag, Splann ! : ce sont les quatre lauréats du prix du nouveau média local décerné pour la première fois par le FIL. Quatre nouveaux médias, nés depuis janvier 2021, quatre façons de proposer une nouvelle information de proximité.

Depuis le Festival de l’info locale 2022.

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Des journaux, des mooks, dess pure-players, des chaînes Youtube, des médias collaboratifs… Le prix FIL du nouveau média local a mis sous les projecteurs de nombreuses initiatives. Et, sur les dix-huit candidats, quatre finalistes se sont détachés. Voici leur histoire, leur manière de s’imposer dans le paysage médiatique local.

Les 18 candidats

Du Périgord à la frontière franco-allemande, 18 sites, journaux ou canaux d’info de proximité étaient candidats au Prix FIL du nouveau média local.
Retrouvez-les sur la page dédiée du FIL.

Or Périph / la banlieue en vidéo

Vidéos diffusées sur Instagram et Youtube et dans deux maisons d’arrêt de la région parisienne. Budget de 10000 € et appui financier par la réalisation de vidéos pour des associations.
L’idée : sortir des idées reçues de la banlieue.
Clément Dechamps (cofondateur) : « On s’est lancé en janvier 2021, et nous inaugurons la saison 3 en octobre. Parmi les sujets traités, on a toujours un dénominateur commun : c’est le social. On s’intéresse à toutes les problématiques, ça peut être la réinsertion, les femmes victimes de violences conjugales, les réfugiés, les sans papiers… Au début, je voulais faire du journalisme engagé sur ces problématiques, mais je ne voulais pas juste dénoncer ; je voulais un projet porteur d’espoir, en montrant les initiatives citoyennes venant en aide à ces personnes.
Le deuxième objectif, c’est revaloriser l’image de la banlieue parisienne. Il y a trop de préjugés, un imaginaire biaisé. Il y a des quartiers défavorisés dans ces villes, mais aussi des beaux quartiers. Et, dans ces banlieues, il y a des milliers d’initiatives pour tous.
Je viens de la presse écrite, et j’ai découvert que j’avais beaucoup de plaisir en travaillant sur la vidéo. Et c’est là aussi, sur ce support, que l’on peut toucher les jeunes. J’ai certes copié Brut au début, mais aujourd’hui il y a une vraie touche Or’Périph. Et après avoir passé une année seul, j’ai une vraie équipe, avec notamment des stagiaires que je rémunère.

Or Périph se veut un média avec un vrai rôle social. Une retraitée qui fait des sandwiches à distribuer lors des maraudes le soir, cela pourrait être notre mère, notre tante. La filmer, c’est mettre un peu d’or sur elle, pour que les jeunes l’identifient. Ça peut créer des vrais connexions, comme lors du reportage parlant des cours de français pour les étrangers : un avocat nous contacte car il a vu le reportage et il a voulu dupliquer ce modèle de cours dans son quartier… Ça, ça me fait énormément plaisir. »

L’étincelle / Graines de journalistes

Pure player alimenté par des jeunes de Clichy sous Bois et du 93, coachés par 2 journalistes, financés par la Drac.
Les débuts étaient basés sur du son, du podcast, avant de se diversifier.
Lucas Roxo (coordinateur) « Le projet a débuté voilà deux ans. J’avais une résidence de journaliste à Clichy et Montfermeil, où il avait un désir de monter des médias locaux. L’idée était que les jeunes se réapproprient la parole sur des sujets les concernant.
La première année, j’ai rencontré les acteurs du territoire pour savoir ce qui leur plairait, pour que le média leur ressemble. Une petite équipe s’est constitués, des jeunes de 18-25 ans, qui se sont professionnalisés et diversifiés.
On ne raconte pas le quotidien, mais on parle d’ici, de ces villes, à partir de ses histoires, de ses territoires. On n’a pas de limite de contenu : podcast, vidéo, courts-métrages, émission de radio… On a une partie très musicale du fait de la présence d’artistes dans l’atelier.
Les jeunes arrivent avec leur envie d’apprendre mais aussi de communiquer, de transmettre. Et ce travail est un peu un tremplin, par exemple vers d’autres médias.
Les sujets sont très variés. L’info sert à créer aussi du lien social, que les gens se définissent à travers ces infos. Et on est tout le temps surpris par les sujets mis en avant. Par exemple, on a fait une série de podcasts sur les événements historiques, comme la mort de Childeric II au VIIIe siècle ! On fait des émissions de radio ,autant sur le cinéma que sur parcourssup…

Ce qui est important pour moi dans mon média, ce n’est pas d’avoir le regard d’un jeune du quartier sur son territoire. Ce qui m’intéresse, c’est qu’il portent leurs visions sur des choses qui ne les concernent pas forcément.
Les perspectives ? On aimerait stabiliser le projet, vu qu’on est juste en résidence. Il y a de nouveaux jeunes qui nous rejoignent, et les plus anciens sont vraiment bons. L’idée est de continuer à accueillir des jeunes, mais accompagner aussi les plus chevronnés. On ira peut-être aussi vers de la production documentaire, avec des formats plus longs, sous la forme d’une agence de production de contenus, en nous liant avec des médias connus.
On va aussi adopter une meilleure stratégie sur les rseauxw sociaux et lancer une nouvelle newsletter à l’automne. Du point de vue économique, comme Or Périph, je vends des vidéos à des associations qui ont besoin de supports de communication pour se faire connaître. C’est un sérieux coup de pouce. On a aussi la volonté d’embaucher quelqu’un en alternance… »

Horizon(s) le mag / Le mook basque

Mag trimestriel papier, basé sur le pays basque français, partiellement bilingue. Né de la volonté de mettre en valeur des problématiques écologiques et sociales.
Chloé Rebillard (directrice de la publication) : « Nous sommes partis du constat qu’il y avait une offre médiatique conséquente au pays basque. Mais on avait envie de formats plus longs, qui demandent du temps, en se basant sur l’écologie et le social, des sujets que nous couvrions également en tant que journalistes. Des sujets primordiaux à traiter aujourd’hui.
On a fait le choix d’un mook, car on ne voulait pas faire de l’actu immédiate, mais plutôt que les gens puissent revenir sur des articles des mois plus tard, car ils ne se périment pas. Faire un bel objet à garder, à reconsulter, d’où l’importance de le publier physiquement.
Comme Splaan !, on parle d’écologie, d’environnement. C’est vrai que peu de médias nationaux parlent des problématiques locales. Et les médias locaux ne les traitent pas de manière transversale (avec l’économie, l’emploi…). Nous, ce qu’on apporte en plus, c’est que l’on va loin dans les sujets. Par exemple, le 2e numéro était entièrement consacré à l’autonomie alimentaire. On essaye d’apporter de la profondeur d’analyse car on a plus de temps et de place que les médias locaux.
Les perspectives ?  La publication du numéro 3 ! On réfléchis également au modèle économique, car aujourd’hui, les deux fondateurs sont bénévoles… Réussir à rémunérer le temps que l’ion passe sur le magazine serait bien… Il faudra que l’on développe la diffusion. »

Splann ! / L’investigation à la bretonne

De l’investigation avant tout ! Des enquêtes fouillées en français et en breton, financées par le crowdfunding, autour de l’agroalimentaire, de la nature, et diffusés sur des médias partenaires et sur le web.
Raphaël Blados (journaliste) : « On a souvent connu des difficultés pour aborder des sujets qui n’émergent pas dans la presse locale. Et nous avons décidé de prendre du temps pour investiguer, pour faire des reportages longs.
Notre première enquête était centrée sur l’ammoniaque, gaz issu des élevages industriels, aux effets délétères. Ensuite, on a abordé les « travers du porc », et puis la dernière enquête concerne la méthanisation et ses dérives. C’est ce type de sujets que l’on veut développer.
Disclose est notre parrain, et on fonction e comme eux, avec des donations de particuliers ou de philanthropes. Notre premier campagne nous a apporté 120K€, qui nous permettent de payer des salaires, des piges et du matériel (comme la création de cartes interactives). La dernière enquête a coûté plus de 20 K€.
Nous ne travaillons qu’avec des partenaires et diffuseurs tels que actu.fr, France télévision, car ils nous offrent une belle fenêtre de visibilité.
Les perspectives ? Durer le plus longtemps possible, il faudra donc des abonnés sur le temps long. On en a 5000 actuellement, mais il faut maintenir la flamme. L’important est que l’on a aussi des donateurs qui nous soumettent des sujets. Les enquêtes ne seront jamais payantes pour les lecteurs, mais on pourra facturer les diffuseurs. »

Ici, entrez votre légende. © Ici, le crédit photo.

Laurent Brunel

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