Du bureau à la barre du tribunal en passant par Paris et la province, les agences de presse locale multiplient leurs compétences pour satisfaire les besoins des éditeurs de presse régionale. Sous peine toutefois de voir leur métier se dénaturer.
Du bureau à la barre du tribunal en passant par Paris et la province, les agences de presse locale multiplient leurs compétences pour satisfaire les besoins des éditeurs de presse régionale. Sous peine toutefois de voir leur métier se dénaturer.
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L’arbre qui cache la forêt… ou plutôt l’agence qui cache la dépendance. Derrière l’hégémonie de l’Agence France Presse (AFP) à l’échelle nationale, plusieurs agences de presse locale se sont développées sur un credo : maintenir le lien de proximité entre rédactions locales et informations générales.

Une mission qui a bien évolué, notamment pour l’Agence de presse d’édition et d’information (APEI), liée à Publihebdos. « Notre ambition initiale, il y a trente ans, a été de fournir des articles de vie pratique à nos lecteurs, retrace Thomas Martin, directeur de l’agence. Aujourd’hui, la structure s’est diversifiée et produit pour les sites internet et la régie publicitaire, réalise des publireportages, mais aussi du contenu de marque. »

« Notre ADN, c’est de parler des gens de nos régions qui font l’actualité depuis la capitale. » 

Samuel Ribot, directeur général de l’Agence locale de presse.

Composée de six journalistes et de plusieurs pigistes, la rédaction de l’APEI travaille en collaboration avec les journaux de son groupe et maintient un équilibre précaire entre informations de proximité et actualités nationales. « Les articles locaux ne sont pas le cœur de notre métier, comme le confirme l’éditeur. Notre spécificité est de fournir du contenu sur le territoire national. On mandate parfois les pigistes localement, à distance, ou par téléphone. Mais nos fonctions sont très diverses. »


L’hyperlocal depuis Paris

Un constat qui se heurte à celui d’une agence de presse parisienne, spécialisée dans le traitement d’informations juridiques, judiciaires et économiques. « La différence avec le localier, c’est qu’on est basé à Paris, dresse Samuel Ribot, directeur général de l’Agence locale de presse (ALP). Nous écumons les ministères, les tribunaux et les sièges de grandes entreprises, pour répondre aux demandes de nos clients, la plupart issus de presse quotidienne régionale. »

Créée en 2013, l’ALP travaille avec la plupart des quotidiens régionaux français et se revendique comme leur premier correspondant sur Paris. « Notre ADN, c’est de parler des gens de nos régions qui font l’actualité depuis la capitale. C’est ce que recherchent les journaux locaux et c’est ce que les gens aiment lire. »

L'ALP réalise des grands entretiens pour la presse locale comme ici avec Sud Ouest. Capture d'écran de Sud Ouest du dimanche 6 juin.

Mais, face à l’émergence des agences de communication qui piétinent sur le terrain de jeu des agences de presse locale, il est d’autant plus important de diffuser des informations fiables, pertinentes, avec des angles originaux. « Nous restons journalistes, milite l’ancien rédacteur en chef de l’agence de presse du groupe Hersant Médias. Nous continuons à écrire, réalisons beaucoup d’interviews en face à face, avec l’avantage d’être à Paris. Par exemple, lors de grands procès ou lorsqu’il faut solliciter des experts sur des sujets comme la variole du singe, ou les missiles balistiques ukrainiens », complète Samuel Ribot.

Des articles à la carte

Autant d’opportunités à saisir, qui permettent à de nombreux titres de presse régionale de faire appel aux services des agences de presse locale. « Les articles sont produits à destination de nos clients de la presse, mais pas uniquement, tempère Thomas Martin, éditeur chez Publihebdos. Les rédactions payent les articles à l’unité ou par abonnement.

D’autres sujets sont édités à la demande, plus chers, et produits exclusivement pour une ou des rédactions spécifiques. » Des cas de figure rares pour des rédactions en proie à des difficultés économiques. « L’idéal est de conclure des abonnements, mais on sait que la PQR souffre, surenchérit Samuel Ribot. Le manque de moyens justifie notre existence, mais il ne faut pas que l’économie s’écroule, car on en payerait les conséquences. »

Bastien Chaize et Jean-Baptiste Ployart

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