Routage : le plastique, c’est plus fantastique

Adoptée en octobre 2020, la loi Anti-gaspillage et économie circulaire (AGEC) interdit l’utilisation des films plastiques qui enveloppent nos journaux à compter du 1er janvier 2022. Quelles alternatives signent la mort du traditionnel « blister plastique » ?

Routage : le plastique, c’est plus fantastique

Adoptée en octobre 2020, la loi Anti-gaspillage et économie circulaire (AGEC) interdit l’utilisation des films plastiques qui enveloppent nos journaux à compter du 1er janvier 2022. Quelles alternatives signent la mort du traditionnel « blister plastique » ?

C’est terminé (ou presque). Le 1er janvier, les journaux ne pourront plus être routés sous un film plastique, suite à la loi anti-gaspillage et énergie circulaire. Face à l’interdiction, deux camps s’opposent : ceux qui ont anticipé l’interdiction et ceux qui attendent le date butoir pour prendre une décision finale. « Aucune solution n’est vraiment prête, sauf l’envoi à découvert » confie Olivier Roy, directeur chez Digitaprint, une entreprise qui commercialise des solutions d’impression numérique et imprimeur au sein de l’Imprimerie de l’Avesnois à Avesnes-sur-Helpe dans le Nord.

Le plus simple : le routage à découvert

« Nous préconisons l’abandon de tous les films sur les journaux, nous privilégions l’impression pour l’envoi à découvert. » Digitaprint propose notamment ses services à l’Observateur de l’Avesnois, un hebdomadaire qui a adopté ce système de routage depuis plusieurs mois maintenant. « Nous avons anticipé le passage de la loi grâce à notre rotative numérique qui est capable de produire des journaux à la personne et donc, d’imprimer l’adresse postale de chaque abonné sur le journal », reconnaît Arnaud Blondiau, rédacteur en chef de l’hebdomadaire.

L’arrêt d’utilisation de blister plastique a d’ailleurs engendré des économies, 0,02 euro par journal vendu, soit le coût du blister. Un choix économique, écologique pour la réduction de déchets, mais surtout, sanitaire. Avec les études publiées sur la transmission du Covid-19 lors de la pandémie, certains lecteurs de L’Observateur de l’Avesnois redoutaient de transmettre ou attraper le virus sur le support plastique. En effet, le virus a une durée de vie plus longue sur le plastique que sur le papier, où sa résistance est quasi nulle. 98 % des abonnés étaient satisfaits dès l’arrêt du blister plastique pour l’envoi des journaux, « un signe très positif « , selon Arnaud Blondiau. Les irréductibles -2 % d’abonnés mécontents- ont nécessité un temps d’adaptation pour changer leurs boîtes aux lettres, les journaux arrivaient en effet légèrement mouillés ou abîmés. A présent, Arnaud Blondiau estime que  seulement un abonné sur 5000 n’est pas satisfait du routage à découvert en impression directe, un résultat encourageant.

L’option 100% papier

Autre système adopté par les rédactions prévoyantes, celle du journal Le Résistant (Libourne) qui opté pour un blister papier en substitution à son équivalent plastique. Anne Cazaubon, la rédactrice en chef, assume la volonté « d’anticiper sur les délais prescrits par la loi » et ce, dès la rentrée de septembre 2021. « C’est passé comme une lettre à la poste auprès de nos abonnés, nous n’avons pas eu de retours » affirme-t-elle. Côté prix, rien n’est encore sûr. Olivier Roy affirme que les tarifs ne sont pas encore connus, « on en saura plus au 15 janvier » dit-il. « Le blister papier coûte plus que le blister plastique traditionnel, d’autant plus du fait de la hausse exorbitante du prix du papier cette année. »

Le plus original : le film thermoscellable

Excepté le blister papier de type enveloppe, comme celui adopté par Le Résistant, il n’y a qu’une alternative au plastique. Le film thermoscellable, fabriqué à base de papier dans une solution aqueuse soudé à chaud puis dissout par les recycleurs pour garder la pâte à papier, est à la fois compostable et recyclable. Si le prix de ce blister -utilisé notamment par les titres du groupe Voix du Nord- n’est pas encore connu, il est plus cher que le blister plastique, dont les prix défient toute concurrence. 

Le défi des routeurs

A l’origine de l’utilisation de ces blisters, les routeurs sont ceux qui sont confrontés aux plus grands défis face à cette nouvelle réglementation. Certaines entreprises centrent leur activité économique sur le routage, et si elles n’arrivent pas à s’adapter aux nouvelles productions, il est clair que la loi AGEC va les mettre en difficulté. « Les industriels dans le domaine du routage qui n’ont pas investi depuis quinze ans dans de nouvelles machines vont être contraints d’investir ou de fermer » explique Olivier Roy. Certaines machines de routage peuvent être adaptées, à condition d’effectuer quelques réglages. Ce n’est toutefois pas le cas des plus anciennes d’entre elles. Alors, l’État aide les entreprises en subventionnant leurs demandes d’investissement dans le cadre de la transition écologique.

Pour Olivier Roy, en matière de routage, une solution se démarque des autres. « Personne n’est prêt pour produire de nouveaux films s’il faut remplacer le plastique à partir du 1er janvier. Seule la technique du post à découvert est totalement aboutie » reconnaît l’imprimeur, persuadé qu’ « il faudra introduire des dérogations pour utiliser les anciens films en plastique, sinon ce ne sera pas tenable pour tous les acteurs de la presse ». 

L’étiquette collée, la solution des quotidiens

Autre solution pour éviter le film plastique : l’étiquette directement apposée sur le journal. Cette voie a été choisie par certains titres, notamment au sein de la PQN. Ainsi, entres autres, le Monde et l’Opinion arrivent chez les abonnés hors de tout emballage, avec juste le sticker d’adresse collé sur la Une. Reste à le décoller (sans endommager le journal !) pour pouvoir lire son quotidien…

Margot Herrada

Correction du 13/12/21, 10h50 : l’économie par journal envoyé sans blister est bien de 0,02 € (et non 0,02 centime d’euro comme indiqué avant par erreur).

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