La stratégie pour la conquête des derniers diffuseurs

Pour diffuser le journal, chaque titre a sa propre manière de fonctionner. Cas pratique avec Le Progrès Saint-Affricain et Le Journal du Médoc, dont les choix commerciaux sont profondément différents et liés à la vie des territoires qu’ils couvrent.

La stratégie pour la conquête des derniers diffuseurs

Pour diffuser le journal, chaque titre a sa propre manière de fonctionner. Cas pratique avec Le Progrès Saint-Affricain et Le Journal du Médoc, dont les choix commerciaux sont profondément différents et liés à la vie des territoires qu’ils couvrent.
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On les retrouve dans de nombreux commerces. Ils ne changent pas d’endroit mais d’apparence chaque semaine ou chaque jour. Qui sont-ils ? Les journaux, évidemment ! Et pour tous les éditeurs, un vrai défi existe : être le mieux positionné pour que son titre soit clairement visible pour l’acheteur potentiel.
Pour les journaux très ruraux, un autre problème se pose : la disparition des petits commerces dans les villages, et donc des points de vente. Certes, de nouvelles aides à la diffusion ont été mises en place en 2022, mais celles-ci visent avant tout la distribution par portage, ce qui est aisé en zone urbaine ou rurbaine, mais beaucoup plus complexe en rase campagne.
Alors, comment bien gérer son réseau de vente ? Il n’y a malheureusement pas de solution miracle, mais chaque titre esssaye de faire au mieux. La preuve à travers deux exemples sudistes, en Aveyron et dans le Médoc.

Provoquer l’achat coup de cœur

« On sait qu’aujourd’hui, les gens ne sortent plus uniquement pour acheter le journal, expliquent Aurélie Alric, commerciale et Adeline Vernhet, secrétaire, qui gèrent la diffusion du Progrès Saint-Affricain. Le papier est un achat après les courses, quand on passe devant le présentoir et qu’on trouve les sujets intéressants. Notre objectif est de provoquer l’achat coup de cœur du journal. »
Créer l’envie chez l’acheteur : un exercice avec lequel il faut jongler pour se renouveler et attirer un nouveau public, tout en gardant les habitués. Sans aucun doute, l’aspect visuel de la Une et les titres doivent accrocher l’œil, mais il n’y a pas que ça. Il faut aussi savoir où vont les clients potentiels. « L’objectif est de viser les commerces qui ont du succès et sont animés. Nous multiplions nos points de vente pour élargir nos chances de provoquer ce coup de cœur. Nous voulons aussi développer notre visibilité et montrer notre notoriété. Prochainement, nous allons mettre en place un système d’abonnement pour les médecins, pour qu’ils puissent exposer Le Progrès Saint-Affricain dans leur salle d’attente », projettent-elles. Déjà abordée, l’idée d’un camion itinérant qui vendrait les journaux là où aucun point de vente n’existe est « bonne », selon Aurélie Alric et Adeline Vernhet, mais derrière « il y a des questions économiques : payer le camion, le chauffeur et le gazole ».

Ici, entrez votre légende. © Ici, le crédit photo.

Un travail « microscopique et d’ajustement »

Selon les demandes des points de vente, on retrouve entre deux et trente journaux. Pour l’exposition et la vente du journal, les commerçants touchent 15 % de commission sur un numéro à 1,90 € la pièce (soit 28 centimes). « Il faut accompagner les commerçants dans la vente du journal. Nous leur expliquons la gestion, comment faire les comptes… », assurent les deux collègues. Comment exposer le journal ? Où le mettre en avant ? Deux questions essentielles qui vont potentiellement provoquer l’achat si les conditions sont réunies. « Tous les ans, nous communiquons par mail ou par téléphone avec tous nos points de ventes, assure la commerciale. Cette année, une de nos stagiaires est allée sur place, dans chaque commune. Dans 80 % des cas, les commerçants jouent le jeu. » Un travail de grande précision pour les deux collègues, « qui demande un constant ajustement ».
A 400 km de Saint-Affrique, la diffusion du journal s’organise d’une toute autre manière et fait la part belle aux dépôts quant à la diffusion du Journal du Médoc (Gironde).
Le choix des diffuseurs de l’hebdomadaire est directement fait par les deux dépôts. La société Leveque, basée à l’ouest de Bordeaux, à Mérignac, s’occupe de la diffusion à la périphérie du territoire et au-delà. C’est en revanche le dépôt Adès, à Castelnau-de-Médoc, qui s’occupe de la diffusion dans tout le Médoc. « Ce sont eux qui gèrent la liste des diffuseurs, comme les bureaux de tabac ou les supermarchés, qui les livrent et s’occupent des invendus, en vue de leur recyclage », précise Céline Frances, secrétaire au Journal du Médoc.

Le dépôt grand manitou

Cette stratégie allège le travail de recherche et d’entretien de la liste pour le journal. De plus, lorsqu’un nouveau point de vente ouvre dans le territoire (ce qui est malheureusement rare), c’est au dépôt que revient la tâche de prendre contact avec celui-ci.
Il arrive que le journal adapte sa diffusion en fonction de la Une, comme l’explique Céline Frances : « Si la Une concerne Blanquefort, par exemple, je vais contacter le dépôt pour les prévenir qu’il faudra distribuer plus de journaux dans la commune, pour répondre à la potentielle hausse des achats. »
De même, Le Journal du Médoc n’a pas la main sur le réapprovisionnement des diffuseurs à court d’exemplaires, cette tâche revient entièrement aux dépôts, qui ont donc la charge de surveiller avec précision la répartition semaine après semaine des journaux, notamment lors des fortes périodes d’affluence touristique en été. Certains bureaux de tabac et supermarchés de la côte (Lacanau, Vendays-Montalivet, Soulac-sur-Mer) sont ainsi davantage fournis en exemplaires pendant les mois de juillet et août, pour prendre en compte la forte saisonnalité de ces stations balnéaires. Ce sont avant tout les pages « agenda » qui favorisent l’achat auprès des touristes.

Elise Graille & Julien Hick

Recréer des lieux de proximité

Magasins qui ferment, manque de services dans les zones rurales, La Poste a voulu remédier à cette problématique. Elle s’est diversifiée pour créer des ‘’Places des services’’. « Ces lieux multiservices et multicommerces répondent à un besoin du territoire et à la demande des habitants ruraux », explique Tania Saillard, responsable du marché de l’hyper proximité au sein du groupe La Poste.
à Brûlon (Pays de la Loire), on peut emprunter gratuitement des objets du quotidien, de bricolage, de cuisine… Et il y a même un espace de télétravail.
« Ces places ont également un réel intérêt pour la presse, assure-t-elle, certaines personnes ne sont pas prêtes à prendre des abonnements et il manque des lieux pour acheter au numéro. » à l’heure actuelle, huit sites sont déjà mis en place en France, dans l’attente d’un futur déploiement à grande échelle.

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