Ile de la Réunion : les deux quotidiens dans une mauvaise passe

Le département français de l'Océan indien va-t-il se transformer en désert médiatique ? C'est possible depuis les problèmes économiques qui touchent les deux quotidiens de l'île.

Ile de la Réunion : les deux quotidiens dans une mauvaise passe

Le département français de l'Océan indien va-t-il se transformer en désert médiatique ? C'est possible depuis les problèmes économiques qui touchent les deux quotidiens de l'île.
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Avis de tempête dans les médias au cœur de l’Océan Indien. Après les difficultés du Quotidien de la Réunion à l’automne dernier, c’est au tour du Journal de l’ïle de la Réunion d’être dans une très mauvaise passe. Ce mercredi 10 janvier 2024, l’entreprise éditrice du JIR a en effet été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce, suite à la demande faite par la direction du groupe. Une situation loin d’être inédite, puisque le JIR a déjà connu cette même situation à deux reprises ces dernières années. A chaque fois, il s’en est sorti grâce à des aides régionales mais aussi un abandon de ses dettes auprès de l’État.
Une période d’observation de trois mois a été accordée, pour tenter de trouver une solution pérenne pour l’avenir du titre, voire de celui des deux quotidiens dont le sort paraît aujourd’hui intimement lié…

Aides de la Région

La situation du Quotidien de la Réunion n’est également pas au beau fixe. Ce titre est en cessation de paiement depuis septembre 2023 et a été placé en liquidation judiciaire le mois suivant. Et s’il est toujours présent dans les kiosques en ce début 2024, c’est grâce à une autorisation de poursuite d’activité de trois mois, décidée par le tribunal de commerce, car la Région de la Réunion a décidé d’octroyer au titre une aide exceptionnelle de 600 000 euros.

Deux Unes du Quotidien de l'ïle de la Réunion et du JRI.

Une aide que le JIR voudrait bien également toucher. Mais qui ne semble pas prête d’arriver… Ce qui déclenche la fureur de Jacques Tillier, le président du JIR et éditorialiste maison. L’ancien journaliste de Minute produit un billet hebdomadaire qui éloigne encore un peu plus le journal de cette aide de la part de la collectivité, du fait des propos à l’emporte pièce qu’il tient dans les colonnes. L’auteur lave son linge sale en public et n’hésite pas à traiter la présidente de Région d' »antisémite« … Pas sûr que ce soit le meilleur moyen pour s’attirer les bonnes grâces de l’instance…

Rapprochement des titres en vue ?

Reste aujourd’hui à trouver une solution, afin que l’île ne se transforme pas en désert médiatique. Difficile de penser que les deux titres survivront. Le Quotidien a vecu une baisse vertigineuse de son lectorat en quelques années (12122 exemplaires diffusés contre 17000 en 2019). Et le 27 mars 2024, l’ultime rendez-vous judiciaire décidera du sort des 52 salariés du titre.
De son côté, le JIR sort d’un long bras de fer avec son imprimeur, qu’il accuse de « censure » après avoir empêché la diffusion du quotidien il y a quelques années. Et les éditos envenimés n’aident pas dans les rapports avec les instances politiques. Par contre, la partie numérique du groupe de presse, clicanoo.re, est une des plus anciennes de France et attire toujours de nombreux lecteurs.
Alors, quelle solution ? La piste du rapprochement entre les deux titres est largement évoquée depuis quelques temps. « L’inquiétude est là. Il faut trouver des solutions, il faut que l’on trouve un nouveau modèle », expliquait à nos confrères de linfo.re Gaël Ecot, secrétaire du CSE du Journal de l’île de la Réunion  à la sortie de l’audience du tribunal de commerce. « C’est une volonté d’Etat qu’il y ait un rapprochement (avec le Quotidien) pas des rédactions mais une mutualisation de tous les éléments, de la structure qui permet de soutenir les rédactions. »
Un rapprochement auquel Jacques Tillier, l’éditorialiste de 76 ans du JRI répond de manière fleurie : « Nous allons bien évidemment nous battre une fois encore, pendant trois mois au moins de janvier à fin mars car il n’est pas question que le JIR et ses filiales, Clicanoo, Recto Verso… puissent tomber entre les mains d’escrocs des mots, minables prétentieux, fiers de l’être qui se revendiquent « sauveurs de la presse écrite » ». Mais l’homme sait souffler le chaud et le froid, puisque dans une vidéo publiée la semaine dernière, il affirme  qu’un rapprochement est possible : « Nous allons (élaborer) un plan qui consiste à avoir deux titres. Nous allons faire des propositions au Quotidien qui publiera du lundi au vendredi, et le JIR prendra la suite en un hebdo le samedi-dimanche ». Verdict au tribunal, au printemps.

Laurent Brunel

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