France Bleu et France 3, unis vers un média global

C'est confirmé : la synergie au sein de l'offre de proximité de l'audiovisuel public se confirme. France Bleu et France 3 devraient non pas fusionner mais s'associer au sein d'un médial global/local, dans lequel le numérique pourrait dominer.

France Bleu et France 3, unis vers un média global

C'est confirmé : la synergie au sein de l'offre de proximité de l'audiovisuel public se confirme. France Bleu et France 3 devraient non pas fusionner mais s'associer au sein d'un médial global/local, dans lequel le numérique pourrait dominer.
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Le sujet, c’est d’unir nos forces et de voir comment on va pouvoir faire une promesse éditoriale plus harmonisée, […] mettre en cohérence et harmoniser nos forces. » Il y a un peu moins de trois semaines, Céline Pigalle, la directrice du réseau France Bleu, dévoilait sur phrases.media, sans toutefois tout révéler, la petite bombe qui devrait dynamiter l’audiovisuel public de proximité. Une bombe finalement co-présentée ce mardi 17 octobre par Delphine Ernotte Cunci (présidente de France Télévisions) et Sibyle Veil (PDG de Radio France).  Les deux femmes avaient choisi Rennes pour dresser les grandes lignes du nouveau média de proximité, qui devrait logiquement s’appeler « Ici », et qui devrait à terme remplacer France Bleu et France 3.

Ce nouveau média global, dont on en voit déjà les prémices au travers des matinales communes entre la télé et la radio, sera basé sur un tryptique : « Une ligne éditoriale commune, une marque unique, une union des moyens. » La formule, recueillie pour Ouest-France par Cyril Petit lors d’une interview croisée des deux femmes, devrait être rapidement appliquée, puisqu’elle estime que la mise en œuvre de ce média global devrait se faire en 2024.

Un rapprochement logique, mais aussi impulsé par les économies budgétaires

Autant le dire, les annonces de la présidente de France Télévsions et de laPDG de Radio France n’ont pas surpris grand monde, dans le microcosme médiatique. Chacun sentait que le rapprochement opéré depuis quelques années (la diffusion des matinales de la radio sur la télé sous la marque “Ici”, la disparition des journaux nationaux sur France 3 au profit d’éditions locales qui parlent aussi du national et de l’international…) allaient dans le sens d’un rapprochement à marche forcé. Une union que l’on aurait jugée contre nature il y a quelques temps, mais qui, désormais répond à une logique de marque forte dans un marché plus que morcelé, dans lequel trop souvent seuls les plus grands résistent. Et une identité unique pour un projet multimédia sur l’info (et le divertissement) de proximité va bien dans ce sens.
La mue opérée par France info en août 2016 a également été un modèle pour la future « Ici ». A l’époque, le logo aux deux points faisait un peu sourire. Mais très vite, les auditeurs et téléspectateurs ont découvert la très logique complémentarité entre l’offre TV et radio. Et le site est devenu un incontournable pour s’informer, avec près de 150 millions de visiteurs mensuellement (dont près de 90% sur les smartphones). Dans le cas d’Ici, le site devrait là encore acquérir une place prépondérante au sein du média global.

Mais nul ne doit se tromper : ce rapprochement à marche forcée est aussi une décision politique. Comme le rappelle le site Influencia, des parlementaires demandaient en juin 2022 devant le Sénat que les médias de l’audiovisuel publics soient regroupés au sein d’une même holding. Et que cette structure soit ensuite répartie en trois pôles : le premier dédiée à l’international, le deuxième au national, et enfin le troisième au local. C’est exactement ce qui se profile avec “Ici ».
Le budget de l’audiovisuel public, désormais financé non plus par la défunte redevance mais par une partie des recettes de la TVA, indiquait également qu’une enveloppe supplémentaire de 200 millions d’euros (sur trois ans) était spécialement affectée au financement des « grands projets de transformation« . Ici entre parfaitement dans cette case…

Un rapprochement qui interroge

Si Delphine Ernotte-Cunci estime que « notre future marque (…) doit devenir l’étendard de l’offre de proximité du service public », la nouvelle a soulevé quelques interrogations au sein des locales, de France Bleu comme de France 3.  Le site The Media Leader note que « les équipes de France 3 (3 100 salariés) et de France Bleu (1 500 salariés), région par région, doivent dès à présent « réfléchir à une ligne éditoriale commune », afin que puisse être défini un « plan stratégique en lien avec la trajectoire financière donnée par le gouvernement»”,  pour reprendre les paroles de deux patronnes.

Et la PDG de Radio France de compléter immédiatement : « On ne touche pas au statut juridique de nos salariés ou de nos entreprises. Ce n’est pas une fusion. » Une petite phrase destinée notamment aux salariés et aux syndicats, qui voyaient se profiler l’ombre d’un grand plan social, conséquence de la mutualisation des moyens.

Au sein des rédactions, il devrait certainement y avoir aussi des restructurations. Mais il est clair que des possibilités de transferts devraient être ouvertes entre les diverses variantes du média global. En ouvrant notamment des ponts vers la partie digitale, celle qui est appelée à gagner en puissance et efficacité.

Reste à savoir comment les télespectateurs, auditeurs et internautes vivront cette mue. L’info, partie essentielle du média, est déjà en pleine évolution, avec des résultats encourageants : 400000 télespectateurs de plus à la mi-journée en septembre 2023 (+40% sur un an) depuis l’apparition de la marque Ici et la fin des éditions nationales. 280000 personnes de plus suivent également le JT de 19 h. Et le web progresse également de 64% sur un an, en partant il est vrai d’un niveau très modeste.

Mais quid des autres programmes ? France 3 fonctionne avec un fond de grille basé sur les divertissements (jeux, montages d’archives, documentaires patrimoniaux, fiction régionale ou européenne), France bleu sur des jeux, des talk show. Comment trouver une ligne commune cohérente, divertissante, enrichissante et surtout attractive pour le public. Ou plutôt les publics, tant la diversité des personnes convoitées (et surtout les plus jeunes) est importante…

Laurent Brunel

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