Etats généraux de l’information : les premières propositions

Quatre mois après leur lancement, les Etats généraux de l'information délivrent les premiers enseignements et propositions. Entre enseignements aux médias, préservation de la liberté des rédactions et recherche des fake news, quelles sont les premières tendances ?

Etats généraux de l’information : les premières propositions

Quatre mois après leur lancement, les Etats généraux de l'information délivrent les premiers enseignements et propositions. Entre enseignements aux médias, préservation de la liberté des rédactions et recherche des fake news, quelles sont les premières tendances ?
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C’était en septembre dernier : le président de la République lançait en grandes pompes les Etats généraux de l’information (EGI) et Christophe Deloire, secrétaire général de RSF mais surtout délégué génral des EGI, dévoilait le programme de ce grand moment dédié aux médias et à l’info.

Au programme figurait notamment de longues consultations citoyennes à travers la France, qui se poursuivent d’ailleurs actuellement. Mais aussi une « contribution citoyenne », à savoir une assemblée d’une centaine de personnes tirées au sort qui ont du plancher durant deux week-ends de janvier et février sur la question : « Comment construire une information qui renforce la démocratie ? »

Le résultat ne s’est pour une fois pas fait attendre puisque ce mardi 6 février, un épais rapport liste les premières propositions de cette assemblée hétéroclite. Un catalogue à la Prévert demandant avant tout à garantir une information de qualité et une meilleure éducations aux médias.

L'assemblée de la "contribution citoyenne". ©EGI

Autant le dire tout cru, il est clair que bon nombre de propositions ne verront jamais le jour, les contributeurs reconnaissant eux-même qu’elles sont difficilement applicables, pour une raison ou une autre. Ainsi, une « taxe sur les revenus issus de la publicité (tous supports) en vue de financer une information de qualité notamment un pass presse » ( page 51), si elle n’est pas si saugrenue que ça, entraînerait « charge supplémentaire pour les entreprises pour une presse qui touche déjà des subventions publiques« .
De même, l’idée de « dédier/recibler un fonds de soutien spécifique aux médias coopératifs, associatifs, et/ou n’appartenant pas à un groupe industriel » (page 56) participerait d’une manière positive « à diversifier les médias disponibles car l’information est un bien commun ». Mais cette proposition « s’ajoute[rait] à un mille-feuille d’aides illisible » et risquerait « que les fonds soient conditionnés au pouvoir politique en place ».

Education aux médias, anti-concentration, identification de l’IA

Concrètement, ce sont les grands débats en lien avec la presse qui animent les propositions : l’appartenance de certains titres à de grands groupes parfois (très) éloignés du monde des médias, la protection des sources, la chasse aux fake news ou encore le problème de l’irruption de l’intelligence artificielle dans les rédactions (et surtout le contrôle qu’elle peut avoir sur le contenu).

Ainsi, l’échantillon de Français propose de « promouvoir un projet de loi réactualisant le statut du ou de la journaliste » qui pourrait « renforcer l’information de qualité » tout en « renouant la confiance entre le citoyen et les journalistes ». Mais il faudrait alors constituer un « conseil de l’ordre » de la profession?…

Le rapport met aussi en avant la possibilité d’ « actualiser et faire appliquer les lois pour mieux prendre en compte tous les canaux de production de l’information, y compris les réseaux sociaux ». Ce qui permettrait enfin d’offrir une « protection des citoyens contre la manipulation de l’information » et « une égalité de traitement entre tous les producteurs de l’information ». Mais cela nécessite la vigilance sur  le respect de la liberté d’expression ou l’absence de poursuites judiciaires abusives (procédures-bâillons).

Ici, entrez votre légende. © Ici, le crédit photo.

Plus de transparence sur le capital des entreprise de presse, sur l’utilisation de l’IA dans les rédactions, plus d’obligation de suivre une initiation et une éducation aux médias dès le plus jeunes âgeet même lors de sa vie professionnelle… Le rapport fait des propositions concrètes, circonstanciées, en jugeant à chaque fois le pour et le contre, et en utilisant un langage simple.

 

Et au niveau local ?

Si l’échantillon de Français dresse avant tout un constat au niveau national (en se projetant parfois à l’international), il n’oublie toutefois pas totalement les médias de proximité, en consacrant une proposition à la presse locale (page 113). Et plus particulièrement en voulant préserver le pluralisme , surtout en matière de prise de parole. La proposition vise à « assurer l’accès à
l’information locale de façon pluraliste et au niveau locale, et à ppréhender les
concentrations et leur impact au niveau local. »
Une incursion dans le colonnes qui risque de mécontenter certaines rédactions, d’autant plus que le rapport propose de « mettre en place dans les journaux locaux une obligation de « pages participatives » ouvertes aux citoyens et garanties par le médiateur ». Ce dernier serait une sorte de vigie assurant une « obligation de pluralité locale du titre ». Une démocratie un peu forcée et qui, de fait, est d’ores et déjà respectée dans la plupart des titres, notamment de PHR…

Alors, demain, que deviendront ces propositions ? Certaines tomberont sans aucun doute dans la poubelle, soit car elles sont inconstitutionnelles, soit car elles sont inapplicables, soit encore par (manque de ?) volonté politique. Mais il serait bien vu que tous les médias lisent bien le rapport et deviennent les porte-parole, les défenseurs des résolutions les plus ambitieuses, notamment au sujet des fake news ou de l’éducation aux médias. Car elles pourraient, une fois appliquées, être de vrais atouts pour la survie et un nouveau développement des médias en France.

Laurent Brunel

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