Vidéo : un passage obligé en locale, mais est-il rentable ?

Soucieux de rajeunir leurs publics, les titres de PHR tentent de séduire en publiant des contenus vidéos sur leur site web ou les réseaux sociaux. Mais valent-ils vraiment le coup... et le coût ?

Vidéo : un passage obligé en locale, mais est-il rentable ?

Soucieux de rajeunir leurs publics, les titres de PHR tentent de séduire en publiant des contenus vidéos sur leur site web ou les réseaux sociaux. Mais valent-ils vraiment le coup... et le coût ?

Moteur, action ! S’ils n’affichent pas les compétences des journalistes reporters d’images, les professionnels de la presse hebdomadaire régionale se familiarisent de plus en plus avec la vidéo. Une marche forcée mais indispensable pour Éric Lepers, directeur général du groupe Nord Littoral. « Ne pas utiliser les réseaux sociaux, ce serait comme se balader avec des vêtements de l’époque de Louis XIV. T’es habillé, mais pas avec les bons codes. » Sur les sites internet des dix hebdomadaires du groupe, la vidéo est omniprésente. En moyenne, 85 % des articles en contiennent une. « Nos marques doivent absolument se transformer, poursuit Éric Lepers. On n’a jamais autant été consommé sur le web et en plus, on est rentable, parce que plus de pages vues signifie plus d’audience. »
Un peu plus d’un an après le lancement de la “Minute info”, une courte vidéo hebdomadaire publiée sur Instagram et Facebook, le directeur général de Nord Littoral ne regrette pas ce choix. « Ce format contribue à l’audience, mais ne génère pas de revenus. C’est de l’investissement, de l’image de marque. Elle crée un appel d’air et valorise l’incarnation à travers de jeunes journalistes passionnés. » Impulsée mi-2022, la stratégie qui vise à faire de c haque titre un média de presse écrite et digitale, semble porter ses fruits. « Nos revenus liés à la publicité digitale ont augmenté de 115 % en 2023 par rapport à 2022, notamment parce que nous avons eu une forte accélération autour du positionnement des vidéos. »

Sur le site ou les réseaux : deux écoles

Et cette transformation ne concerne pas que les grands groupes. Aux Affiches de la Haute-Saône, un hebdomadaire indépendant, l’arrivée d’Hugo Mougin, ancien étudiant de la licence presse de proximité de l’ESJ Lille, a permis d’ouvrir une nouvelle page. « Le site internet a seulement trois ans, rappelle ce dernier. Dès que j’ai signé mon CDI, on a accéléré la production de vidéos. »
Ici, elles sont principalement destinées aux réseaux sociaux. « On n’a aucun intérêt financier direct, assure Hugo Mougin. On veut rajeunir notre public et montrer qu’on fait autre chose qu’écrire. » Le site internet présente tout de même une rubrique vidéo, alimentée une à deux fois par mois. Toutes sont en libre accès. Et la vraie révolution a lieu sur TikTok pour Les Affiches de la Haute-Saône, où les derniers contenus atteignent entre 3 000 et 6 000 vues. Des reportages d’une à deux minutes qui allient interviews et images immersives.
Toutefois, le manque de formation et de temps se fait parfois ressentir. De nombreux médias proposent encore des vidéos tournées horizontalement, publiées sur des réseaux dédiés au format vertical. À cela s’ajoute parfois la directive de tourner une vidéo, coûte que coûte, même si la plus-value laisse à désirer. Sans parler des journalistes pour qui cette facette du métier n’apparaît pas encore comme essentielle. En cause notamment, le devoir de jongler entre le site internet, le print, et les réseaux sociaux. C’est donc une nouvelle tâche qui s’ajoute aux autres demandées aux journalistes, sans évolution des effectifs ou des salaires. « On doit d’abord générer la réussite pour ensuite penser à ce que ces tâches supplémentaires impliquent, comme la rémunération au même niveau que les journalistes de PQR », estime Éric Lepers.

Nord Littoral, la nouvelle dimension

Désormais, les locaux de L’Indicateur des Flandres possèdent un nouveau studio équipé. « Je ne veux pas qu’on produise des contenus très longs, explique Éric Lepers, directeur général du groupe. Je souhaite des contenus travaillés, comme des “face aux lecteurs” par exemple. » Un équipement qui intégrera la rédaction de La Semaine dans le Boulonnais début 2025 et probablement celle du Phare Dunkerquois par la suite.
Pour Mathieu Dervaux, journaliste à L’Indicateur des Flandres, c’est un vrai plus. « L’outil est très intéressant. Le matériel a même permis d’équiper la rédaction au quotidien, comme les micros sans fil qu’on utilise désormais en reportage. Mais la charge de travail est importante donc ce n’est pas le défilé d’invités. » La volonté d’exploiter ce nouveau lieu a ses limites. « Les refus qu’on rencontre en reportage lorsqu’on demande de filmer ont pu freiner quelques idées que nous avions en tête grâce aux studios. »

Nathéo Dillenseger

Diapositive précédente
Diapositive suivante

Contact

Recevez les news de l'info locale

directement par mail