Rémi réveille l’info : “La presse écrite, ce n’est plus uniquement de l’écrit”

Rémi réveille l’info est un programme diffusé du lundi au vendredi sur les réseaux sociaux du Dauphiné Libéré, quotidien du groupe EBRA, depuis le 23 septembre. Le concept : décrypter une actualité forte en 90 secondes. Entretien avec Rémi Milleret, journaliste et social manager du média.

Rémi réveille l’info : “La presse écrite, ce n’est plus uniquement de l’écrit”

Rémi réveille l’info est un programme diffusé du lundi au vendredi sur les réseaux sociaux du Dauphiné Libéré, quotidien du groupe EBRA, depuis le 23 septembre. Le concept : décrypter une actualité forte en 90 secondes. Entretien avec Rémi Milleret, journaliste et social manager du média.

Pourquoi avoir créé ce format vidéo ?

C’est parti d’un constat : les jeunes consultent beaucoup de vidéos sur les réseaux sociaux pour se divertir, mais aussi pour s’informer. Parallèlement on a tout un univers médiatique qui développe des choses similaires, comme Le Monde, France Info, mais aussi Hugo Décrypte, qui a un succès impressionnant auprès des jeunes. Il y a une demande et une réelle attente. Avec Rémi réveille l’info, on a voulu apporter une identité, un contexte, un décor : on prend un café ensemble, et le temps de le boire, je t’explique l’actualité du jour. 

Considérez-vous que Rémi réveille l’info est complémentaire du journal papier et du site internet ? 

Cela dépend de ce qu’on entend par complémentaire. Ça l’est parce qu’on va, d’un autre côté, continuer à éditer, à imprimer un journal papier et à publier des articles écrits. Il y a aussi les vidéos et les podcasts. Ce format complète ce qu’on fait déjà, ce n’est pas en vue d’un remplacement. Là où ce n’est pas complémentaire, c’est qu’on ne vise pas la même cible. Les jeunes, de manière générale, n’ont pas l’habitude de s’informer avec notre journal ou sur notre site internet. Ils sont sur les réseaux sociaux. C’est d’ailleurs sur Tiktok que Rémi réveille l’info marche le mieux.

Comment apprend-t-on à écrire pour la vidéo quand on a été journaliste de presse écrite ? 

En école de journalisme, j’étais dans une section polyvalente et j’ai très vite compris que la presse écrite, ce n’était plus uniquement cela. On se rend toujours sur le terrain avec un téléphone pour filmer ou faire des podcasts. J’ai 34 ans, je fais partie de cette nouvelle génération de journalistes qui est un peu “multicasquettes” et qui utilise l’écrit, le son, la vidéo et la photo pour informer. Rémi réveille l’info, ce sont des phrases courtes pour créer un ensemble dynamique et facilement compréhensible. On commence un article par l’information principale, et là c’est pareil. Il faut que la vidéo soit percutante dès les trois premières secondes, sinon on perd le spectateur.

Veurey (Isère), le 16 septembre 2024. Le journaliste Remi Milleret prépare son émission matinale quotidienne diffusée sur les reseaux sociaux. Photo : Bertrand Riotord / Le Dauphiné Libéré

Avez-vous parfois l’impression de devoir trop vulgariser, de ne pas réussir à tout expliquer en 90 secondes ?

J’ai connu un rédacteur en chef qui répétait souvent “Le journalisme est un métier de frustrations”, et c’est vrai. Sur Rémi réveille l’info, on a pas trop le temps de développer les sujets. Mais il faut vivre avec son temps, et aujourd’hui c’est comme ça qu’on consomme de l’info. Il faut s’adapter. Aller à l’essentiel, ne pas pouvoir tout dire, ça fait partie du métier de journaliste. C’est le meilleur moyen pour que l’info soit transmise et retenue. 

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Vos vidéos sont-elles monétisées ou font-elles l’objet de partenariats commerciaux ?

On n’a pas de partenaires, peut-être que cela viendra dans le futur. Pour l’instant, on veut voir si le format plaît, voir si on arrive à viser une cible qui nous consomme peu et de l’habituer à notre journal. On a fait le choix de multidiffuser : site internet, newsletters quotidiennes, et surtout réseaux sociaux. On a lancé le programme le 23 septembre, je me laisse deux mois pour en tirer les premières conclusions. A un moment donné, c’est sûr qu’on se posera la question de la rentabilité. On le voit comme un investissement à long terme.

Rémi réveille l’info c’est une équipe ou êtes-vous seul ? 

Au Dauphiné Libéré, il y a trois monteurs. Un d’eux va s’occuper de la vidéo du jour en fonction du planning. Le reste, c’est moi. J’échange avec la rédaction en chef pour le choix des sujets. Sinon, je suis plutôt libre et c’est agréable. Je sais quels sujets peuvent avoir un impact sur les réseaux sociaux. 

Comment se construit une vidéo de 90 secondes ? 

Ma ligne éditoriale, c’est d’identifier un sujet d’actualité fort, local et qui intéresse les jeunes. Ça me prend 4 heures pour sélectionner l’info, rédiger, tourner, dérusher et donner les indications au monteur. Puis il faut la valider, parfois faire des corrections, et la mettre en ligne. Pour le montage, on laisse une marge de 2 heures au monteur, c’est parfois moins. On est pas loin d’un temps plein, le travail commence la veille de la publication. Je trouve ça passionnant, le fait d’apporter de l’info dans les téléphones de cette génération. Le challenge est très motivant.

Ce format, vous le diffusez uniquement en vidéo ou aussi sur des plateformes d’écoutes, en podcast ?

Là, je vais vous donner une exclu (rires), mais on réfléchit à la possibilité d’en faire un podcast. Quand on est au volant, le matin, on ne peut pas regarder des vidéos. Mais je me questionne sur des aspects techniques, et sur la durée : est-ce qu’un podcast de 90 secondes marchera autant qu’un podcast un peu plus long ? J’ai même pensé à faire un format du soir en complément du matin, mais là ce sont des questions de moyens humains qui nécessitent d’être réfléchis. Moi, je veux bien !

Propos recueillis par Célia Carola

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