Newsletter, la locale est dans la boîte (à lettres)

Oubliée pendant des années, la newsletter revient en force. Quali, ciblée et très bien acceptée par les lecteurs (qui ont fait l’effort de s’abonner), elle est un atout pour la locale.

Newsletter, la locale est dans la boîte (à lettres)

Oubliée pendant des années, la newsletter revient en force. Quali, ciblée et très bien acceptée par les lecteurs (qui ont fait l’effort de s’abonner), elle est un atout pour la locale.

Depuis le Festival de l’info locale d’Ouest Médialab

En seulement un an, les newsletters d’info locale se multiplient en France et en Europe. Petit tour d’Europe, en Angleterre, Allemagne et France pour découvrir trois produits complètement différents, autant dans le contenu, la manière de travailler que dans la monétisation.

Joshi Herrman/The Mill/Manchester-Grande-Bretagne

« J’ai lancé mon media The Mill en juin 2020, avec le but de faire du journalisme de qualité pour les 3 millions d’habitants de l’agglomération. Il y a des dizaines de milliers de lecteurs potentiels qui ont accès à des médias nationaux de bon niveau, mais qui ne retrouvaient pas l’équivalent en presse locale. On recherche des histoires que l’on ne lit pas ailleurs, qui n’ont jamais été faites, en assurant un grand éclectisme dans nos reportages. « Feel different », c’est notre crédo, que ce soit sur la culture, les faits de société. On essaye de faire le bon mix d’histoires, entre nous trois qui construisons cette newsletter, et de proposer ce produit à un prix accessible. Nous publions une histoire par jour, mais seuls les abonnés payants ont cinq stories par semaine, les gratuits n’en ont que deux. Les lecteurs nous renvoient qu’ils veulent désormais ce genre de journalisme, exigeant, local, original et de qualité. Et il faut ajouter que les newsletters sont faciles à faire, techniquement, et le coût est faible. »

1000 abonnés payants, 14000 gratuits. 8 €/mois. Âge moyen des lecteurs : 50/60 ans.

Marc-Stefan Andres/Rums/Munster-Allemagne

“En Allemagne, comme partout en Europe, la diffusion des journaux a été divisée par deux en 25 ans. Et, sur le web, on trouve beaucoup d’info, avec une incidence : les gens n’ont pas envie de payer pour s’informer. Le seul créneau dans lequel on peut avoir un développement, c’est sur le local. Les gens veulent du journalisme de proximité, mais uniquement s’il est sérieux, performant et relevant. Sur Munster, sur un bassin de 600000  personnes dont 60 000 étudiants, on estime que 30 000 peuvent être intéressés par notre newsletter Rums. Actuellement, le nombre d’abonnés progresse à raison d’une centaine par mois. En ce qui concerne le contenu, on parle de politique, d’économie, d’écologie, de mobilité… Et notre équipe (sept collaborateurs) demande en permanence à nos lecteurs quels sujets ils voudraient voir traiter dans les envois. La newsletter parait les mardis et vendredis, complétée par d’autres articles sur le site, des podcasts, des vidéos… Parmi les projets, une app, l’organisation d’événements digitaux, l’agrandissement de notre rédaction, offrir plus de podcasts, créer des évènements avec le public scolaire ou étudiant. Enfin, nous sommes bien sûr présents sur les réseaux sociaux, pour assurer la promotion de la newsletter. Et, en ce qui concerne la promotion, nous lançons des offres spéciales pour les entreprises, ou des coupons cadeaux pour offrir à ses proches à Noël. »

1900 abonnés. Prix standard : 8 €/mois (réduit 4 € et jusqu’à 25€ pour un contenu maximal) Âge moyen des lecteurs : 35/40 ans.

Nicolas de Ruyffelaere/Gazet/Flandre-France et Belgique

« La newsletter est largement sous-exploitée en région. C’est un canal de proximité, non intrusif, et sur lequel on peut réaliser un vrai projet éditorial. Mon projet, Gazet’, lancé en février, c’est une newsletter gratuite, d’info locale, transfrontalier. Je voulais que ce soit simple pour moi à mettre en place. Ça ne coûte pas cher, mis à part la création du site internet sur lequel les gens s’abonnent. D’autres confrères m’ont conseillé de me focaliser sur l’éditorial, ce qui était en fait déjà mon objectif. Je parle des Ovnis, apparus en Flandre, d’homophobie, du carnaval, des élus cumulards… Des sujets pas forcément traités en locale. Le but : pouvoir interpeller le lecteur à chaque édition, l’informer et le divertir, en adoptant un ton parfois décalé.

Grâce à la plateforme Sending blue, je sais immédiatement quel est le taux d’ouverture, le taux de clic, les abonnements ou désabonnements, les heures d’ouverture… Je ne passe pas mes journées là-dessus, mais je suis aussi très attentif aux retours des lecteurs. Le quali est plutôt dans ces échanges qu’avec ces chiffres, ces derniers sont importants, mais ils ne font pas tout…

Cet été, j’ai fait une enquête auprès des 100 lecteurs les plus fidèles. Ils lisent la newsletter à 60% sur mobile, ils seraient prêts à avoir une version hebdo, ce qui permet d’envisager une monétisation. Leur rubrique préférée est le «scroll », le long format, ce qui me rassure ! Et ils veulent aussi de l’investigation, comme ce que je ferais dans la prochaine édition, monothématique, sur la vidéo-protection dans les trois communautés que je couvre.

Pour l’instant, je ne peux pas monétiser Gazet. Qui serait prêt à payer pour deux courriels par mois ? Je penche plutôt vers le partenariat, la publicité. Et, pourquoi pas, pour la saison 2 de Gazet, lancer une version quotidienne ou publier au moins plusieurs fois par semaine… »

520 abonnés. Tous les 15 jours, gratuit. Âge des lecteurs : de 20 à 80 ans.

Plus d’infos sur Nicolas de Ruyfflaere et Gazet’ dans notre article publié en mai 2021.

La Rédaction

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