L’intelligence artificielle,nouvelle alliée des rédactions (2/2)

Comment gérer au mieux l'arrivée de la rédaction ? En gardant la supervision des humains, sans aucun doute, et en encadrant bien la machine...

L’intelligence artificielle,nouvelle alliée des rédactions (2/2)

Comment gérer au mieux l'arrivée de la rédaction ? En gardant la supervision des humains, sans aucun doute, et en encadrant bien la machine...

Projet Spinoza : le journalisme se modernise

On l’appelle le projet “Spinoza“, du nom de l’initiative lancée conjointement par l’ONG Reporters sans frontières (RSF) et l’Alliance de la presse d’information générale. De quoi s’agit-il ? D’une base de données scientifiques, synthétisées par de l’IA, spécialement destinée aux journalistes. Elle comporte des rapports du GIEC, de l’Ademe ( Agence de la transition écologique) et des documents tirés de la stratégie bas carbone du gouvernement. « On a choisi un champ d’expérimentation qui est celui de l’environnement et du climat pour essayer de construire un prototype à base d’IA générative au service des journalistes », explique Florent Rimbert, responsable du pôle développement numérique à l’Alliance.

Florent Rimbert, responsable du pôle développement numérique à l’Alliance. © Baptiste Hermant.

Les tests ont débuté en novembre 2023. Jusqu’à présent, pas moins de 120 titres de presse ont intégré la base de données, disponible depuis février. Pas moins de 12 000 articles issus d’éditeurs de presse volontaires ont été inclus dans le prototype d’expérimentation. Pour l’utiliser, les journalistes doivent interroger l’outil, qui se charge de leur donner des réponses en citant ses sources. Ce qui permet de synthétiser des informations complexes, tout en conservant une fiabilité totale.

« Il faut se saisir de l’IA  maintenant, pour les hebdos et les quotidiens.» 

Florent Rimbert, responsable du développement numérique à l’Alliance.

Prendre le virage de l’intelligence artificiell

La création de Spinoza intervient après le lancement de Chat GPT, fin 2022. Un succès populaire qui n’a pas échappé aux éditeurs de presse, conscients d’y trouver un moyen de moderniser leurs contenus. « Il faut se saisir de l’IA maintenant pour les hebdos et les quotidiens. On sait que l’abonnement numérique n’est pas très développé. Donc potentiellement, si on veut donner envie de s’abonner, il faut enrichir cette expérience-là », poursuit Florent Rimbert.
Notons que le développement de Spinoza se fait uniquement à partir de questions en lien avec le thème du climat et de l’environnement. Un sujet « pertinent » pour Florent Rimbert. Avec un tas de corpus, de textes de loi réglementaires et de données scientifiques, « un journaliste n’a pas la capacité à traiter des données en trop grand nombre », exprime pour sa part Sébastien Georges, responsable des rédactions du groupe EBRA.

Réelle aide ou menace pour les emplois ?

Au printemps 2024, l’outil Spinoza, créé avec la société Ekimetrics en utilisant le modèle de langage GPT 3.5 d’Open AI, était toujours en phase de développement. Si une version du prototype « améliorée » est envisagée, l’intelligence artificielle suscite bon nombre d’interrogations chez les journalistes. Notamment des inquiétudes sur la question des emplois. L’expansion d’une technologie avec l’émergence de nouveaux outils génère toujours des craintes. Au contraire, pour un grand nombre d’éditeurs, l’IA pourrait se révéler nécessaire dans les rédactions.
Avec Chat GPT puis Spinoza, le journalisme entre dans une nouvelle ère. Celle où l’intelligence artificielle fascine autant qu’elle intrigue. Face au déclin amorcé des journaux papier, l’IA s’intègre dans un lot d’innovations qui redéfinissent le journalisme et la presse locale.

Antoine Ancien

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Les premiers essais en locale

Elle est déjà là, entre le carnet de notes et le secrétaire de rédaction : l’intelligence artificielle. Dans les rédactions nationales, c’est déjà un outil important. Dès 2015, Le Monde s’est distingué en utilisant un robot nommé Syllabs pour rédiger 36 000 articles lors des élections départementales.
Depuis, la presse locale s’est emparée de la technologie. « Nous avons utilisé l’IA pour des sujets qui sont très difficiles à illustrer », affirme Amélie Lecoyer, rédactrice en chef du Messager. En mars 2024, l’hebdomadaire a publié deux Unes générées par l’IA, sur la cohabitation entre Français et Suisses (photo ci-contre), ainsi qu’une autre sur le marché du travail à Genève. « On aurait pu croire que c’était une vraie photo mais ce n’était pas le cas. Nous l’avions signalé sur le côté de la photo », précise Amélie Lecoyer. Le journal produit aussi des suppléments santé. « Ces pages spécifiques  paraissent dans nos journaux deux fois par an avec des photos générées par l’IA. » L’utilisation de cet outil reste toutefois exceptionnelle pour le traitement de photos au sein du Messager. Depuis janvier 2024, l’hebdomadaire effectue également des tests sur des copies de correspondants. « Nous essayons de transformer les papiers linéaires en des papiers décryptages pour créer des articles séquencés. »

La Une du Messager générée par IA.

D’autres groupes de presse comme EBRA l’expérimentent d’une manière différente à l’instar de la rédaction de L’Est Républicain à Lunéville.
L’IA semble s’imposer comme un outil d’accompagnement pour les professionnels de l’information. Mais son utilisation génère  des inquiétudes au sein de la presse locale, notamment quant à la place de l’Homme dans son usage. Amélie Lecoyer tente de rassurer : « On sait très bien que rien ne remplacera un journaliste sur le terrain. On est avant tout des reporters de presse locale. »

 Antoine Ancien et Jade Buisson

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