Une caisse de résonance », « l’occasion de montrer ce qu’on peut faire dans les territoires délaissés ». Difficile de dater la naissance de L’Étincelle, le jeune média participatif du 93, la Seine-Saint-Denis. Pour Ulysse Mathieu, journaliste au sein du collectif La Friche qui encadre le projet, plusieurs constats ont mené à sa création. « Le journaliste Lucas Roxo a mis en place une résidence de journalistes il y a quelques années. La direction régionale des affaires culturelles (Drac) lui a donné trois ans pour commencer à travailler sur un projet de média pour les jeunes. On avait auparavant écrit une série qui s’intéressait aux endroits médiatisés et les conséquences de cette médiatisation, « Médias : les quartiers vous regardent« , publiée par Médiapart. Le premier épisode concernait Clichy-sous-bois. Ça nous semblait naturel de s’y implanter. »
Lucas Roxo a ensuite passé une année à établir le contact avec les différentes structures de la ville, « et notamment les Ateliers Médicis qui nous hébergent », souligne Ulysse Mathieu. Le collectif met en place un atelier pour accompagner la jeunesse dans ses projets, qu’ils soient audio-visuels ou écrits.
Le succès est vite au rendez-vous. « La deuxième année, un groupe commençait à venir régulièrement et à produire des contenus de plus en plus accomplis et intéressants », se réjouit le journaliste de la Friche. En parallèle, deux médias locaux indépendants attirent l’attention des initiateurs du projet : La Chaise Pliante et 2spi. « On s’est dit que ce serait bien d’avoir un espace pour rassembler tous les contenus produits sur le territoire. » L’Étincelle est née. Sa ligne éditoriale : « Parler, depuis Clichy-sous-bois, de tout ce qui intéresse les jeunes et se réapproprier une parole trop souvent confisquée sur des sujets qui nous concernent. »
Former les jeunes et les ouvrir
à de nouveaux horizons
Une grosse dizaine de jeunes de 16 à 24 ans viennent désormais toutes les semaines contribuer au média participatif. « On est encore dans la phase de structuration, dévoile Ulysse Mathieu. On se pose des questions : doit-on fonctionner comme une rédaction, de manière assez hiérarchisée, ou réserver un espace de liberté aux rédacteurs ? Par ailleurs, beaucoup d’objectifs différents se croisent. Doit-on mettre l’accent sur l’audience ou les projets professionnels des jeunes qu’on accompagne ? Tout se mélange un petit peu. On n’a pas une idée claire de ce à quoi ça devrait ressembler, ça se construit petit à petit. » Comme tout bon projet participatif.
Pour l’instant, la volonté de L’Étincelle est d’accompagner les jeunes dans leurs projets personnels, quel que soit le format choisi. Pour ce faire, des sessions de formation et des ateliers d’éducation aux médias sont organisées régulièrement aux Ateliers Médicis. « Il arrive que ce soit des jeunes impliqués dans le projet qui ont des compétences qui forment les autres », souligne le journaliste.
Tahah El Aissi, encore lycéen, s’est intéressé à L’Étincelle sur les conseils d’une de ses professeurs. « Au début, je venais pour découvrir mais j’ai vu qu’on y apprenait pas mal de choses. J’ai appris à aimer les médias, l’audio-visuel, le cadre de travail. » Même si l’élève de terminale ne sait pas encore quel métier il a envie d’exercer, le média participatif l’a aidé à choisir sa voie : « le monde artistique ».