Les médias locaux à la conquête de WhatsApp

Deux milliards. C’est le nombre d’utilisateurs sur WhatsApp, application de messagerie instantanée, créée en 2009. Depuis quelques mois, elle est adoptée par des titres de presse, via le développement des « chaînes », testées notamment par les médias, comme l’hebdomadaire la Gazette Ariégeoise, actu.fr ou encore le quotidien régional Ouest France.

Les médias locaux à la conquête de WhatsApp

Deux milliards. C’est le nombre d’utilisateurs sur WhatsApp, application de messagerie instantanée, créée en 2009. Depuis quelques mois, elle est adoptée par des titres de presse, via le développement des « chaînes », testées notamment par les médias, comme l’hebdomadaire la Gazette Ariégeoise, actu.fr ou encore le quotidien régional Ouest France.
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Des infos locales en continu sur votre smartphone, mais via la messagerie instantanée Wattsapp ? Les médias se sont emparés de cette nouvelle facette de l’application propriété de Meta, qui leur permet de créer leurs propres chaînes, accessibles via la partie « actu ». Des liens-articles permettent aux utilisateurs de suivre les dernières actualités de leur média et de réagir par des émojis.

Des chaînes en « expérimentation »

À ce stade, les médias n’ont aucune donnée concernant le trafic généré sur leur site grâce à l’application, « On est dans une démarche d’expérimentation», rappelle Benoît Canto, éditeur et chef de projet chez actu.fr. Les lecteurs peuvent réagir aux post par le système des émojis, a contrario des réseaux sociaux comme Facebook ou encore Instagram, l’application WhatsApp ne leur permet pas d’interagir avec leur journal en postant des commentaires. 

Fort de ses 28 000 abonnés, pour l’ensemble du groupe, actu.fr ne mise pas tout sur le lien-article, « Le lien-article ce n’est pas ce qu’il y a de plus probant, donc on teste autre chose, des sujets quiz par exemple. On teste également quelques chaînes WhatsApp sur des villes, avec des marques locales, on en a ouvert trois et on regarde ce que ça donne », indique Benoît Canto. 

« WhatsApp est un média qui génère un flux d’informations, on a ouvert notre chaîne en octobre 2023 », relate, quant à lui, Loup Lassinat-Foubert, social media manager au sein du groupe Ouest France, qui a également ouvert le canal du Maine Libre ce vendredi 9 février.

L’avantage de cette application ? Aucun coût financier pour les médias, car elle est gratuite. Seul inconvénient, le temps passé à partager les liens, « Pour l’instant je suis le seul à m’occuper de la chaîne, mais l’idée c’est que tout le monde y participe. C’est sûr que j’y passe du temps, comme quand on met un post sur Facebook en fait, même si l’audience est plus limitée ici », déclare Antoine Cochet, journaliste au sein du petit hebdo pyrénéen la Gazette Ariégeoise, qui dispose également de son canal Wattsapp depuis

WhatsApp, de messagerie instantanée à réseau social ?

« WhatsApp est une application intergénérationnelle, c’est tout l’intérêt de cette application. On verra si potentiellement ça nous permettra de faire grandir des communautés, à qui on pourra proposer des choses », explique Benoît Canto. Seule difficulté, ne pas savoir qui se cache derrière les émojis, « On ne sait pas vraiment qui se cache derrière car il n’y a pas de commentaires. On n’a aucune statistique sur ces réactions, on est vraiment à l’aveugle sur ça aujourd’hui, mais peut être que ça changera », ajoute-t-il.

Chaîne WhatsApp d'actu.fr.

Si les médias s’accordent sur le fait qu’il est nécessaire de s’intéresser à cette nouvelle fonctionnalité que leur offre WhatsApp, leurs avis divergent sur les moyens de faire réagir les lecteurs. Quand chez actu.fr le fait de ne pas pouvoir interagir avec les utilisateurs est frustrant, chez la Gazette Ariégeoise cette fonctionnalité est qualifiée de « reposante ». « C’est reposant pour nous que les gens ne puissent pas commenter, car dans notre département il y a des sujets très clivants et dès qu’on partage une actu on sait que ça va être une avalanche de commentaires et de gens qui se déchirent », explique Antoine Cochet.

Chaîne WhatsApp de la Gazette Ariégeoise.

« L’idée c’est de partager chaque jour un ou deux liens vers des articles qui sont sur notre site internet. C’est un peu particulier chez nous parce qu’on a 70 followers à l’heure actuelle, ce n’est pas beaucoup mais on n’a pas fait de grande communication. Étant une petite rédaction, on voulait voir si on pouvait tenir le rythme. On essaye de sélectionner les articles que l’on poste, ne pas être tout le temps dans le fait divers mais avoir des infos insolites ou culturelles », ajoute Antoine Cochet. Ouest-France, contrairement à ces deux autres confrères, mise sur la vidéo avec une vidéo recap par jour, qui retrace les actualités marquantes du jour.

Chaîne WhatsApp de Ouest France.

Avec près de 13 000 abonnés sur sa chaîne, le groupe Ouest France attire le public en diversifiant ses contenus (vidéos, sondages, lien-article…). Le média se range du côté de son confrère la Gazette Ariégeoise au niveau de l’absence de commentaires, « WhatsApp est une application interactive, sa spécialité est le flux d’informations, je pense que s’il y avait des commentaires ça rendrait la chose confuse », relate Loup Lassinat-Foubert. Comme la Gazette Ariégeoise, actu.fr et Ouest France, de nombreux autres médias (en France ou à l’étranger) ont créé leur chaînes WhatsApp, parmi lesquels Le Télégramme, Nice Matin, Sud Ouest, Var Matin, la Montagne, l’Est Républicain ou encore le média de proximité Neo.

Sarah Lagadec

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