Le SNPAR, d’un président au suivant (1/2) • Jean Ricateau : “ Nous sommes la presse des zones blanches, celle du dernier kilomètre.”

Le congrès 2025 du SNPAR qui s'est tenu les 19 et 20 juin à Périgueux était marqué par la fin de présidence de Jean Ricateau, qui voit Stéphane Janus succéder au poste. Au carrefour entre leurs mandats, les deux directeurs de publications partagent leurs priorités.

Le SNPAR, d’un président au suivant (1/2) • Jean Ricateau : “ Nous sommes la presse des zones blanches, celle du dernier kilomètre.”

Le congrès 2025 du SNPAR qui s'est tenu les 19 et 20 juin à Périgueux était marqué par la fin de présidence de Jean Ricateau, qui voit Stéphane Janus succéder au poste. Au carrefour entre leurs mandats, les deux directeurs de publications partagent leurs priorités.

Jean Ricateau, vous quittez cette année la tête du SNPAR après six ans de présidence. Y a-t-il une mesure phare que vous retenez tout particulièrement de ces années ?

Je dirais sans hésiter les efforts pour sortir la presse agricole de l’anonymat. Nous ne sommes pas un média hyper connu, d’abord parce que nous sommes une presse spécialisée. Mais une espèce hybride entre la presse spécialisée et l’hebdomadaire. Je me suis engagé pour que la presse des territoires que nous sommes soit reconnue par plus de monde dont nos élus, surtout locaux. Ils doivent voir la richesse que nous apportons et se rendre compte que sans soutien, il sera complexe pour nous d’exister. J’ai lancé une campagne de communication de deux ans auprès des pouvoirs publics. Le syndicat est allé à la rencontre des députés pour leur présenter nos médias. Le besoin de reconnaissance est hyper important. Nous sommes bien présents sur le terrain, nous faisons un contenu de qualité mais nous restons anonymes. Parce que nous sommes de petits éditeurs qui s’adressent à une population rurale.

Laissez-vous derrière vous un combat que vous estimez ne pas avoir mené jusqu’au bout ?

Il y a une vraie problématique avec La Poste. C’est un problème récurrent depuis plusieurs années. Nous cherchons une meilleure efficacité du système, il y a trop de soucis sur les livraisons. Nous sommes la presse des zones blanches, celle du dernier kilomètre, visiblement, La Poste s’en fiche. Elle doit se dire que ce n’est pas bien grave, c’est juste la campagne. Mais les élus entrent aussi en compte. Il y a beaucoup d’actions menées dans les quartiers prioritaires, pour les dynamiser sur le social, l’économique, tandis que dans les campagnes, nous n’avons rien. C’est juste fou. On nous oppose l’économie face à l’efficacité. Livrer en campagne est trop cher selon eux, ça ne vaut pas le coût et nous, nous ne pouvons pas suivre une augmentation des tarifs. Pourtant nous sommes un outil démocratique qui dynamise les campagnes. C’est extrêmement frustrant de ne pas se sentir écouté, année après année. C’est un combat que je laisse au nouveau président. C’est le plus gros combat. Les autres comme la baisse du lectorat sont des faits de société, on ne peut pas les résoudre, on doit s’y adapter.

Pour votre dernier congrès en tant que président du syndicat, vous avez accueilli le syndicat à Périgueux, sur les terres de votre titre, Réussir le Périgord. Quelle était l’ambition derrière ce dernier rendez-vous “à la maison” ?

C’était un vrai choix de ma part. Nous avons déjà accueilli le congrès en Dordogne il y a 10 ans mais parce que c’était notre tour. Là, je tenais à finir ici pour faire découvrir notre région. Quand on monte à Paris pour le syndicat, on ramène toujours un bout de notre département. Je voulais montrer à quel point même s’il est très rural, le Périgord est plein de choses merveilleuses. Tout s’est bien passé, les éditeurs étaient présents en nombre malgré la difficulté pour venir.  Être président demande de monter régulièrement à la capitale. Je suis content d’avoir vu autant de responsables parisiens du syndicat descendre de Paris. C’est une belle reconnaissance.

De nombreux éditeurs présents au congrès soulignent l’intérêt de pouvoir y échanger à propos des initiatives lancées par les autres rédactions. Avez-vous vous-même repéré des points intéressants pour vos titres ?

Le congrès a effectivement été l’occasion de discuter de pistes de développement avec les autres éditeurs. Pour ma part, j’ai surtout noté celle de l’évolution des statuts juridiques. Nous testons déjà en Dordogne un modèle coopératif, nous sommes deux au total dans la presse agricole. J’y crois pour passer des épreuves difficiles. Il nous faut un statut juridique plus adapté que la SARL ou la SAS classique. La SCIC est plus flexible. Pourquoi ? Si l’État se désengage de la presse locale, ce statut autorise les collectivités locales à s’y engager. Il ouvre aussi d’autres portes de développement de sources de revenus.

Quelles sont les difficultés auxquelles fait face le syndicat à l’heure de votre départ ?

Le syndicat a des difficultés économiques à travers ses adhérents, de petits éditeurs, et la crise du lectorat. Nous avons aussi, comme tous les autres médias, une baisse des revenus de la publicité et des annonces légales qui sont captées par des grands groupes qui, à terme, laissent les plus petits dans la précarité. Le syndicat les accompagne dans une restructuration, en suggérant des fusions ou en cherchant de nouveaux revenus potentiels.

Pierre Archet, président du SPHR, était invité au congrès du SNPAR. Faut-il y voir une volonté de rapprochement entre vos deux presses ?

Nous avons bien des points communs avec la PHR. La question de La Poste est un combat à mener ensemble, le SPHR a les mêmes soucis que nous, mais aussi quant aux publicités. Le SPHR a Espace PHR, une régie reconnue et efficace. Nous menons des discussions avec eux pour y adhérer. J’ai moi-même abordé le sujet avec Pierre Archet qui semble sur la même longueur d’onde. Nous avons un maillage territorial fort qui peut intéresser la régie pour compléter les trous dans la raquette et dynamiser leur offre. Bon, le seul point à résoudre est que nous ne faisons pas partie de l’Alliance de la presse et ne comptons qu’une dizaine de titres avec l’IPG. C’est le détail qui fait la différence.

Un dernier mot pour Stéphane Janus, le nouveau président du SNPAR ?

Je suis d’abord content d’avoir un successeur prêt à s’engager, et de bon cœur. C’est une fonction chronophage, un investissement non négligeable. Le président du syndicat intervient dans de nombreuses instances parisiennes comme la commission paritaire, la sociale, la postale… À une époque, ce poste était un peu le bâton de maréchal avant la retraite. Aujourd’hui il faut prendre des dossiers à bras-le-corps et se battre pour les intérêts de notre presse. Je ne lui souhaite pas du courage mais une bonne route. je sais qu’il a l’envie de représenter la presse agricole.

Propos recueillis par Maxime Schilt

L’interview de Stéphane Janus est à lire ici à partir du 30/06/25

Contact

Recevez les news de l'info locale

directement par mail