Kolok : quand Ouest-France veut séduire les jeunes

Sujets originaux, approche décalée et formats innovants, Kolok est le média du groupe Ouest-France à destination des 18-25 ans. Il repose sur l’incarnation et une forte proximité avec son audience grâce à une équipe aussi jeune que son public.

Kolok : quand Ouest-France veut séduire les jeunes

Sujets originaux, approche décalée et formats innovants, Kolok est le média du groupe Ouest-France à destination des 18-25 ans. Il repose sur l’incarnation et une forte proximité avec son audience grâce à une équipe aussi jeune que son public.

Un canapé, des caméras, une bande de jeunes journalistes et l’envie de partager leur vision du monde. Bienvenue chez Kolok, la réponse de SIPA Ouest-France à une problématique grandissante du monde de la presse : comment intéresser les nouvelles générations ultra-connectées à l’actualité. « Kolok, c’est le média des jeunes par les jeunes », lance Loup Lassinat-Foubert. Le chef de projet éditorial suit la chaîne YouTube depuis ses prémices, en 2019. « Cette année- là, Ouest-France lance “le projet jeunes” pour trouver un moyen d’atteindre les 18-25 ans. » Après plusieurs années d’étude, d’échange avec des spécialistes et le public ciblé, l’équipe de Kolok est formée et la première vidéo publiée en octobre 2024. Aujourd’hui, le média dépasse les 3 000 abonnés à travers YouTube, TikTok et Instagram pour près d’une centaine de vidéos au total.

Le chef de projet sait dès le début que passer par les réseaux sociaux est la clé pour atteindre les jeunes. « Mais pour transmettre de l’info, il faut bien choisir sa plateforme », remarque-t-il. L’équipe finit par se diriger vers YouTube. « On observe que les temps longs fonctionnent de plus en plus. Il y a une volonté de fouiller dans des sujets plus développés. La réaction va à l’inverse de l’ultra-court habituel des réseaux comme Instagram ou TikTok. » La plateforme sélectionnée offre la possibilité de reportages qui dépassent la dizaine de minute. « YouTube est le vivier du temps long, il est plus adapté pour ce format mais aussi très polyvalent. On peut aussi y faire des lives et des shorts. C’est un support solide et polyforme. » 

« Une vraie bande d’amis »

« L’idée à l’origine était de développer un petit cocon générationnel. Bon, moi à part. Je suis là pour l’imbrication avec Ouest-France, trouver des ressources… J’ai un rôle de cheville », sourit le chef de projet. L’équipe de Kolok regroupe cinq autres membres, tous âgés de moins de 26 ans. Bérangère, François et Jordan, les journalistes, Nathan et Logan, respectivement chargés du montage et du web marketing. « Je voulais une vraie bande d’amis, pas une simple équipe de collègues de travail. Bérangère a étudié avec François qui connaissait Jordan. Il existait déjà des liens, l’entente est réelle », souligne Loup.

Kolok se développe autour de quatre piliers, les deux premiers sont l’incarnation et l’immersion. « Les sujets sont portés par nos journalistes. Ils vont dans le sujet, testent, se mouillent », commente Loup Lassinat-Foubert. Ensuite viennent l’authenticité et l’interaction. « La transparence avec notre public est essentielle. Nous leur montrons qui nous sommes, comment nous fonctionnons, une proximité s’installe puis une confiance. Cette dernière favorise les interactions », insiste-t-il. Le chef de projet se montre plus prudent sur ce segment. «  Interagir avec les abonnés est plus complexe tant que nous n’avons pas atteint une masse critique. Nous faisons des sondages pour le moment, les choses se développeront avec la taille de notre public. »

Une ligne éditoriale singulière

« Beaucoup de nos sujets ne sont pas traités dans les médias généralistes alors qu’ils sont intéressants. De plus, nous adoptons des narrations très différentes de ce qui se fait en général. » Loup reconnaît volontiers que la chaîne se cherche toujours. « On teste beaucoup de thèmes, de formats, mais on souhaite garder cette pluralité pour la suite. Nos sujets peuvent être hyper sérieux comme très légers. » Souvent agrémentée d’un ton décalé, la recette Kolok garde pour ingrédient principal l’incarnation. Chaque vidéo invite le public dans l’intimité de l’équipe. « Le studio est aussi notre rédaction, on tourne volontairement nos caméras vers les bureaux. Ça crée un esprit spécifique à Kolok et on ressent cette différence », assure le chef de projet.

À bientôt six mois depuis les premières vidéos postées, Loup est ravi des scores de la chaîne. « Nous attaquons cette deuxième partie d’année avec beaucoup d’enthousiasme et un objectif, les 10 000 abonnés d’ici août. Il y a encore du chemin à faire mais nous allons y arriver. » Son optimisme est renforcé par la liberté offerte par Ouest-France. « Ils donnent la parole à des jeunes et leur accordent une confiance totale. » Après un court silence, il prend du recul. «  C’est une initiative louable. Je ne parle pas en tant que pilote du projet mais bien parce qu’il me semble évident qu’il est important pour tous les médias de partager l’image de la société telle qu’elle est perçue par les jeunes. »

À la rencontre des professionnels

Loup Lassinat-Foubert a bien conscience que l’orientation professionnelle est un thème clé chez les 18-25 ans. «  Ils s’apprêtent à découvrir le marché du travail, un milieu complexe. Nous cherchons à leur donner à espérer. » Kolok propose des vidéos de présentation de métiers avec un parti-pris pour les filières manuelles. « On met en avant ces métiers pour battre les clichés. On a longtemps entendu qu’ils étaient réservés aux mauvais élèves. C’est faux. » Les professions présentées sont très variées, du chocolatier à la menuiserie. Elles sont abordées à travers un reportage original en immersion . « On a carrément une interview sous-marine avec un pêcheur de coquilles st-jacques », sourit le chef de projet. L’audience peut alors se faire une meilleure idée de la réalité d’un métier. «  Comme ça ils peuvent se dire oui c’est pour moi ou non merci. Avec un peu de chance on éveille des vocations ! »

Maxime Schilt