Cette semaine quittons la métropole pour retrouver un peu de soleil avec Parallèle Sud, un média du 100e département français d’outre-mer, à savoir La Réunion. Située dans l’océan Indien, l’île d’à peine plus de 2500km2, soit deux fois moins que le département du Nord, possède une forte concentration de médias, avec plus d’une trentaine de journaux, radios et chaînes de télévision locales.
Si les plus influents sont Le Quotidien de la Réunion, L’info, Réunion la 1ere, Zinfos 974 et Radio Freedom, que toute la population connaît, certains médias tendent à émerger de la foule, à l’image de Parallèle Sud. Le journal, qui publie exclusivement sur internet, a une publication hebdomadaire, chose surprenante dans le milieu de la presse numérique.
En parallèle
Le nom même du média, comme l’explique Franck Cellier, cofondateur du journal et ancien journaliste d’une longue carrière de vingt ans au Quotidien de la Réunion, est une volonté d’affirmer d’où vient le média et où veut-il aller.
Le mot parallèle fait référence aux grands titres cités plus haut, Parallèle Sud évoluant à côté de ceux-là, « à côté du mainstream » détaille-t-il. Le « Sud » veut tout simplement faire référence aux « gens d’en haut », du nord, les puissants.
L’article le plus vu du média concerne une chirurgienne spécialisée dans l’infirmité du bec de lièvre, qui s’est retrouvée dans l’impossibilité d’exercé à cause de son refus d’être vacciné contre le Covid-19.
« On en arrivait à devoir censurer les articles. »
Parallèle Sud, un trublion à surveiller ? A première vue, le nouveau média publie des sujets décalés et en rejet total des normes habituelles. Quoique, selon les fondateurs du média justement, ce que nous considérons « habituel » est en réalité, selon leurs dires « un manque de rigueur du journalisme« . Une perversion guidée selon eux par la terrible main publicitaire. « On en arrivait à devoir censurer des articles » résume Franck Cellier à propos de reportages en contradiction avec des annonceurs de son ancien journal.
À ces raisons qui l’ont donc poussé à quitter son Le Quotidien, le journaliste rajoute : « je voyais bien que je n’allais pas évoluer ; je voulais développer d’autres formes de journalisme. »
Même processus pour Jéromine Santo Gammaire, cofondatrice du journal numérique, qui ne se sentait pas libre au Quotidien de la Réunion et qui a préféré mettre un terme à son contrat.
Un modèle économique à trouver
Pour ce qui est du financement du média, la question est tout de suite plus crispante. Actuellement, le journal – résultat d’une volonté morale expliquée plus haut – ne souhaite pas recevoir de fonds publicitaire. Le modèle choisi repose à 100% sur la contribution des lecteurs. D’une part avec les abonnements au journal, et d’une autre part avec les campagnes de financement participatif.
Par exemple, le lancement du site internet a été possible grâce à une cagnotte PocPoc (l’équivalent réunionnais de Leetchi).
Et l’objectif a été plus qu’atteint : 12453 euros récoltés sur un objectif initial de 5000. Cela tend à prouver selon les fondateurs qu’il existe à La Réunion une véritable demande pour un média indépendant. Confiante, Jéromine Santo Gammaire explique qu’à terme « on espère un jour vivre de nos lecteurs, pas de l’abonnement, mais par le don ».
Quoiqu’il en soit, le média Saint-Pierrois compte bien s’implanter dans le paysage médiatique réunionnais pourtant déjà bien occupé. De nombreux projets sont à l’étude, notamment dans le domaine de la formation des jeunes aux médias et à l’information dans les établissements scolaires.
Ti ash i koup gro bwa !