Design de presse : À la une, tout se joue en un coup d’œil

Concevoir les unes de journaux est un exercice d’équilibriste. Entre informations de proximité, impératifs commerciaux et maquettes standardisées, les rédactions jonglent chaque semaine pour séduire les lecteurs sans perdre leur identité.

Design de presse : À la une, tout se joue en un coup d’œil

Concevoir les unes de journaux est un exercice d’équilibriste. Entre informations de proximité, impératifs commerciaux et maquettes standardisées, les rédactions jonglent chaque semaine pour séduire les lecteurs sans perdre leur identité.

Article originellement publié le vendredi 13 juin dans PHRases direct.

Fabriquer la première page d’un journal local relève souvent de l’équilibrisme. Une tâche qui, en PHR, appartient souvent aux journalistes. « Le journaliste doit être couteau suisse et la une arrive en bout de chaîne, au moment du bouclage, quand il reste peu d’attention à lui accorder », détaille Fabrice Audouard, responsable du cabinet FA Presse et Conseil, qui accompagne des éditeurs de presse. Pourtant, cette vitrine reste essentielle : c’est elle que l’on regarde en vitesse en passant devant le kiosque ou en cliquant sur un post Facebook. Lydie Colombat, graphiste pour Peuple Libre et l’Hebdo de l’Ardèche le sait bien : « Ce qui fonctionne, lorsqu’il y a du vivant. Un bon titre et une belle photo. Lors des manifestations agricoles, je préfère par exemple une photo d’action à un portrait figé. »

Vers des unes uniformisées ?

Du vivant, un principe simple… mais qui se heurte également à des règles parfois très strictes. Et parmi celles-ci, les contraintes et évolutions techniques. Le groupe Actu chapeaute 95 hebdos régionaux et avait décidé, en 2021, de remettre de l’ordre dans ses unes. Fini les maquettes “maison” et les libertés locales : tout passe désormais par le système éditorial Melody. « Avant, chaque journal avait ses habitudes, ses modules, ses mises en page. Aujourd’hui, les modèles sont figés, la pub et la rédaction sont standardisés », explique Xavier Mai, chef de projet éditorial pour le groupe.
Pour autant, ce n’est pas forcément un modèle figé de une qui fait la différence. « Ce qui marche, c’est les styles, casser l’habitude, être audacieux. Varier les maquettes, intégrer le logo du journal, ajuster selon la présence ou non de publicités », conseille Fabrice Audouard.

Capter l’attention, c’est tout un art

La priorité doit être donnée aux informations locales. « Un fait national en une d’un journal de proximité, ça ne fonctionne pas. Ce qui cartonne en ce moment, ce sont les informations de service : que faire ce week-end, les vide-greniers, la météo, etc. », observe Xavier Mai. Ce qui n’empêche pas certains titres de prendre le contrepied, comme La Manche libre avec son incontournable une de Noël, puisée dans la tradition iconographique.

218 ans d’histoire en cinq unes
Publié chaque jeudi, l’actuel Châtillonnais et l’Auxois a traversé les générations. Le « doyen » de la PHR est présent sur la Côte-d’Or depuis plus de 200 ans. Le journal généraliste, a su évoluer depuis sa première une. Par Charlotte Di Lelio
1807
1807
Le premier numéro paraît le 7 mars 1807, sous le nom de Feuille Hebdomadaire de Châtillon-sur-Seine. Composé de huit pages, il couvre le nord de la Côte-d’Or.
1976
1976
La une du journal a changé de visage sept fois, adoptant des titres différents selon les époques, de Journal de Châtillon à Châtillon-Presse, en passant par Le Châtillonnais et l’Auxois.
1993
1993
Avec l’évolution des techniques d’impression, l’image devient plus importante dans la maquette. Dans les années 1970, l’hebdomadaire adopte un nouveau style : la photographie s’impose en première page.
2008
2008
Imprimé au plomb à ses débuts, le journal modernise ses procédés à la fin du XXe siècle. La couleur apparaît dans les années 1990, d’abord sur quatre pages jusqu’en 2008, avant de s’étendre aux autres pages en 2012.
2014
2014
En 2014, Le Châtillonnais et l’Auxois adopte une nouvelle maquette. Le journal reste fidèle à ses racines, en mettant toujours à l’honneur Châtillon-sur-Seine, la commune où tout a commencé.

Mais plus encore que les sujets de unes, c’est le traitement qui compte. « L’interview et les portraits, à tous les coups, ça fait mouche, à condition d’alterner personnalités locales, décideurs, politiques et découvertes de personnes brillantes dans leur domaine », avance Fabrice Audouard. Et parmi les autres sujets porteurs, ceux qui demandent peut-être le moins de compétences journalistiques, mais qui sont de vrais sujets d’intérêt pour les lecteurs : les calendriers des vide-greniers par exemple.
Reste enfin à composer aussi avec les encarts publicitaires, une nécessité économique pour la presse locale. « Il nous arrive de devoir supprimer des titres pour faire de la place à la publicité. Mais on essaie de la limiter à trois encarts par une », reconnaît Lydie Colombat.
Pour que le lecteur potentiel trouve cette vitrine du journal toujours aussi belle et attractive.

Valentin Jacques

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