Christelle Bartoli : de typographe à graphiste

Après 45 ans au Phare de Ré, l’heure de la retraite a sonné pour Christelle Bartoli. Une figure du titre qui, comme d’autres « petites mains » de la PHR, a accompagné pendant des décennies les mutations du journal.

Christelle Bartoli : de typographe à graphiste

Après 45 ans au Phare de Ré, l’heure de la retraite a sonné pour Christelle Bartoli. Une figure du titre qui, comme d’autres « petites mains » de la PHR, a accompagné pendant des décennies les mutations du journal.

Article initialement publié dans PHRases direct du 13 juin 2025.

En 1980, Christelle Bartoli franchit les portes du journal Le Phare de Ré, l’hebdomadaire emblématique de l’île de Ré. Elle a 15 ans et souhaite travailler dans l’imprimerie. Elle s’en souvient encore : « Ma mère a demandé au patron si, à tout hasard, il souhaitait m’embaucher. Il a dit oui. »
Commence alors pour elle sa formation de typographe : un an de pré-apprentissage, suivi de trois ans d’apprentissage durant lesquels elle alterne cours et pratique. Le métier est, à cette époque, largement masculin. « À l’école, on était trois nanas pour une vingtaine de mecs. » Au journal également, elle a toujours été la seule femme à l’imprimerie.
L’équipe est assez réduite. Trois à l’impression et deux pour écrire (une correspondante et un journaliste, alors propriétaire du journal). « Les journaux comptaient huit à douze pages. Les gens venaient au bureau déposer des petits papiers, des communiqués. C’était bon enfant », raconte Christelle.

Une imprimerie multiusage

Mais l’imprimerie du Phare de Ré ne sert pas qu’au journal. Les particuliers peuvent imprimer enveloppes, cartes de visite ou faire-part, tous composés par Christelle. Pour ces commandes, ligne après ligne, elle appose les caractères en plomb et les recouvre d’encre, qu’elle fabrique parfois elle-même. Quand les commandes sont imprimées, le travail n’est pas fini. La typographe doit défaire toutes ses lignes et ranger les caractères un à un dans les plus de 50 casses qui servent à les trier.
Certaines publicités de l’hebdomadaire sont également composées de cette manière, mais pas le journal. « On utilisait déjà l’informatique, même si ça n’avait rien à voir avec les ordinateurs d’aujourd’hui », précise Christelle.

L'imprimerie de labeur du Phare de Ré.

En 2000, tout change. Avec son nouveau propriétaire, Thierry Verret, le journal se modernise : nouvelle maquette, publicités et photos en couleur, recrutement de journalistes… Bientôt les activités d’imprimerie cessent, et Christelle doit se trouver et apprendre un nouveau métier.
« Moi, je voulais absolument faire de l’informatique, alors je me suis formée seule à la PAO », explique-t-elle. Devenue graphiste autodidacte, elle maîtrise les subtilités de QuarkXPress, Illustrator et puis InDesign. Grâce à ces logiciels, elle monte la publicité d’un journal qui fait aujourd’hui de 44 à 52 pages. « J’ai aimé être typographe comme j’ai aimé l’informatique », conclue-t-elle. Après 45 ans de carrière dans la même entreprise, elle dit désormais au revoir au Phare de Ré et à la PAO. Quid de la relève ? « Il faut bien qu’elle se fasse. »

Bleuenn Simon

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