L’hebdo local « La Savoie » disparaîtra des kiosques en février

Après 80 ans d'existence, l'hebdomadaire régional "La Savoie", propriété du groupe Le Messager (Rossel Médias) vit ses ultimes semaines en version papier (mais continue en version numérique). Les lourdes pertes, la diminution du lectorat et la chute du marché publicitaire auront eu raison du titre.

L’hebdo local « La Savoie » disparaîtra des kiosques en février

Après 80 ans d'existence, l'hebdomadaire régional "La Savoie", propriété du groupe Le Messager (Rossel Médias) vit ses ultimes semaines en version papier (mais continue en version numérique). Les lourdes pertes, la diminution du lectorat et la chute du marché publicitaire auront eu raison du titre.

Nouveau coup dur au sein du groupe d’hebdomadaires régionaux Le Messager (propriété de Rossel) : après avoir dû fermer la Tribune républicaine en novembre 2024, les dirigeants viennent d’annoncer la fin, tout au moins pour l’édition papier, d’un autre titre rhônalpin, La Savoie. La publication avait vu le jour en 1945, à la sortie de la guerre, et avait été racheté il y a tout juste trente ans par la structure qui deviendra plus tard le groupe le Messager.

« Malheureusement, les raisons de la fermeture sont les mêmes que pour La Tribune », déplore Fanny de Larue, la directrice du groupe le Messager. « Le titre perdait de l’argent depuis des années. Les coûts structurels et de distribution étaient eux toujours orientés à la hausse, la masse salariale aussi et, dernièrement, on a subi un énorme baisse des revenus liés à la publicité, notamment sur le dernier trimestre 2024. » Ce qu’elle résume en un « effet ciseaux », qui a abouti sur la fin programmée de l’impression papier, avec le dernier numéro qui sortira le 13 février 2025.
« L’objectif de ces choix douloureux, c’est avant tout de préserver le groupe et les autres titres, le Messager, l’Essor savoyard ou Le Pays gessien. Si on ne faisait pas cela, c’est l’intégralité qui s’effondrait…« 

Une autre issue avait toutefois été envisagée, il y a quelques mois. La Savoie aurait en effet pu fermer en même temps que La Tribune, mais un espoir demeurait : celui d’une possible « transmission » -« avec une telle situation financière, un rachat était impossible« , soupire la directrice- de l’hebdomadaire. Las, l’acteur, déjà présent sur le territoire, s’est finalement retiré, et la décision de l’arrêt s’est donc imposée.

Le courrier envoyé fin janvier aux abonnés de "La Savoie".

Il faut dire que la tendance des ventes était, depuis des années, loin d’être favorable. Si, au début de la décennie, La Savoie vendait quasiment 3000 exemplaires, elle n’affichait plus qu’un score de 2231 copies en 2023-2024, selon les chiffres officiels de l’ACPM. Pire : le dernier exercice, celui de 2024 et pas encore publié, montrait une chute libre, avec environ 12% de baisse des ventes (qui étaient, pour moitié, des abonnements). « Nous étions en dessous du seuil des 2000 exemplaires« , analyse Fanny de Larue. « Il fallait se rendre à l’évidence : le bassin de population historique du titre a évolué, et n’est plus celui d’un lectorat typique de la PHR. »

Les chiffres des ventes des dernières années pour La Savoie, certifiés par l'ACPM. ©ACPM

Alors, La Savoie disparaîtra-t-elle totalement ? Oui et non. Oui, car, dès la mi-février, la version imprimée ne sera plus qu’un souvenir. Et non, car il sera toujours possible de s’informer sur l’actu locale en se connectant à lasavoie.fr. « C’est certes un projet différent, » complète Fanny de Larue, « mais cette partie numérique continue, en évoluant. La région est très vivante, très touristique. Il faut donc s’orienter sur ce lectorat avec un changement dans la zone de couverture, en étant plus orienté sur la totalité du département, et non seulement Albertville et une partie de la Tarentaise, comme à présent. »
Des journalistes continueront donc à suivre l’information locale, en y ajoutant une mutualisation des auteurs avec ceux de l’Essor savoyard. La rédaction web du groupe sera également mobilisée pour faire vivre le site, et des pigistes ou correspondants locaux de presse seront conservés pour traiter des thématiques spécifiques. Un effort éditorial qui ne pourra toutefois pas empêcher le départ de deux personnes, qui s’étaient vu proposer un reclassement au sein du groupe.

Les deux dernières Unes de janvier 2025 de La Savoie.

Cette disparition du titre alpin pourrait malheureusement augurer d’une année très compliquée pour les médias locaux en France. Comme pour la Savoie, la plupart sont confrontés à un affaissement du marché publicitaire pour le print (de nombreux annonceurs, même locaux, préfèrent se tourner vers les médias sociaux ou Google). Et les ventes, principales sources de revenus, continuent d’être orientées à la baisse. Quant au digital, même si quelques titres ou groupes commencent à engranger quelques résultats, il reste soumis à un modèle économique qu’il reste toujours à inventer…

Laurent Brunel

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