Existe-t-il une « grande » presse et une autre, plus ancrée dans la proximité et la locale ? En assistant à la cérémonie de remise des prix Varenne 2024, on peut penser que non. Certes, la différence de moyens est évidente entre les médias qui se permettent d’avoir de grandes rédactions et celle où la petite équipe doit être plus que polyvalente. Mais le traitement des sujets ne doit pas faire rougir les localiers…
La preuve avec “Il y a cinquante ans, Brovès disparaissait”, un article signé Anaïs Grand pour Var Matin, qui a remporté le prix de la jeune journaliste en PQR. Cette série en huit double pages publiéeen juillet et août derniers se lit comme un roman historique. Il y est question d’une village qui a été rayé de la carte pour y installer une base militaire, avec les déchirements que l’on peut imaginer pour les habitants de la bourgade.
A chacun des épisodes, la jeune journaliste est allé à la rencontre des derniers témoins de cette disparition, pour recueillir leur témoignage souvent bouleversant. Les archives du journal ont été également largement utilisées, notamment pour la partie iconographique. Et le récit a de plus été enrichi avec des vidéos ou des encadrés permettant de contextualiser…
Autre jeune journaliste, cette fois-ci lauréate du prix pour la presse hebdo régionale : Marion Lecas réalise avec “A l’aéroport Félix- Eboué, l’ombre du “profilage racial” une vraie enquête publiée dans les pages et sur le site de l’hebdo France Guyane. Elle met le focus sur le dispositif 100% contrôle qui a été mis en place au sein de l’aéroport de Matoury, à quelques kilomètres de Cayenne. Un dispositif qui est largement décrié par de nombreux citoyens qui se disent victimes de discrimination.
Cette enquête permet d’entendre tous les protagonistes de cette opération, pour en mieux comprendre les enjeux, mais sans pour autant épouser les éléments de langage de l’administration qui voudrait faire passer un message.
La pastille qui ne passe pas forcément…
Autre enquête, toujours en PHR, cette fois-ci signée par Marie Vannier pour la Semaine de l’Allier. La lauréate du Grand prix a été la première a révéler les agissements d’une élue municipale : cette dernière a déposé auprès de l’INPI (institut national de la propriété intellectuelle) la forme et l’image de la légendaire pastille mentholée. Une action tout à fait légale mais qui ne peut que questionner sur la privatisation (et donc la rentabilisation) d’une image connues du grand public…
L’enquête, sitôt parue en juillet, a sorti les différents acteurs de la torpeur estivale. Et l’élue, bien qu’ayant été interrogée par la journaliste – ses (malhabiles) réponses sont d’ailleurs dans l’article-, l’élue a décidé d’emprunter la voie judiciaire en basant sa communication sur des droits de réponse… voire des demandes de disqualification de la lauréate auprès du jury du prix Varenne, au mois de novembre ! L’affaire est loin d’être terminée puisque le titre a été assigné devant les tribunaux par elle… Une histoire à découvrir avec l’article originel, “Pastille Vichy, Un patrimoine culturel aujourd’hui privatisé ?”,
Laurent Brunel
Découvrez la totalité des lauréats sur le site de la fondation Varenne.