Sur WhatsApp, les galères s’enchaînent pour les chaînes d’infos locales

Plusieurs médias rencontrent des problèmes depuis le lancement de leur chaîne WhatsApp, propriété de Méta. C’est le cas du journal Le Progrès et de sa chaîne « La pause dej’ de l’info », créée l’été dernier. Tour d’horizon des galères avec Jean-Philippe Vigouroux, chef des informations au sein du titre du groupe Ebra.

Sur WhatsApp, les galères s’enchaînent pour les chaînes d’infos locales

Plusieurs médias rencontrent des problèmes depuis le lancement de leur chaîne WhatsApp, propriété de Méta. C’est le cas du journal Le Progrès et de sa chaîne « La pause dej’ de l’info », créée l’été dernier. Tour d’horizon des galères avec Jean-Philippe Vigouroux, chef des informations au sein du titre du groupe Ebra.

Ils sont de plus en plus à tenter l’expérience pour trouver de nouveaux leviers d’audience. Cet été, Le Progrès a rejoint Ouest France, actu.fr ou l’hebdomadaire la Gazette Ariégeoise sur WhatsApp. Pour certains, l’opération marche bien. Pour d’autres, comme Le Progrès, c’est une véritable galère.

Fonctionnalité peu optimisée, certification non-délivrée, chaîne introuvable dans la barre de recherche et service-client fantôme : au lancement de sa chaîne « La pause dej’ de l’info », le journal ne pensait pas avoir à faire à autant de galères.

L’idée est partie d’un constat : « On a du mal à faire de l’audience entre 12 heures et 14 heures » explique Jean-Philippe Vigouroux. Le journal décide donc de créer « La pause dej’ de l’info ». L’objectif : « Proposer trois sujets d’actualité par jour, mais pas de hard news. » Des conseils sur la parentalité, les lieux de fête à découvrir à Lyon et la vente de la guitare du groupe Oasis ont par exemple été évoqués dans les derniers messages. Le tout rédigé dans un style plus léger, agrémenté du champ lexical de la restauration et d’émojis en tout genre.

Une fonctionnalité peu optimisée

C’est le chef des informations du jour qui rédige le message : « On ne peut pas mettre de ressources supplémentaires sur la chaîne », justifie Jean-Philippe Vigouroux. « C’est nous qui regardons, parmi les sujets que nous avons, ce que l’on peut y mettre. Parfois, on peut en intégrer de la rubrique magazine. Quand ce n’est pas possible, il faut fouiller un peu. »

Vient ensuite la rédaction du message, l’étape la plus rapide avant que les choses ne se compliquent. « En fait, on passe plus de temps à raccourcir les URL et à attendre de pouvoir appuyer sur le bouton, puisqu’on ne peut pas programmer à l’avance l’envoi du message », regrette le journaliste. L’intégration des chaînes d’actualité, « ce n’est pas le truc qui a pris un temps de dingue à Méta, ça a été fait vite fait ».

Pour le journaliste, Méta ne cherche pas à développer la fonctionnalité : « À un moment, on a redouté qu’ils sortent l’actualité du fil des gens sur Facebook. C’est le choix qui a été fait sur WhatsApp. » Les chaînes ne sont pas visibles dans les conversations des utilisateurs, mais dans un onglet à part : « Les gens ne cliquent pas énormément dessus. En plus, les notifications ne sont pas automatiquement activées. C’est à l’utilisateur de le faire. » Jean-Philippe Vigouroux va même plus loin : « On est plusieurs à se demander si Méta ne va pas carrément arrêter les chaînes WhatsApp. »

Allô, Méta ?

En attendant, une autre problématique inquiète davantage certains journaux : la certification délivrée par Méta. Certains, comme Le Progrès et Les Dernières Nouvelles d’Alsace, l’attendent inlassablement. Elle est indispensable pour que l’utilisateur trouve la chaîne depuis la barre de recherche. « Nous avons lancé une version bêta en juin, puis la version définitive dans la foulée », raconte Jean-Philippe Vigouroux. « On a alors demandé la certification, que nous devions avoir en une semaine. » Sauf que le journal ne l’a toujours pas reçu et que Méta ne répond plus.

Le journal fait donc la promotion de la chaîne sur son site web, via un URL, seul moyen pour les internautes d’y accéder. « Le marketing édito va faire un mailing. On a aussi un pop-in sur le site pour inviter les gens à nous suivre. Résultat, on a 230 abonnés. C’est très peu, on ne peut pas s’en contenter. On est catastrophé. »

Selon le journaliste, ces inconvénients pourraient amener les médias à abandonner WhatsApp : « Par exemple, il y a un journal qui postait beaucoup avant. Dernièrement, il se contente de faire un message sur l’agenda sportif » argumente Jean-Philippe Vigouroux. De son côté, Le Progrès ne prévoit pas de développer d’autres formats sur sa chaîne : « Tout ça nous a un peu calmés. On va voir si on dit  Stop ou encore  ».

Ségolène Roger

Contact

Recevez les news de l'info locale

directement par mail