Comment utiliser les réseaux sociaux pour informer localement ? Dans le monde de la presse, à l’échelle nationale, de nombreux médias tentent de prendre le pli des réseaux sociaux pour toucher un public plus jeune, plus averti au monde numérique. Qu’ilks soient utilisés comme principale source d’audience ou simple outil de diffusion, dans la presse hebdomadaire régionale aussi, on tente de s’adapter aux outils numériques au travers des réseaux sociaux. Pour certains médias, il s’agit même d’une solution de substitution contre la baisse des ventes papier.
« Une vitrine de ce que l’on produit »
Responsable réseaux sociaux chez Publihedos, Jean-Baptiste Morel, ancien rédacteur en chef de 76 actu, sillonne les routes de l’Ouest pour se rendre dans les journaux du groupe et les conseiller dans leur utilisation des réseaux sociaux. Son objectif : donner les outils nécessaires aux rédactions pour améliorer leur audience et travailler leur image.
« Les réseaux sociaux sont un nouveau canal d’entrée vers nos articles. Je rapproche cela aux affichettes chez les marchands de journaux. C’est une vitrine de ce que l’on produit.
Jean-Baptiste Morel, responsable réseaux sociaux Publihebdos
Au travers de posts, complétés de liens renvoyant vers les articles, les réseaux sociaux apportent une plus-value aux audiences web via la visibilité générée par Facebook, Instagram ou encore Twitter, entre autres.
« Instagram ? Un investissement à long terme »
« Une vitrine » qui permet d’atteindre un public large, divers et varié. Si Facebook a une audience très diverse, Instagram peut, quant à lui, permettre d’atteindre les plus jeunes. Jean-Baptiste Morel ne s’y trompe pas. « Si on est pas sur Instagram, on existe pas pour les jeunes », avoue-t-il.
Cependant, même si les réseaux sociaux semblent primordiaux, le temps consacré (pour proposer un contenu de qualité de manière fréquente) y est long et la rentabilité, peu palpable. « En terme de temps passé, on ne s’y retrouve pas, ajoute l’ancien rédacteur en chef de 76 actu. Pour avoir un compte Instagram bien fourni, il faut y passer trois à quatre heures par semaine. Et encore, Instagram apporte peu de clic, Facebook est plus engageant pour cela. »
Néanmoins, si Instagram n’est pas rentable sur le court terme, sur le long terme, c’est bien différent. « Être sur Instagram donne une bonne image d’un journal ou d’un média. On montre que l’on existe auprès des plus jeunes, ce qui peut nous servir pour l’avenir », ajoute Jean-Baptiste Morel.
Ce constat, Fabien Tassel, le partage. Le directeur du magazine bi-mensuel Rouen le Mag note qu’Instagram « est rentable pour la crédibilité, moins pour les audiences ». L’idée de vitrine du contenu, à travers les réseaux sociaux, est ici encore partagée chez ce magazine actif quotidiennement sur Instagram.
Quels formats marchent le mieux sur Instagram ?
Stories réels ou directs, les contenus sont multiples, les possibilités variées. Une pluralité d’options qui laisse un choix éditorial important à chaque média. Prisés des plus jeunes, les réels Instagram, inspirés du format TikTok, prennent de plus en plus de place dans les médias.
« Il y a beaucoup de mutations algorythmiques. […] Ça demande un vrai numéro d’équilibriste. »
Jean-Baptiste Morel, respondable réseaux sociaux de Publihebdos
La minute de l’Info du groupe Nord Littoral n’est qu’un exemple parmi d’autres. Ce type de format permet une revue de presse hebdomadaire rapide et concise, mais aussi de mettre des visages sur une équipe rédactionnelle. Selon Jean-Baptiste Morel, « ça donne l’image d’une rédaction jeune, de terrain, qui couvre son territoire et ses évènements ».
Pour ce dernier, les formats qui marchent le mieux ne sont pas voués à rester les mêmes. « Il y a beaucoup de mutations algorythmiques. Les réels sont mis en avant sur Instagram, mais ça avance tellement vite… Je plaide toujours pour une utilisation qui doit être journalistique. Ça demande un vrai travail d’équilibriste ».
Selon Fabien Tassel, les algorithmes ne sont pas très bien organisés pour la presse locale. « Ils sont mal faits. Notre contenu n’est pas bien partagé localement, on peut avoir des gens aux quatre coins de la France qui tombent sur nos réels alors qu’ils n’ont aucun lien avec Rouen. »
Cependant, malgré ce constat, ce dernier affirme « que faire des vues contribue grandement à la crédibilité d’un média sur Instagram ». C’est pourquoi Rouen Le Mag est très actif sur Instagram.
Entre multiples formats et choix éditoriaux importants, l’utilisation d’Instagram est primordiale pour de plus en plus de médias et de rédactions. Malgré son lot de mystères, Instagram est de plus en plus utilisé localement. Un pari stratégique que de nombreuses rédactions de presse de proximité tentent de saisir et d’adapter à leur audience.