Les médias « classiques » de proximité se sont mis depuis déjà des années à la vidéo, mais parfois de manière un peu empirique. La République des Pyrénées, quotidien basé à Pau (64) et couvrant le Béarn et la Soule, a décidé d’aller plus loin, en ouvrant une web TV. Certes, on est loin d’un canal classique, tel que les canaux hertziens, mais, pour ce titre local, il s’agit d’un pari sur l’image qui s’accompagne par un investissement, autant financier qu’humain. Nicolas Rebière, rédacteur en chef du titre du groupe Ouest France, décrypte cette nouvelle chaîne des Pyrénées…
D’où vient l’idée de créer laRepdesPyrénées.tv ?
Nicolas Rebière : Nous avions une offre vidéo assez conséquente, puisque nous éditions jusqu’alors 50 à 70 vidéos par mois, essentiellement des reportages. On constatait l’intérêt des lecteurs/internautes, et on sait qu’aujourd’hui, ce sont les vidéos qui constituent le gros du trafic sur les sites et le web. Alors, on a voulu aller plus loin, mieux organiser notre offre, en profitant également de notre force sur les réseaux sociaux : bien que notre territoire ne compte que 370000 habitants, nous avons 144000 amis Facebook ! Un canal idéal pour ces vidéos ! Mais au-delà, avec cette web tv, on veut s’adresser à tous.
Concrètement, que peut-on voir sur cette web tv ?
Évidement, on n’a pas les mêmes moyens que TF1 ou BFM ! Mais on a voulu mettre en place des rendez-vous réguliers, avec une émission chaque jour. Le lundi, c’est Face à la Rep, avec un acteur local qui s’exprime en interview sur un fait d’actualité. Le mardi, Vous avez la parole, qui décline en vidéo le micro-trottoir qu’on trouvait dans le journal. Et on reste là encore sur un sujet d’actualité. Le mercredi, Une minute pour comprendre, un décryptage d’une question comme « comment se passe le rappel des produits alimentaires ». Le jeudi, On se dit les choses, le mag des sports de la Rep façon « café des sports ». Enfin le vendredi, Le débat d’actu, avec plusieurs intervenants autour d’un thème comme « Les jeunes électeurs et le front républicain ».
Nous avons été épaulés par un conseiller technique, un spécialiste de la télé et des réseaux sociaux, pour monter cette grille. Et ces vidéos sont disponibles sur le site, dans le corner « web tv » et sur les réseaux sociaux.
D’autres programmes viendront-ils s’ajouter à ces rendez-vous ?
Oui, on propose par exemple en ce moment un documentaire sur les 30 ans de la première victoire de Gilbert Duclos-Lasalle sur le Paris-Roubaix. Un sportif 100% béarnais qui continue d’être une figure, ici, une région dans laquelle le vélo est important certes lors du Tour de France mais aussi tout au long de l’année. Ce documentaire a nécessité un vrai investissement de la part de la rédaction, mais aussi sur le plan financier, et nous avons eu le soutien de la la ville de Pau et du Conseil départemental. C’est vraiment quelque chose que l’on espère refaire, d’un point de vue éditorial, d’autant plus que les premiers retours sont plutôt bons.
Mais pas de direct pour l’instant ? Pourquoi ne pas avoir u n programme sur Twich, par exemple ?
C’est plus compliqué. On a essayé lors de la soirée électorale, et on va continuer pour le deuxième tour de la Présidentielle, avec quelques petits décrochages en direct, pour des résultats locaux ou nationaux. Pour les législatives, on pourra faire des débats, en mettant a profit notre studio.
Monter une web TV, ça veut dire renforcer aussi les moyens humains ?
Les photographes de notre rédaction ont été formés pour réaliser des vidéos. Les journalistes ont également suivi un module de MoJo (Mobile journalisme, pour tourner et monter notamment avec son smartphone, NDLR). Et nous avons également recruté deux jeunes au sein de notre desk numérique pour être plus performants sur ce pôle vidéo qui s’est créé autour de Bruno Robau, son responsable.
Et en matière d’équipement, quel a été l’investissement ?
La principale dépense, c’est la création de notre petit studio dans lequel nous tournons par exemple les débats. Il nous a coûté aux alentours de 25000 € avec le matériel. Un équipement que la régie publicitaire va tenter de louer lorsque nous n’en avons pas besoin.
Et quelles sont les retombées attendues, économiquement parlant ?
En fait, un changement dans le mode de diffusion des vidéos a aussi été moteur dans la création de notre web TV. Auparavant, les vidéos étaient uploadées sur YouTube. Mais, depuis que le groupe a rejoint Digiteka (une plateforme vidéo créée par la PQR et sa régie pub 366), on a vu un net changement. Concrètement, on est passé de 70 € par mois de reversement publicitaire à plus de 3000 €. Ça fait déjà une grosse différence… On espère que la web TV augmentera nettement le nombre de vues, donc également cette monétisation. Nous espérons ensuite des dividendes de la part des réseaux sociaux. Nos vidéos, qui seront de plus en plus prévues pour ces supports notamment avec un sous-titrage systématique, sont déjà consultées à plus de 50% sur Facebook et autres.
Cette volonté de faire une web tv a-t-elle été appuyée par le groupe Sud Ouest, propriétaire de la République des Pyrénées ?
Le groupe vient de racheter TVPI dans le Pays basque, et possèdait déjà TV7 à Bordeaux, deux vrais télés locales. Et le DG de Sud Ouest, Patrick Venries, vient d’annoncer que la Charente Libre allait également lancer sa web TV. On est donc dans une vraie tendance au sein de notre groupe.