Clair, transparent, limpide… C’est ainsi que l’on pourrait traduire Splann, du breton au français. La nouvelle association de journalistes fondée du côté de Guingamp a choisi ce nom pour son nouveau site d’enquêtes locales. Leur volonté : produire des formats longs sur la Bretagne en donnant le temps et les moyens aux journalistes d’aller au bout de leurs investigations, sur le modèle de leur parrain Disclose.
L’idée a été lancée l’été dernier par Inès Léraud, connue pour ses enquêtes sur les algues vertes et l’agroalimentaire en Bretagne. La journaliste avait envie de créer un Disclose régional et a mis en relation des journalistes du coin. « C’était un véritable manque dans l’offre journalistique, on voulait apporter une plus-value. La Bretagne regorge de sujets sur des enjeux de société cruciaux sur lesquels règnent parfois des zones d’ombre. Les citoyens veulent être informés correctement et réclament des analyses », explique Sylvain Ernault, co-fondateur de Splann.
🔴 Splann ! est officiellement lancée.
— Splann ! Lanceur d'enquêtes (@Splannenquetes) February 15, 2021
La première association dédiée au développement du journalisme d'enquête en #Bretagne a besoin de vous !
Rendez-vous sur https://t.co/BJmvTMgXFc. 👊 pic.twitter.com/jdB5nGvsjm
Pour se lancer, les journalistes ont décidé de se baser sur le modèle d’une association à but non lucratif. L’objectif : être indépendant de tout annonceur publicitaire. « On ne veut pas que les publicités soient un frein pour nos enquêtes. Parce que bien souvent en Bretagne, les annonceurs ont un lien avec le secteur agro-alimentaire », souligne Sylvain Ernault. Sur le même modèle économique que Disclose, les enquêtes seront donc financées par le don. Une levée de fonds a été lancée il y a plusieurs mois, permettant à Splann de récolter 75 000 € : « Plus de 1 000 personnes y ont participé, ont se sent vraiment soutenus », se réjouit le cofondateur de Splann.
L’association regroupe 5 journalistes dans son comité éditorial et fera également appel à des pigistes pour certaines enquêtes. Sur le terrain, les journalistes de Splann travailleront en binômes : « On avait envie d’associer des métiers différents pour rendre nos enquêtes encore plus riches. Il y aura donc des journalistes spécialistes dans l’analyse de données, d’autres dans la vidéo ou le son qui travailleront ensemble », détaille Sylvain Ernault.
Le groupe se concentrera en priorité sur des enquêtes en rapport avec l’environnement. « Nous pensons que les enjeux environnementaux sont la priorité politique de notre temps. Mais nous n’hésiterons pas à traiter des sujets en rapport avec les libertés publiques, les droits humains ou encore la cybersécurité, un domaine dans lequel la Bretagne est à la pointe. »
L’originalité de Splann se retrouve aussi dans son offre linguistique : les enquêtes seront disponibles en français mais aussi en breton. « On avait la volonté de défendre la diversité culturelle et linguistique de la région. Il n’existe pas une grande offre pour les locuteurs bretons, on voulait leur permettre de choisir la langue de leur choix », affirme le journaliste membre du comité éditorial. Sur les réseaux sociaux aussi, Splann s’emploie à communiquer à la fois en français et dans le dialecte régional.
N'hall ket 'bout roet gant un den pe ur gevredigezh hepken ouzhpenn 10 % eus tout arc'hant Splann !. Sed aze 'pezh 'zo skrivet en hon reolennoù diabarzh. Kement-mañ 'vit ma vefe miret hon frankiz. 🔒https://t.co/XkA92Iqv7W pic.twitter.com/Fubl58E74p
— Splann ! Lanceur d'enquêtes (@Splannenquetes) May 26, 2021
En ligne depuis deux semaines, les deux premiers volets de l’enquête « Bretagne : bol d’air à l’ammoniac » sont à lire sur splann.org, mais aussi sur Mediapart et France 3 Bretagne. Dans cette première série d’enquêtes, l’ONG journalistique veut rendre compte du danger que représente l’ammoniac dans la région. En effet, de par sa grande concentration d’élevages intensifs, la Bretagne est la première région émettrice de ce gaz en France. Une pollution source de problème de santé public, encore trop méconnue et qui cause pourtant des dizaines de milliers de morts prématurées en France.
🟠En Bretagne, industriels et collectivités roulent plein gaz pour l’ammoniac
— Splann ! Lanceur d'enquêtes (@Splannenquetes) June 16, 2021
➡️De gros pollueurs à l’ammoniac ont touché d’importantes quantité d’argent public.
Retrouvez l'enquête "Bretagne, bol d'air à l'ammoniac" sur https://t.co/BJmvTLZmgC @Mediapart @france3Bretagne pic.twitter.com/5wLx4FeG3b
L’enquête a été réalisée par la journaliste Caroline Trouillet, accompagnée par le comité éditorial de Splann ainsi que Pierre Corbin pour les cartes interactives et Tudual Karluer pour les traductions en breton.