Deux ans et puis s’en va… Pierre Louette, le PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, a rendu ce mardi 11 octobre à la Maison de l’Amérique Latine (Paris) sa casquette de président de l’Alliance de la Presse d’Information générale, le syndicat professionnel qui rassemble les titres de la presse quotidienne nationale, régionale et départementale, ainsi que les hebdomadaires régionaux. Aucune surprise : cette fin de mandat était prévue depuis longtemps. Car, comme le veut la tradition, après un président venu de la PQN, c’est un autre issu de la PQR qui prend le relais, en l’occurrence Philippe Carli, le PDG du groupe Ebra (qui rassemble les hebdos de la façade est du pays).
Le mandat de Pierre Louette a été particulièrement chargé, dans un climat incertain pour la presse française, entre la sortie de la crise sanitaire liée au Covid et le début de la suivante, en relation cette fois-ci avec la guerre en Ukraine. Mais, parmi les chantiers les plus remarquables qui ont pu être bouclés durant cette deux ans figurent celui concernant les droits voisins. Avec la signature fin 2021 d’accords, menés pour quasiment tous les titres, avec Meta (pour Facebook). Et, en ce début d’automne, la finalisation d’une négociation particulièrement ardue avec Google, qui permettra enfin aux titres d’être rétribués lorsque leurs articles sont diffusés via l’incontournable moteur de recherche.
Deux avancées importantes, qui bénéficient notamment aux plus petits titres de la presse française, puisque ces accords prévoient que la rémunération de la part des Gafam ne soit pas totalement proportionnelle à la diffusion du média. En tout cas, grâce à ces avancées, la France fait partie des nations pionnières pour les négociations avec les géants du net et la reconnaissance d’une vraie propriété intellectuelle au lieu d’un pillage en règle des médias traditionnels.
Prix du papier et autres dossiers
Pour Philippe Carli, les deux années à venir ne seront pas des plus simples, notamment du fait d’un dossier brûlant : l’augmentation du prix du papier. Il aura donc la charge de négocier avec les pouvoirs publics une aide pour que les journaux affrontent cet obstacle majeur dans leur comptabilité. D’aucuns estiment d’ailleurs qu’une solution pourrait être trouvée rapidement en redirigeant près de 60 millions qui avaient été alloués aux crédit d’impôt attribués aux nouveaux abonnés. Le projet a en effet été un flop (1 million dépensés sur les 60 inscrits au budget !), et la somme pourrait donc donner un sérieux coup de pouce aux journaux traditionnels plombés par le prix de l’impression.
Autre chantier, là aussi capital : le poursuite de la transition de la presse écrite vers le web. Si certains titres (Le Monde principalement) ont d’ores et déjà réussi ce grand bon en avant, l’exercice est beaucoup plus complexe pour les autres, notamment la PQR et surtout la PHR, pour laquelle les bassins de diffusions classiques des titres sont aux antipodes de la diffusion mondiale (ou au moins nationale) permettant une rentabilité sur le net. A l’Alliance, donc, de continuer à épauler les éditeurs pour avancer dans cette révolution.