Comment communiquer directement avec ses lecteurs/abonnés, en leur proposant un contenu qualifié pour lequel ils sont souscrit (en payant ou non) ? En utilisant la newsletter, sur laquelle nous avions déjà consacré un premier article. Un média à part entière ou complémentaire, qui peut être monétisé (par de la publicité ou via l’abonnement), et qui est déjà utilisé par quelques rares titres de la presse locale (comme l’hebdomadaire de Saint-Lô la Manche Libre, par exemple, ou encore Ouest France ou les DNA).
La Revue des médias de l’INA avait, il ya déjà deux ans et demi, consacré un long article à ce type de média, soulignant la simplicité de ce support et les vrais répercussions chez les lecteurs, qui s’abonnent de manière volontaire, et qui continuent donc à ouvrir ces courriers… tant que le contenu est qualitatif.
La newsletter a tellement le vent en poupe qu’un premier événement lui a été consacré les 2 et 3 février 2023 à Paris, coorganisé par Créatis et Ground Control. Ce premier « festival de l’infolettre » parlait autant de la création de nouveaux médias grâce à ce support, que de l’éditorialisation de la lettre ou des opportunités que cela ouvrait pour les médias existants.
La féminité récompensée
Qui dit festival dit prix, et deux newsletters ont particulièrement été mises à l’honneur lors de ce rendez-vous.
En premier lieu, #Règle30, qui se voit décerner le prix de la meilleure newsletter de média. Cette infolettre est éditée par Numerama, autoproclamé « média de référence sur la société numérique ».
Cette newsletter éditorialisée et publiée chaque mercredi est signée par la journaliste Lucie Ronfaut et propose de revisiter l’actualité de la tech « de manière féministe et inclusive ». Avec un ton léger (ce qui n’empêche pas d’être sérieux), la journaliste parle de « biais algorithmiques, mèmes, sextech, (prétendue) neutralité des plateformes, cyberharcèlement, pop culture, menstrutech…«
On est là certes très loin de la presse locale, mais pourquoi ne pas partir de cette déclinaison pour partir à la conquête d’un public plus jeune, en parlant de l’actualité du terroir, des personnes du cru d’une manière « féministe ». Une déclinaison qui pourra faire bondir quelques éditeurs, mais qui pourrait bien séduire de nombreux jeunes journalistes (qui trouveraient là un support plus approprié que le print ou le web « classique ») et qui permettrait de donner à la marque une vitrine, attractive pour un public qui ne lit pas forcément le quotidien ou l’hebdo local, faute de se trouver dans ses lignes.
Comme vous pouvez le deviner à mon expression de biche prise dans les phares d'une voiture, je ne m'attendais pas du tout à recevoir le prix de la meilleure newsletter de média du festival de l'infolettre !? Merci évidemment à @Numerama, et mes stars @TurcanMarie et @LesageNelly. pic.twitter.com/0Lq47dVbun
— Lucie Ronfaut (@LucieRonfaut) February 3, 2023
L’info pour les… badass !
Second prix, celui de la meilleure newsletter éditoriale décernée cette fois-ci par le public à Voxe parmi près de 70 candidats. Voxe est une newsletter quotidienne qui, là aussi, s’adresse principalement aux femmes en leur proposant, du lundi au vendredi, une courte liste d’articles liés à l’actualité, de Chat GPT aux protestations en Iran, en passant par les exosquelettes !
Une newsletter pour permettre aux jeunes femmes « de gagner en confiance en elles, selon la charte affichée sur le site, en leurs opinions et leurs choix afin d’être à même d’intervenir ou créer davantage de conversations autour de leur vie professionnelle, civique ou financière. Nous prônons un débat sain, ouvert, transparent et éclairé.«
Avec humour, mais sans mettre de côté la véracité des infos, l’infolettre dit s’adresse, avec une pointe d’ironie, aux badass (les femmes dures à cuire, forte et courageuses). Indépendante et gratuite, elle se finance « via les publicités de la section I like it de la Quotidienne, les abonnements au Voxe Club et les formations de la Voxe Academy (Masterclass et Boostcamps). » Elle touche environ 46000 personnes chaque matin.