Former nos équipes au monde de demain… « pour trois fois rien ». C’est la promesse, pas si humoristique que ça, qu’a tenue Ismène Vidal, éditrice au sein du groupe Sogemedia, en juin lors de l’atelier social du congrès dédié aux nouveaux outils à disposition de la Presse Hebdomadaire Régionale (PHR). Pour trois fois rien, grâce, notamment, au concours des écoles de journalisme : la promesse de répondre aux nouveaux besoins par des solutions adaptées, modernes et abordables semble bien réelle.
Numérique, parité et datajournalisme
« Vous vous souvenez du congrès d’il y a trois ans, lorsque nous avions parlé de cybersécurité, d’égalité homme / femme et de transition écologique ? », interroge Ismène Vidal, en référence au dernier congrès de la PHR, à Dijon en 2019. Dans l’assemblée, quelques congressistes hochent la tête. « Car nous n’en avions pas parlé, ces sujets n’étaient pas aussi importants qu’aujourd’hui. » Après trois ans d’interruption forcée, en raison du Covid-19, le nouveau Congrès d’Aix-les-Bains a du s’attaquer à ces nouveaux chantiers, rendus incontournables par des évolutions nombreuses et profondes. Pour relever ces nouveaux défis, la PHR propose de solliciter les écoles de journalisme.
Grâce à ces dernières, des modules de formation continue pourront dès l’automne être dispensées directement auprès des rédactions, au plus proche des journalistes. L’IJBA, école bordelaise, apporte ainsi une formation sur la parité et la diversité ainsi que sur le datajournalisme, le CFPJ Paris s’attaque aux réseaux sociaux et à la diffusion numérique, l’ESJ LIlle à la découverte du Mojo (journalisme mobile) et du podcast… Une nouvelle manière innovante, pour la PHR, de soutenir, en partenariat avec l’Afdas (opérateur de compétences des secteurs de la culture, des médias…), ses entreprises, en répondant aux nouveaux besoins.
L’alterance, un modèle qui fait l’unanimité
Directement concerné, le directeur de la filière PHR à l’École supérieure de journalisme (ESJ) de Lille, Laurent Brunel, a aussi pu faire le bilan sur le nouveau format de sa formation, avec l’apparition de l’alternance. Un choix majeur, qui a semblé conquérir les éditeurs, de plus en plus nombreux à solliciter des alternants issus de cette formation.
Frédéric Petronio, rédacteur en chef des hebdomadaires du groupe Nord Littoral, a recruté trois alternants de la filière Presse de proximité de l’ESJ Lille cette année. Conquis, il souhaite renouveler l’expérience à partir de septembre. « Je suis très enthousiaste, les étudiants sortent de l’école plus mûrs et opérationnels, on voit davantage de talents éclore qu’auparavant », estime-t-il. Le rédacteur en chef ne manque pas d’éloges pour évoquer ce nouveau format : « Nous sommes associés tout au long de l’année à la formation de notre futur confrère et leur fraîcheur, leur façon de voir les choses nous offrent une remise en question perpétuelle. »
Après leur première venue, les rédacteurs en chefs se plaignaient déjà de voir les alternants repartir à l’école.
Frédéric Petronio, rédacteur en chef des hebdomadaires
du groupe Nord Littoral
Conscient, toutefois, des difficultés organisationnels et de « capacité économique des étudiants », parfois contraints à louer deux logements, Frederic Petronio ne constate sinon aucun inconvénient pour les rédactions de PHR. « Au départ, j’entendais certains rédacteurs réticents se demander comment ils allaient s’occuper des alternants, qu’ils ne sauraient rien faire », se souvient-il. « Après leur première venue, ils se plaignaient déjà de les voir repartir à l’école. » Convaincus de le pertinence du recrutement d’alternants, les titres indépendants et groupes de presse concernés cette année ont quasiment tous décidés de prolonger l’aventure l’année prochaine. En une année seulement, l’initiative de l’ESJ Lille, menée en collaboration avec le SPHR et l’Afdas, a déjà fait l’unanimité. Pour répondre aux enjeux du futur, la meilleure solution reste encore de faire appel aux journalistes de demain…