Le pari « print en premium » de la Semaine de Metz

Comment réussir sa transition vers le numérique ? Voilà la question à laquelle tous les éditeurs de presse locale réfléchissent. A Metz, la Semaine a opté pour une mesure radicale en transformant son hebdo papier en produit premium au sein d"un média global.

Le pari « print en premium » de la Semaine de Metz

Comment réussir sa transition vers le numérique ? Voilà la question à laquelle tous les éditeurs de presse locale réfléchissent. A Metz, la Semaine a opté pour une mesure radicale en transformant son hebdo papier en produit premium au sein d"un média global.

Dans quelques semaines, au début du mois de mars, la Semaine de Metz fêtera ses 20 ans d’existence. Si l’hebdo est récent, il a décidé voilà peu de s’offrir une nouvelle jeunesse, en adoptant un changement radical sur le fond et la forme.
« Il s’agit d’une révolution copernicienne« , assure d’ailleurs Stéphane Getto, qui dirige l’hebdo lorrain depuis 2018. « Jusqu’à présent, l’hebdo papier était au centre de tout. Désormais, il est un des éléments d’un média global, et en particulier numérique.« 

Le « Projet La Semaine 2025 » opte en effet pour un redimensionnement, au propre comme au figuré, de l’hebdo, qui abandonne son format tabloïd pour ressembler à un magazine. Et le site internet a été complètement revu, pour gagner en simplicité et en lisibilité. « Nous voulons avoir une vraie force de frappe sur le web, pour obtenir l’habilitation pour les annonces judiciaires et légales (AJL), pour séduire les annonceurs, pour lancer une diversification événementielle… » Et pour gagner un lectorat plus conséquent, il en va de soi.
Stéphane Getto parle même d’une transformation dans la définition de la marque : « Demain, nous serons un média numérique qui, par ailleurs, fait un hebdo. » Un choix radical rendu possible, il faut le noter, par le positionnement du titre, volontiers tourné vers les décideurs et le monde économique. Ce qui le rend forcément moins dépendant des ventes en kiosque.

La Une de la Semaine de Metz, avant la nouvelle formule (à gauche) et après (le format est plus petit en réalité depuis 2025).

L’hebdo passe donc de pierre angulaire à produit premium destiné aux abonnés. L’objet a d’ailleurs été soigné, avec son format magazine et sa mise en page épurée, parfois un peu déconcertante car la maquette opte pour une certaine verticalité. « Le résultat est plutôt orienté vers le news magazine que vers la PQR. On prend le parti également de ne pas accorder trop d’importance à la une, la vente au numéro n’étant pas notre priorité. Ce sont les abonnés qu’il faut séduire avec un tel objet.« 
Exit également l’actu chaude : les conseils municipaux se liront directement sur le web, tandis que le print fera la part belle à la réflexion sur le fond, à l’analyse.

Du côté du site, là aussi, c’est une révolution, avec un design largement pensé pour le smartphone. « Aujourd’hui, 80% des lecteurs se font sur cet appareil« , justifie Stéphane Getto. L’adaptation a donc été réalisée pour l’ordinateur « et notre directeur artistique a fait le reste…« 

Même le rythme de l’équipe dirigée par Aurélia Salinas, la rédactrice en chef, a été transformé. La réunion de rédaction hebdomadaire est devenue quotidienne. « Une réunion durant laquelle on fait le point sur l’audience du site, sur son contenu, et le chemin de fer de l’hebdo naît au fil de l’eau.« 

La page d'accueil du site web, à l'allure extrèmement sobre.

Reste à savoir si cette transformation radicale sera du goût du public. Il est évidement trop tôt pour le dire, après une expérience de seulement quelques semaines. « Il est clair que nous avons désarçonné certains lecteurs !« , admet Stéphane Getto. « D’autres, par contre, ont trouvé cette nouvelle formule très pertinente. D’autant plus que nous en avons profité pour proposer plus de pages communes entre nos deux éditions. Et le chemin de fer, autrefois géographique, suit dorénavant une logique thématique.« 

Les deux dernières unes de la Semaine, en janvier 2025.

Les abonnements, eux, sont pour l’instant quasiment stable, avec le départ seulement d’une dizaine de fidèles. Mais le directeur de l’hebdo compte bien retourner la tendance quand sera lancée la campagne d’abonnements numériques, d’ici quelques semaines, « lorsque tout sera 100% parfait » !
Et même si le public auquel s’adresse la Semaine est plutôt haut de gamme, il est des rendez-vous dont il ne vaut mieux pas le priver : si l’abandon de l’horoscope n’a engendré aucune réaction, celui des jeux a immédiatement généré une levée de boucliers. « On a remis la page tout de suite« , admet Stéphane Getto. On a beau faire la plus grande des révolutions, il ne faut pas oublier les petits détails qui font le sel de la vie…

Propos recueillis par Laurent Brunel

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