Le sondage* a de quoi inquiéter mais il reflète malheureusement la réalité d’une tendance lourde. La communication territoriale a la cote pendant que la presse écrite régionale perd du terrain. D’après le récent baromètre Epiceum & Harris Interactive, les magazines édités périodiquement par les mairies sont l’un des moyens d’information privilégiés par les habitants, juste derrière… le bouche-à-oreille. La presse hebdomadaire régionale se retrouve loin derrière les sources officielles.
Chloé Français, adjointe en communication dans une petite commune haut-savoyarde de 6000 habitants, se rend compte de l’ampleur que prend le bulletin municipal qu’elle édite chaque trimestre. « Je pense que le magazine a le mérite d’attirer les jeunes qui n’ont pas forcément le temps de lire la presse chaque semaine, tout en intéressant les générations plus anciennes qui gardent l’habitude de lire tout ce qui leur passe sous la main », analyse l’élue.
Pas de concurrence avec la presse
Pour autant, Chloé Français ne se sent pas en concurrence avec ses homologues journalistes du Messager ou du Dauphiné Libéré. « Sortir une information sur ma commune avant les journaux locaux ne m’intéresse pas. Ce qui m’importe, c’est que l’actu soit lue, peu importe le canal. Il m’arrive même de donner certaines pistes aux journalistes alors que je suis en train d’éditer le bulletin municipal », avoue l’adjointe qui s’inspire très largement des codes de la presse pour le magazine. « Depuis deux numéros, notre bulletin a une toute nouvelle identité visuelle, largement tirée des journaux traditionnels. On écrit des titres plus aguicheurs, on mise beaucoup sur la photographie. C’est plus épuré, les gens nous disent que la lecture est facilitée », poursuit-elle.
« Même si je délivre une information factuelle, j’ai toujours un message politique à faire passer.»
Chloé Français, adjointe à la communication dans une commune de Haute-Savoie.
Sur le plan du contenu, l’élue avoue conserver ses habitudes de communication. « Même si je délivre une information factuelle, j’ai toujours un message politique à faire passer pour ma municipalité. Je me lisse beaucoup pour éviter la polémique ou ne pas soulever de questions qui fâchent, là où les journalistes se posent beaucoup moins la question », conclut Chloé Français.
Une information forcément plus édulcorée et moins controversée qui séduit de plus en plus à l’échelle locale, aux dépens des médias traditionnels qui perdent en popularité. À la presse classique désormais de trouver la parade pour affirmer la fracture claire entre la communication et le journalisme.