Il y a une dizaine d’années, Johanne Vinay, lectrice de presse féminine, constate la première que la plupart de l’offre médiatique pour ce public se concentre sur la vie des femmes parisiennes. Pourquoi ne pas proposer un magazine de proximité, plus adapté à la vie des femmes du sud ? Avec l’aide de Laurent Leclerc comme directeur de publication, Grizette voit le jour en décembre 2012, initialement comme trimestriel gratuit axé sur la culture et la mode, et disponible chez les commerçants ou dans les lieux culturels de Montpellier.
Du papier au numérique
En 2015, l’équipe décide de distribuer son magazine en kiosque : il devient alors payant, mais ne touche plus seulement la ville de Montpellier. Désormais, la région entière peut se le procurer. Il est même disponible dans les gares et les aéroports, à l’échelle nationale.
Virage numérique oblige, en 2016, Grizette devient 100% numérique et gratuit. Et il agrandi peu à peu sa zone de diffusion en gagnant une bonne partie du sud. Aujourd’hui, la petite équipe de six personnes est répartie dans les villes de Montpellier, Marseille et Toulouse, afin de retranscrire au mieux la vie des lectrices occitanes : “C’est notre vision, chez Grizette : le local avant tout”, rappelle Johanne Vinay.
Le pari relevé du web et des réseaux sociaux
Parvenir à faire prospérer un média sur le web est un défi, notamment avec la multiplication des blogs d’influenceurs et autres sites dédiés au lifestyle, qui d’apparence peuvent ressembler à Grizette.
“C’est sûr que le virage numérique modifie certains aspects du média. D’abord, nous avons dû diminuer l’équipe. Et dans un second temps, il a fallu recentrer la ligne éditoriale sur certaines thématiques”, explique la directrice de rédaction.
Le but : gagner en visibilité et proposer une offre unique. Alliant informations, bons plans sur Toulouse, Montpellier et Marseille via un “city guide”, rencontres avec des personnages féministes ou des talents locaux, du tourisme et articles de société, le modèle semble fonctionner. Avec une présence de longue date sur les réseaux sociaux et une communauté déjà active, Grizette a réussi avec brio sa transition sur le web.
“Grizette a toujours été un transmédia, précise Johanne Vinay. Le format print permet certes d’asseoir une marque, c’est ce que nous avons fait toutes ces années. Mais le numérique nous fait gagner en visibilité, car dépasse les frontières et coûte moins cher à produire.” L’autre avantage considérable d’un passage au format web, c’est la durée de vie -infinie- d’une publication.
Un modèle économique reposant sur la publicité
Ce qui permet au média de vivre comme une offre gratuite, c’est d’abord la présence d’un bandeau sur le site web, qui met en avant diverses publicités. La Région intervient aussi ponctuellement comme annonceur publicitaire. Des sponsors d’une rubrique ou d’un article choisi en particulier permettent aussi au média de vivre et fonctionner. “Occasionnellement, les publi rédactionnels permettent aussi d’obtenir une marge. Car chez Grizette, nous continuons de défendre l’éthique journalistique : on ne cache aucune publicité derrière des articles.”, ajoute Johanne Vinay. Enfin, dernier avantage de ce format numérique : il permet d’avoir un retour statistique en instantané sur la vie du média.
Avec près de 70 000 visites uniques par mois, l’équipe a désormais pour projet de conquérir Bordeaux…
Et pourquoi « Grizette » ?
Les grisettes sont à l’origine des femmes indépendantes financièrement du 19e siècle, grâce aux travaux de couture qu’elles effectuent. Et pour les connaisseurs, il s’agit aussi de petits bonbons montpelliérains !