Distribution de la presse : une nouvelle consultation débutera en avril

Face à la chute constante des ventes du print depuis des décennies, l'Etat lance une grande consultation sur la distribution des journaux, en se basant sur un rapport de l'Inspection générale des finances et l'Inspection générale des affaires culturelles qui, justement, oublie tout un pan de la presse loacle !

Distribution de la presse : une nouvelle consultation débutera en avril

Face à la chute constante des ventes du print depuis des décennies, l'Etat lance une grande consultation sur la distribution des journaux, en se basant sur un rapport de l'Inspection générale des finances et l'Inspection générale des affaires culturelles qui, justement, oublie tout un pan de la presse loacle !

L’Etat va-t-il remettre à plat les aides à la diffusion de la presse écrite ? Cela semble dans les tuyaux, puisque, à partir du 22 avril 2024, une consultation devrait être lancée avec « l’ensemble des acteurs de la filière presse. »

« La distribution de la presse imprimée a connu d’importants bouleversements depuis 25 ans« , explique le ministère, « avec le tournant numérique de la diffusion de l’information, entraînant une chute de 80% des ventes au numéro en moyenne, qui se traduit par la contraction des chiffres d’affaires et de l’emploi des entreprises concernées, des restructurations, le rétrécissement de l’offre en points de vente, alors même que la bascule du lectorat vers le numérique demeure très inégalement engagée. Les ventes au numéro devraient poursuivre leur baisse dans les prochaines années avec un risque possible de poursuite de destruction de valeur. »

Un constat dont tous les éditeurs de presse sont largement conscients, et cette nouvelle consultation sera donc présidée par Sébastien Soriano, ingénieur général des Mines et ancien Président de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse. Un haut fonctionnaire qui, par son précédent mandat, devrait être assez au fit du problème.

Un rapport sur la presse qui oublie… 250 journaux !

Et cette commission ne partira pas de zéro : elle pourra s’inspirer de ‘la distribution de la presse imprimée », un rapport de 52 pages rendu en novembre 2023 et signé par cinq inspecteurs des finances et deux inspectrices générales des affaires culturelles.
Le document retrace largement la descente aux enfers de la presse d’information générale depuis les trente dernières années, avec la spectaculaire chute des ventes (-79% pour la PQR entre 2000 et 2023, par exemple). Et il revient également sur les aides actuelles qui existent et qui ne correspondent plus forcément au modèle économique actuel de la presse en France.

Alors, ce rapport explique dans son résumé qui « existe quatre grandes familles de presse imprimée : la presse quotidienne nationale (PQN), la presse quotidienne régionale (PQR), la presse magazine et la presse gratuite. » Quatre ? La phrase fera sûrement bondi les éditeurs des quelques 250 titres de PHR (presse hebdomadaire régionale) qui ont purement et simplement oubliés par les sept hauts-fonctionnaires.
On se dit qu’un tel oubli dans le résumé est certainement une erreur, et on parcours donc les 52 pages du document à la recherche des hebdos de proximité. Mais non, rien. Aucune mention. Les sept signataires auraient-ils d’ores et déjà enterré la PHR ou sont-ils tous complètement ignorants  de l’existence de plus de ces journaux en France (plus la presse agricole) ?
L’erreur pourrait faire sourire si elle ne touchait pas un sujet relatif à la survie de ces médias de proximité à travers le territoire. Les hebdos, de par leur périodicité mais aussi leurs bassins de diffusion, ont des contraintes qui ne sont pas les mêmes que celles de la PQR.
La diffusion par portage, par exemple, est particulièrement compliquée à mettre en place, à moins de se reposer sur les réseaux de la PQR. Et la continuité de la diffusion par la Poste pour les abonnés isolés reste souvent indispensable. Et on ne parle pas des réseaux de diffusion, qui sont primordiaux puisque la PHR, à la différence de la PQR, continue de vendre majoritairement dans les points de vente, comme l’attestait l’ACPM (Association des chiffres pour la presse et les médias) il y a quelques semaines…
Comment la commission va-t-elle statuer en se basant sur un rapport qui oublie une famille de presse qui, certes, ne représente pas la majorité du tirage annuel, mais qui existe et se bat pour survivre ?… La question doit est posée.

©ACPM

Des ateliers mis en place et quatre angles d’action à l’étude pour la PQN

Quoi qu’il en soit, la commission lancera ses travaux le 22 avril prochain, normalement jusqu’à la mi-juin. L’Alliance de la Presse d’information générale explique d’ailleurs que des ateliers sur la vente au numéro seront programmés dans les tout prochains jours.
Et la commission travaillera notamment sur quatre pistes mises en lumière dans le rapport. Quatre scénarios plus précisément destinés à la PQN (Presse quotidienne nationale) et sa diffusion au numéro et l’accompagnement par la puissance publique. Même si, comme le dit le ministère, « l’ensemble des familles de presse est concerné » (et la PHR est également cité par la rue de Valmy…)

Laurent Brunel

Les 4 pistes de réflexion

• Le premier scénario consiste en un retrait progressif de la subvention de 9 M€ allouée à France Messagerie en maintenant l’aide aux éditeurs de 18 M€, par lequel l’État pourrait accompagner l’évolution du modèle économique de la PQN.
• Le deuxième scénario consiste en une reconnaissance par le législateur d’une mission d’intérêt général dans la distribution de la presse quotidienne IPG en points de vente, dans un objectif de préservation du système de distribution de la presse quotidienne.
• Le troisième scénario consiste à déployer une optimisation ambitieuse des conditions de fonctionnement et de financement de la messagerie de la PQN IPG, en s’appuyant sur la double action de la péréquation et de l’aide à la distribution et sur la remontée de la subvention de 9 M€ touchée par France Messagerie dans les comptes d’exploitation des éditeurs de PQN IPG.
• Le quatrième scénario propose une réforme structurelle de la chaîne logistique et notamment un rapprochement entre la PQN et la PQR auquel un contrat de filière, reposant sur une conditionnalité de l’aide à la distribution, pourrait inciter.

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