S‘affranchir de la dictature de l’instant », c’est la devise qui guide l’équipe de Court Circuit. Ce mook trimestriel s’impose depuis bientôt un an comme un petit ovni de la presse locale. Là où les hebdomadaires et les quotidiens sont en compétition pour être les premiers sur l’info ou appâter le plus de lecteurs possible, la revue lorraine ne se presse pas. « Ce rythme trimestriel, la longueur des reportages et le temps qu’on y consacre provoque une lecture plus attentive. Les lecteurs ont tendance à prendre le temps de savourer la revue », se réjouit Sylvain Villaume, le fondateur.
Journaliste de profession, il est tombé amoureux de la ville de Metz après y avoir vécu plus d’une vingtaine d’années. Il a décidé de lui dédier un mook périodique qui ambitionne de raconter les belles histoires messines. « Cette idée me trottait dans la tête depuis dix ans. J’ai été très inspiré par tous ces mooks comme la revue XXI. Ce sont de beaux objets qui proposent des articles de fond et qui se passent de publicité. J’ai nourri l’envie de décliner ce modèle-ci au niveau local », détaille Sylvain Villaume.
Pas de pub
Infographie, illustrations ou photographies, la beauté du livre ne laisse personne indifférent. « Certains nous disent avoir l’impression de feuilleter une œuvre d’art », s’amuse le fondateur. « La plupart de nos illustrateurs sortent de l’École supérieure d’art de Lorraine. Quant à nos photographes, ils ont une approche très artistique sans mettre de côté l’informatif. Concernant les textes, tous les rédacteurs ne sont pas forcément journalistes. On a des écrivains qui offrent une perspective très littéraire à certaines histoires. » Avec sa revue, Sylvain Villaume aspire à fabriquer un concentré de journalisme littéraire et narratif. Un style qui se fait de plus en plus rare dans les pages des titres traditionnels. « En publiant à chaque saison, on se donne le temps d’aller au bout des choses. On s’applique à rendre l’information visuelle et esthétique sans délaisser le journalisme. »
Au milieu des centaines de pages de récits, de portraits et de belles histoires, impossible de trouver une seule publicité. « En tant que journaliste, je sais ce que la presse doit à la publicité, en bien comme en mal… Mais je vais essayer de me tenir à ce modèle sans pub. D’abord pour des raisons esthétiques, mais aussi pour garder une indépendance totale et absolue », se félicite Sylvain Villaume.
« Certains nous disent avoir l’impression de feuilleter une œuvre d’art. »
Sylvain Villaume, fondateur de Court circuit
Aujourd’hui, selon les numéros, Court Circuit oscille entre 600 et 900 ventes. Un chiffre que Sylvain Villaume espère doubler d’ici deux ans. Les libraires messins rendent compte d’une revue qui attire toutes les générations. Mais les acheteurs de ce mook local sont déjà pour la plupart de grands lecteurs, habitués de l’odeur des livres et des librairies. « C’est sur ce point-là que nous avons un coup à jouer. On peut toucher des gens qui n’aiment pas forcément lire et qui pourraient être séduits par l’objet dans sa forme », analyse le fondateur.
Après avoir abordé les thématiques de l’alimentation, de la solidarité et du sport, Court Circuit a choisi de se concentrer sur la jeunesse pour son 4e tome, en kiosque dans quelques jours, début février 2022. « Et je peux déjà vous annoncer que le tome 5 portera sur la musique », confie Sylvain Villaume. Un thème qu’il juge simple à aborder puisque ce milieu artistique est déjà familier avec le mook messin. Les musiciens rencontrés sont sans aucun doute reconnaissants d’être mis en avant par une telle revue.