Le créole réunionnais, comment passer à côté ? C’est un peu la philosophie de Réunion La Première, antenne locale du groupe France Télévisions dans le département d’outre-mer le plus peuplé.
« Le créole est l’une des langues maternelles à La Réunion, le lecteur s’y retrouve et s’identifie plus facilement. L’utilisation d’expressions courantes en créole donne de la vie aux articles car c’est une langue très vivante et imagée« , témoigne la journaliste Laura Philippon, qui travaille pour ce média. « Publier en créole, c’est faire de la proximité.«
Le créole réunionnais est présent sur les canaux de diffusion (radio, télé, web) de façon aléatoire, ou quand les interlocuteurs l’utilisent : « Dans l’actu, des phrases en créole sont courantes pour les citations de gens dans les articles. Et dans les programmes, on a des modules web, comme FonnKèr, qui sont tout en créole« , souligne Laura Philippon.
Créole, shimaoré et kibushi bien vivaces à l’oral
La journaliste pense que le créole régional se renforce, « car les Réunionnais sont fiers de leur langue ! » Des formules sont connues de tous. Ainsi, quand le volcan de l’île, le Piton de la Fournaise, entre en éruption, les médias titrent souvent « Volcan la pété » même quand le reste de l’article est en français.
A quelques centaines de kilomètres au nord-ouest, à Mayotte, la tendance est similaire. Les dialectes du territoire, le kibushi et surtout le shimaoré, sont largement parlés par une bonne partie de la population. « Pour l’oral, Mayotte La Première est à la pointe du plurilinguisme régional. Comme un vaste pan de la population mahoraise est allophone, le journal en shimaoré est très prisé, et les appels des lecteurs sont souvent en langue locale aussi« , raconte Yohann Deleu, journaliste au Journal de Mayotte.
« La TV-radio publique Mayotte La Première a une diffusion en shimaoré, chaque journal est présenté en deux langues pour être accessible au plus grand nombre« , explique également le journaliste, qui a aussi pigé pour le Quotidien de La Réunion.
Une transmission écrite plus difficile
Laura Philippon, à La Réunion, avait déjà signalé que « publier en créole est souvent compliqué à l’écrit car il n’y a pas de graphie établie« . Yohann Deleu constate le même phénomène à Mayotte : « Comme ces langues sont seulement en train d’être couchées à l’écrit officiellement, et que ça ne fait pas vraiment l’unanimité, c’est compliqué d’avoir la même chose en presse écrite/web.«
Dans le média web où il travaille, au Journal de Mayotte, on avait tenté en vain de publier des contenus en shimaoré : « Nous écrivons exclusivement en français, il y a eu des tentatives par le passé d’écrire en shimaroré , mais comme la langue varie d’un village à l’autre, c’était difficile de faire consensus sur la forme écrite.«
Malgré ces difficultés de coucher ces langues sur le papier, les dialectes locaux de Mayotte et de La Réunion trouvent un grand succès à l’oral. Contrairement à la métropole, le français n’a pas le monopole de l’écrit et de l’oral dans les médias.