Le podcast se développe dans la presse locale

PHR, PQR, PQD... Les rédactions de presse écrite locale prennent d’assaut le podcast, un format audio pour surprendre les lecteurs et diversifier l’audience.

Le podcast se développe dans la presse locale

PHR, PQR, PQD... Les rédactions de presse écrite locale prennent d’assaut le podcast, un format audio pour surprendre les lecteurs et diversifier l’audience.

Un micro. C’est tout ce qu’Audrey Rorbach a eu besoin d’acheter pour lancer ses rédactions dans la production de podcasts. Rédactrice en chef de L’Indicateur des Flandres et du Journal des Flandres, elle a créé, avec son équipe, la série “Histoires de Carna” au début de l’année. Six épisodes consacrés au carnaval de Bailleul, et cinq autres réalisés avec ceux qui font perdurer cette tradition à Bergues et aux alentours.

« On voulait faire vivre le carnaval malgré son annulation, souligne-t-elle. À Bailleul, les habitants sont très fiers de cette tradition. » La série, qui a commencé en janvier, a comblé un vide qui n’avait pas été ressenti depuis les guerres mondiales. Le vide d’un hiver sans cortège, sans tambours, sans confettis…

« Nous avons préféré le podcast à la vidéo car il permet l’imagination, poursuit la journaliste. Chacun de nos lecteurs a un rapport particulier au carnaval. Et les voix accompagnées de sons d’ambiance font remonter des souvenirs propres. La vidéo, elle, n’aurait rien apporté de plus : tout le monde a déjà vu des images de carnaval. » La série a été bien reçue par les lecteurs flandriens. Un succès illustré par les retours positifs sur les réseaux sociaux, et confirmé par les audiences.

« Le premier soir, on a clairement vu un pic. Et ce qui est marrant, c’est que la semaine suivante, pour le deuxième épisode, on a retrouvé un pic d’audience sur le premier. » La série permet de ramener les auditeurs en cours de route. Lancés, les journalistes ne s’arrêteront pas là. Bientôt, de nouvelles séries seront créées et il y aura une saison 2 d’Histoires de Carna l’hiver prochain. Cette fois-ci, sur le carnaval de Cassel.

De Youtube à la rédaction de l’Indépendant

À l’autre bout de la France, Yohann Lemore est responsable du pôle audio de L’Indépendant, titre de presse quotidienne des Pyrénées-Orientales. Un virage à 180° pour un homme qui ne se destinait pas au journalisme. En 2019, L’Indépendant lance un appel à candidature pour développer une section consacrée au journalisme audio avec le lancement des podcasts.

Yohann Lemore est devenu responsable de la section audio de L'Indépendant. © Thomas Deleglise

À l’époque, Yohann Lemore s’occupe des relations clients et des abonnements du journal. Et, pendant son temps libre, il alimente son compte Youtube avec des podcasts sur les jeux vidéo. Il est alors recruté dans une équipe d’une dizaine de journalistes pour mettre en place ce projet. Mais il ne laisse pas son poste au service abonnements.

C’est en janvier 2021 qu’il quitte ses fonctions pour se concentrer à 100 % sur les podcasts. « C’est allé très vite. Je me suis exfiltré en quelques mois. » Aujourd’hui, à raison de deux publications par jour, L’Indépendant a environ… 900 podcasts à son compteur.

Sports, culture locale, quizz et même sexualité, tous les sujets sont bons. « Il n’y a pas de recette miracle pour faire un bon podcast. On teste. Nous avons au total 31 séries mais seulement sept ou huit sont alimentées régulièrement. Les autres n’ont pas marché ou sont des émissions éphémères comme celles sur les municipales ou le confinement. »

Son objectif au sein de la rédaction : développer le journalisme audio. En plus des nombreux podcasts, une web radio va naître à L’Indépendant dans les prochains mois. Une manière de propulser davantage leurs productions.

Affaires sonores : histoire d’un fait divers

La Voix du Nord s’est aussi lancée dans les podcasts grâce à Élodie Rabé. Avec “Affaires sonores”, elle raconte notamment dans une série de six épisodes l’affaire d’Outreau. Un fait-divers qui avait bouleversé la France dans les années 1990. Et un traitement en droite ligne avec une utilisation raisonnée et quasi historique des grandes histoires qui ont passionné les Français.

Ce que la télévision exploite depuis déjà longtemps avec, par exemple, “Faites entrer l’accusé”. Et ici, comme à Perpignan ou dans les Flandres, on voit bien que la multiplication des canaux utilisés pour délivrer l’information devient indispensable pour une presse locale qui est en train de changer de visage. Après avoir pris de la voix.

Alan Sénicourt

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