C’était en 1993… Pour la toute première fois, les Grenoblois découvraient, dans de nombreux points de dépôt, le Petit Bulletin, un hebdo local entièrement gratuit et dédié à l’actualité culturelle de la vibrante capitale du Dauphiné. Trente ans et 1221 numéros plus tard, le journal disparait à tout jamais, emporté par les difficultés économiques du groupe Unagi qui le portait.
Valentine Autruffe, la rédactrice en chef du titre, le reconnaissait dans le dernier édito qu’elle signait : « Une entreprise à la situation économique fragile« . Et le Covid 19 aura été la coup de grâce. Comment en effet maintenir un journal culturel quand toutes les activités artistiques (et donc les principaux annonceurs) sont à l’arrêt pendant quasiment un an ? Le délicat tournant financier a été négocié de justesse par d’autres titres, mais il aura été fatal au Petit Bulletin.
Liquidation judiciaire inévitable
Face à la situation financière, les sociétés du groupe Unagi avaienté ét placées en redressement judiciaire, à la demande des dirigeants. Mais l’éditeur indique que « le plan de redressement s’est révélé inenvisageable à cause du passif trop lourd. » « Un projet de rachat par une autre structure était bien avancé, note Valentine Autruffe, il a dû être abandonné, au dernier moment. »
Il ne restait donc plus qu’une solution, pour le journal grenoblois : la liquidation judiciaire, prononcée le 31 octobre par le tribunal de commerce de Grenoble. Ce qui sous-entend la fin immédiate du contrat et de l’aventure pour la quinzaine de personnes qui collaboraient au titre.
» Le Petit Bulletin, c’était une petite utopie pour un journaliste du XXIe siècle. Gratuit, donc accessible à un large lectorat. Indépendant – vraiment indépendant –, car détenu par quatre associés qui ne ressemblent pas à des patrons de presse. » La rédactrice en chef note aussi l’importance du titre dans son rôle de relais d’acteurs de la vie culturelle dont on ne parle que très rarement dans les autres médias.
Des solutions pour les éditions de Lyon et Saint-Etienne
Si, au début, le Petit Bulletin ne paraissait qu’à Grenoble, il a vite eu des petits frères. Ainsi, l’édition lyonnaise a vu le jour en 1997, tandis que la troisième, sur Saint-Etienne, est née en 2012, cette fois-ci sur un rythme mensuel.
Edités par le même groupe, ces deux autres titres auraient pu être emportés par la même vague que celle qui a balayé l’édition grenobloise. Mais il en est tout autrement.
En ce qui concerne Lyon, le groupe grenoblois Compra (Compagnie des médias et publications Rhône-Alpes), qui édite notamment les Affiches de Grenoble et du Dauphiné, a déposé une offre de reprise qui se solde par le maintien du média (papier et web), mais aussi du pôle événementiel (qui organise entres autres les festivals lyonnais dédiées au whisky et à la bière). La production de vidéos et de podcasts est également maintenue, ce qui fait qu’en tout, une vingtaine de salariés sont gardés.
A Saint-Etienne, ce sont les salariés qui ont décidé de prendre les choses en main et d’écrire leur propre avenir. Le 27 octobre, le tribunal de commerce a validé la création de la Scop permettant la survie du titre. La société 4Plumes sera donc la nouvelle éditrice du média qui devrait revoir le jour le 29 novembre, sous trois formes : « un magazine papier trimestriel à lire bien installé dans son canapé ou en terrasse de café, une application à emporter partout dans sa poche, et des moments de discussions entre les lecteurs et la rédaction. »