Et c’est parti ! » Ce gimmick, c’est ce qui débute à chaque Minute de l’Info de l’Avenir de l’Artois, une fois par semaine. Mais qu’est-ce que la Minute de l’Info ? Dans une période où le numérique prend une place majeure dans nos vies mais aussi dans le métier de journaliste, certaines rédactions essayent d’adopter de nouvelles pratiques.
Au sein du groupe de presse Nord Littoral (groupe Rossel), on a décidé de mettre en avant un nouveau format : la Minute de l’Info. Le principe est assez simple. Pour les dix hebdos du groupe, un jour par semaine, un journaliste de chaque titre choisit trois actus et les présente sous format vidéo. Les vidéos sont ensuite postées sur les réseaux sociaux du journal ainsi que le site web. Sur ce dernier, le contenu de la vidéo est retranscrit sous forme d’article. Par exemple, à l’Avenir de l’Artois de Béthune, on tourne la vidéo le mardi après le bouclage et elle sort du mercredi. En ce qui concerne le quotidien calaisien Nord Littoral, adopte évidement un rythme plus élevé de production, avec une vidéo chaque jour.
Une vidéo en 5 parties
Cette idée vient d’une envie de différencier les formats. Après une réflexion menée lors du dernier trimestre 2022, il y a eu des discussions avec des groupes de référents vidéos pris au sein de chaque rédaction ainsi qu’un référent de chez la chaîne télévisée Weo (groupe Rossel également). Mais pourquoi une vidéo d’une minute ? Pour Audrey Rohrbach-Minette, rédactrice en chef adjointe du groupe Nord Littoral, la vidéo est un format qui passe très bien et la durée est adaptée « pour que ça reste dynamique, punchy, et que ça donne envie de venir lire les titres. »
Mais dix hebdos, ça n’est pas rien. Et cela multiplie d’autant dans la manière de tourner et monter les vidéos. Dans l’équipe, on reconnait que les débuts n’ont pas été forcément simples. Alors pour fluidifier et faciliter le travail, Audrey et Frédéric Pétronio, le rédacteur en chef du groupe Nord Littoral, ont mis en place un processus de construction de l’info. La tâche est décomposée en cinq parties. Le journaliste tourne cinq prises, une pour l’intro dans laquelle il présente ses sujets, choisis librement, trois par les infos à proprement parler et une dernière dans laqeulle il invite le lecteur à aller lire le journal. Il choisit ensuite les photos et vidéos d’illustration et envoie cela au monteur.
« Ces vidéos permettent de mettre en avant un contenu et un visage. »
Audrey Rohrbach-Minette, rédactrice en chef adjointe du groupe Nord-Littoral
Comme l’explique Audrey Rohrbach-Minette, ce nouveau format a plusieurs objectifs. « C’est tout d’abord pour faire connaître le titre différemment, via les réseaux, mais aussi de présenter l’équipe, de mettre un visage sur les journalistes. Ca permet de mettre en avant un contenu et un visage. » Le rapport avec le lecteur est différent. Et puis, on veut montrer que « la PHR n’est pas une vieille dame. On sait vivre avec notre temps. »
Donner envie de lire le journal
Un intérêt partagé par Robin Rioult, journaliste à l’Avenir de l’Artois (édition de Béthune) et qui est en charge de la vidéo : « Cela crée un engagement avec le lecteur. » Lui était en master de création numérique option journalisme. La vidéo, il connaît bien et ça lui plaît. « J’ai une grande emphase avec la vidéo. Je ne voulais pas perdre la main avec ce format (…) Ce n’est pas la même manière de raconter les choses. Ca ne renvoie pas aux mêmes infos. En vidéo, on a aussi le corps pour parler. » Alors, dès le début, le journaliste s’est engagé à aider celle qui s’en occupait dans la rédaction puis, à l’annonce de son départ, il s’est attelé à la tâche avec plaisir.
Antoine Da Silva, rédacteur en chef de l’Avenir de l’Artois et chef d’édition à l’Agence de Béthune, voit aussi cette Minute de l’Info d’un très bon œil. « Ça apporte un peu de visibilité sur des réseaux où on n’est pas très implantés comme Instagram. » Pour lui, grâce à ce nouveau format, « un nouveau public se tourne vers notre travail. Ça enlève des à priori sur la presse locale ».
« J’ai une grande emphase avec la vidéo. Je ne voulais pas perdre la main avec ce format.»
Robin Rioult, journaliste à l’Avenir de l’Artois Béthune
Et quand on veut donner envie au lecteur de lire le journal, l’attitude devant la caméra est importante. Pour Robin Rioult, la première fois, il était assez compliqué de se sentir à l’aise en tournant. Les automatismes propres à la vidéo, caractérisés par une écriture différente de ce que le journaliste de presse écrite fait le plus souvent, étaient aussi assez compliqués à adopter. Mais depuis un mois qu’il incarne la Minute de l’Info, Robin a maintenant de bonnes habitudes. « A un moment, tu oublies la caméra. » Pour choisir ses sujets, il prend ceux qu’il estime avoir le plus gros potentiel viral mais aussi ceux qui lui plaisent le plus. « Quand le sujet nous plaît, c’est plus facile d’en parler.
A l’échelle du groupe, Audrey est heureuse de dire que « les résultats sont positifs. Il y a un enthousiasme partout ». Si certains journalistes avaient du mal au début, il y a eu beaucoup de progrès. « Tout le monde y met de la volonté. Une belle énergie se dégage, c’est une belle expérience. »
Signe d’un intérêt partagé également chez le lecteur, certains journalistes reçoivent des messages de félicitations de personnes qui ont apprécié le format, ou encore d’anciens stagiaires qui ont partagé leur enthousiasme. Sur Instagram, un réseau social encore récent à Nord Littoral, cette initiative « booste clairement l’audience et l’acquisition de nouveaux followers ».
Et lorsqu’on demande à Audrey la recette pour une bonne Minute de l’Info : trois ingrédients. Un journaliste qui a de l’envie, trois belles infos et de belles photos et vidéos pour l’illustrer ! Et c’est parti !