TikTok est l’application la plus téléchargée au monde en 2022. Des vidéos de quelques secondes, parfois quelques minutes, pour raconter des histoires ou exposer sa créativité. Du pain bénit pour quelques médias locaux qui jouissent d’un succès prometteur sur le réseau social chinois. Encore faut-il savoir investir la plateforme quand on est journaliste, en jouant notamment sur l’éducation aux médias, le fact-checking ou la promotion d’événements locaux.
ICYMI: Our Q1 2022 Data Digest is now available. Last quarter #TikTok installs reached nearly 3.5 billion.
— Sensor Tower (@SensorTower) April 25, 2022
Get the report: https://t.co/Ewksh9zMQE pic.twitter.com/UNWO7JGluU
Le compte du Parisien comptabilise à ce jour plus de 3,5 millions de “j’aime”, et bientôt 238 000 abonnés, tandis que celui du groupe Nord Littoral se fraye doucement un chemin sur la plateforme parmi les millions de programmes proposés. Pour Merwane Mehadji, journaliste vidéo au Parisien, TikTok était le train à ne pas louper : « Les médias ont tout intérêt à se lancer sur TikTok, il y a tellement de choses à faire ! »
À 27 ans, il travaille en binôme avec Mathieu Hennequin, de trois ans son cadet.
« On est jeunes, on parle à notre génération. Sur cette plateforme pleine de divertissement, on peut aussi trouver un peu d’info. Notre rôle est de toucher les plus jeunes. Pour s’informer et acheter le journal par exemple, il faut avoir de l’argent, ce que les collégiens et les lycéens n’ont pas. »
@leparisien «C’est toi qui fais Paris-Alger à pied ? Je te suis sur TikTok» : on a marché avec Mehdi @debbraahworld (et rencontré de nombreux abonnés 🥰) #besançon
♬ Fine Dnb-JP - Klaatu Verada Necktie
Ensemble, ils incarnent le compte TikTok du Parisien qui grandit de jour en jour.
« On veut absolument garder l’ADN du journal et ne pas tabler que sur des sujets sport et culture. On tient à représenter toutes nos rubriques aussi sur l’application. »
Garder l’ADN du média, c’est là tout l’art de concilier TikTok et actualité.
Depuis le mois d’octobre 2021, le groupe Nord Littoral gagne du terrain sur la plateforme. Selon Géraldine John, journaliste et animatrice des contenus du groupe, « l’avantage est de ne pas avoir besoin de suivre une ligne éditoriale ».
Pourtant, animer seule un compte rassemblant un quotidien et dix hebdomadaires n’est pas une mince affaire.
Alors elle s’inspire du Washington Post : « J’essaye de suivre les tendances avec les musiques à la mode, les hashtags en vogue, etc. Je me suis inspirée du contenu produit par le média américain, que je trouve formidable. Mais ils ont trois personnes à temps plein pour produire le contenu », se compare-t-elle.
@washingtonpost Republican candidates and strategists are increasingly confident that a Supreme Court decision on abortion would not seriously harm the GOP’s chances of regaining the House and Senate majorities come November.
♬ singlingles again - lightning mcqueef
Entre la gestion des comptes du Parisien et de Nord Littoral, une différence majeure : la création d’un poste dédié à l’application. Mathieu Hennequin, lauréat du prix de l’innovation Le Parisien, est à l’initiative du compte : « C’est la tête pensante. Sa place a été créée uniquement pour le réseau social », rapporte Merwane Mehadji. Si chaque rédaction ou groupe de presse peut utiliser TikTok à dessein, tous convergent sur un point : l’intérêt vis-à-vis du public.
Éducation aux médias, vérification des faits ou promotion d’événements locaux, les possibilités sont infinies. « Il ne faut pas négliger l’impact du local sur TikTok, souligne Merwane Mehadji. Les hashtags et la géolocalisation représentent une force de frappe immense. » Géraldine John, à la tête du compte de Nord Littoral préfère « proposer du contenu visuel, avec du second degré » et en profite pour emmener les abonnés dans les coulisses des rédactions du groupe.
@nordlittoral Alors, on va passer une bonne année vous croyez ? #bingbong #pourtoi #vdm #foryou #fyp #journalist
♬ I just came to say AY YO by Boxout - Boxout
Elle raconte les dessous de ses créations : « Je viens avec mes idées notées sur un papier, avec les mises en scènes que j’ai imaginées et les musiques qui correspondent. Une ou deux prises suffisent, tant pis si ce n’est pas parfait : TikTok n’est pas Instagram, c’est le réseau de la spontanéité. »
Du côté du Parisien, le réseau social est aussi utilisé pour vérifier et déconstruire les fausses informations qui deviennent virales sur l’application. « Récupérer un TikTok qui a beaucoup tourné et raconter pourquoi il est mensonger est une bonne chose. Ça veut dire qu’on fait un boulot de service public. On est sur TikTok, mais la base, ça reste le journalisme », clarifie Merwane Mehadji.
Au-delà de profiter de la visibilité de l’application pour promouvoir son contenu, TikTok est sans limite pour les médias locaux et nationaux. Ramener les jeunes vers une information vérifiée et travaillée en valorisant la marque de sa publication, s’adapter aux codes et aux tendances, c’est possible. Journalistes, à vos smartphones !