TikTok : un rêve irréalisable pour la presse locale

Si les rédactions nationales comme Le Monde et France Info se sont installées sur TikTok, le réseau social n'attire pas (encore) la presse locale.

TikTok : un rêve irréalisable pour la presse locale

Si les rédactions nationales comme Le Monde et France Info se sont installées sur TikTok, le réseau social n'attire pas (encore) la presse locale.

J‘y passe toutes mes soirées, tous mes week-ends. » Géraldine John, animatrice de contenus du groupe Nord Littoral, en est accro. Si elle aimerait voir ses titres de presse sur TikTok, elle confie que ce n’est pas pour aujourd’hui.

« Ça prend beaucoup de temps pour pas grand chose« , estime-t-elle. Les rédactions de presse hebdomadaire régionale sont généralement restreintes en nombre. Même si les journalistes sont polyvalents, ils n’auraient pas le temps de créer un contenu approprié au réseau social. « On demande aux journalistes de réaliser un maximum de vidéos, mais ils ont du mal à en faire une par semaine, alors un TikTok… »

Entre sérieux et divertissement

Virginie Menvielle, cheffe d’agence de La Thiérache à Vervins, n’ose pas lancer son titre sur la plateforme chinoise. « C’est une bonne idée mais trop compliquée, justifie-t-elle. La plateforme est jugée pas très sérieuse donc c’est dangereux de s’y mettre. » 

Trouver un juste milieu entre sérieux et divertissement. C’est toute la complexité pour un média d’information qui se lance sur ce réseau. Géraldine John estime que « les grandes rédactions nationales comme Le Monde et France Info offrent des vidéos beaucoup trop sérieuses pour une plateforme comme TikTok où le divertissement prime« .

Et au contraire, si le ton est trop léger, « c’est la crédibilité du journal qui est mise en jeu, argue Virginie Menvielle. C’est un autre langage, une manière de faire que nous ne connaissons pas. Donc il faudrait recruter quelqu’un qui ne travaillerait que sur ça. Personnellement, je ne prendrais pas le risque de mettre en danger le journal.« 

TikTok pour imposer sa marque

Prise d’assaut par les jeunes utilisateurs, la plateforme pourrait attirer un nouveau lectorat. Mais ce n’est pas si simple. « Ça peut apporter une communauté mais pas des lecteurs. Les jeunes qui regardent des TikTok ne lisent pas la presse locale« , analyse Géraldine John.

@leaelui

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Cynthia Lherondel, rédactrice en chef de L’Informateur d’Eu, du Journal d’Abbeville et de L’Éclaireur du Vimeu, n’a pas non plus passé le cap. Ses titres sont présents sur Instagram mais elle avoue que « les nouveaux réseaux sociaux ne sont pas plus utilisés pour ramener des lecteurs que pour imposer la marque du journal, une identité« .

Il est peut-être un peu tôt pour que les rédactions deviennent TikTokeuses. Virginie Menvielle rappelle ce moment où « les médias d’informations se demandaient si c’était sérieux d’utiliser des émojis dans les posts sur les réseaux sociaux. » Aujourd’hui, leurs publications en sont remplies…

Alan Sénicourt

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