SPHR : Pierre Archet en première ligne face à la révolution de l’IA

Le directeur du Journal d’Ici est le nouveau président du Syndicat de la presse hebdomadaire régionale (SPHR). Sa ligne de conduite : miser sur l’innovation, pour relever les nombreux défis de demain.

SPHR : Pierre Archet en première ligne face à la révolution de l’IA

Le directeur du Journal d’Ici est le nouveau président du Syndicat de la presse hebdomadaire régionale (SPHR). Sa ligne de conduite : miser sur l’innovation, pour relever les nombreux défis de demain.

Article initialement publié dans PHRases direct, le 13 juin 2024, lors du congrès de la presse hebdomadaire régioanle.

Membre du bureau, secrétaire général, président de la commission développement et trésorier de presse et pluralisme pour le Syndicat de la presse hebdomadaire régionale (SPHR). C’est dans une certaine continuité – et pour remplacer Vincent David après neuf années de loyaux services – que Pierre Archet devient le nouveau président du syndicat. Intelligence artificielle, baisse des ventes et des recettes, transition vers le numérique. Les défis à relever sont pêle-mêle et pas question de baisser les bras. Le directeur du Journal d’Ici ne se fixe pas de ligne directrice. « Tous les défis sont d’égale importance : nous devons poursuivre notre transition numérique sans lâcher la proie pour l’ombre, en sachant que le papier génère encore 95 % de nos revenus, introduit l’intéressé. Ce qui signifie que nous devons être très attentifs à la fragilité de notre modèle de distribution, pour la vente en magasin comme pour les abonnements respectivement menacés par l’attrition du réseau traditionnel et par l’attitude de La Poste. »

Intelligence artificielle : passer la seconde

Pierre Archet reprend la présidence du syndicat dans une situation qui n’est pas aussi favorable qu’elle le laisse penser. Si de nombreuses avancées ont été effectuées par son prédécesseur Vincent David (intégration à l’Alliance de la presse d’information générale, droits voisins…), les chiffres invitent à la prudence. La PHR a enregistré une baisse de ses ventes de l’ordre de 3 millions d’exemplaires en 2023, par rapport à l’année précédente. Le nouveau président se veut toutefois optimiste et mise sur l’innovation : « J’ai la conviction que cette baisse de volume peut être endiguée, au moins partiellement, par le travail sur les canaux de diffusion (réseau de distribution, abonnements postés et portés, développement des ventes numériques), indique t-il. « Mais aussi par la qualité du contrat de lecture : si nous éditons une information locale de qualité, originale et fiable, nous avons de bien meilleures chances d’éviter l’évasion de nos lecteurs vers l’information Canada dry ». Parmi les grands sujets, l’intelligence artificielle (IA) est dans toutes les conversations et figure, de nouveau, au programme de la 49e édition du congrès ce jeudi.

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De quoi aller de l’avant alors que le syndicat participe au projet Spinoza avec l’Alliance de la presse d’information politique générale (Apig). « C’est une nouvelle révolution considérable qu’aucun acteur économique ne peut se permettre d’ignorer ou même de sous-estimer, développe Pierre Archet. Je ne crois pas personnellement que l’IA effacera le journalisme, qui est un métier de création et de sensibilité humaine, mais elle pourra permettre à nos rédactions de se concentrer sur un journalisme à forte valeur ajoutée, d’inventer de nouveaux services à leurs lecteurs et de générer des nouvelles sources de revenus. »

Sans journalistes, pas de journal…

Pour pouvoir relever tous ces défis, encore faut-il recruter suffisamment de collaborateurs. La fidélisation des correspondants locaux est un véritable casse-tête. « Nous devons intégrer l’évolution de leur rôle dans la montée en gamme de nos contenus éditoriaux, en étant particulièrement attentifs à la préservation du cadre de la loi de 1987, qui définit son statut. En clair, on ne “recrute” ni anime plus un réseau de correspondants en 2024 comme on le faisait il y a vingt ou trente ans. »
Toujours sur la thématique de l’emploi, la formation des jeunes journalistes à la presse régionale est une problématique. En effet, seule la filière de proximité de l’ESJ Lille – née d’un partenariat avec le syndicat depuis 1995 – forme spécifiquement des futurs confrères à la presse locale. De quoi rendre la tâche compliquée en matière de recrutement alors que les besoins sont toujours aussi nombreux dans les titres. « La révolution récente de la filière de proximité vers une formation en alternance est très positive. Mais plus généralement, on ne devient pas journaliste en un an, ni même en deux et les éditeurs attendent par conséquent des écoles qu’elles forment leurs futurs collaborateurs aux fondamentaux du métier et aux besoins réels de leurs rédactions. » Un long travail pour être en adéquation avec l’avenir d’une famille de presse malmenée, mais qui sait se battre pour survivre.

Alexis Decorme

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