Rien ne se perd, tout se transforme ! C’est le défi lancé par plusieurs médias comme le groupe Télégramme mais aussi Sipa Ouest-France et Rossel La Voix qui ont décidé de recycler les anciens journaux pour les valoriser en ouate de cellulose, un isolant biosourcé performant, écologique et économique. « Il s’agit d’un matériau extrêmement efficace avec une durée de vie plus longue que la laine de verre. Il est certes plus coûteux, mais l’investissement se rattrape vite avec les économies d’énergies réalisées », explique Clément Picault, responsable de la valorisation des journaux pour le groupe Rossel La Voix.
En phase d’accélération
Sipa Ouest-France s’est lancé dans le recyclage du papier il y a deux ans. « Nous sommes partis du constat de l’Agence de la transition écologique mettant en lumière que 30 % des journaux sont recyclés hors de France. On ne voulait pas que nos journaux se retrouvent à l’autre bout du monde », retrace Julie Quintard, responsable engagement et développement du groupe. L’entreprise s’inscrit avant tout dans une démarche écologique et durable alors qu’un journal est éphémère. Considérant la performance énergétique des habitations comme un point stratégique dans la transition verte, le groupe a choisi de recycler ses journaux en ouate. Sur les 3 700 tournées de portage du groupe Ouest-France, 168 000 kilomètres par nuit, seules 58 % sont éligibles au recyclage pour l’instant. « On est au début de notre déploiement et on accélère pour qu’il soit terminé en 2026 », annonce Julie Quintard.
Chez Rossel, le projet est aussi en phase de développement. Alors qu’aujourd’hui seuls les quotidiens La Voix du Nord et Nord Littoral font partie du circuit de revalorisation, le groupe ambitionne d’élargir le projet aux autres titres comme L’Union, Paris-Normandie mais aussi tous les hebdomadaires du groupe.
Des bénéfices multiples
Si l’aspect écologique est l’une des principales motivations de ces deux groupes, recycler les vieux journaux a de nombreux autres avantages pour les entreprises. Au-delà d’éviter à des millions de périodiques de se retrouver dans les poubelles, il est aussi question de ne pas laisser repartir à vide les colporteurs et d’utiliser le réseau de portage dans l’autre sens. Ce ramassage permet d’isoler les journaux du reste des déchets et d’éviter la dégradation du papier. « On est approvisionneurs de matière première non souillée. La matière peut donc être valorisée », explique Julie Quintard. Et Clément Picault d’ajouter : « C’est un cercle vertueux. La récupération des exemplaires lus ne demande pas de kilomètres supplémentaires. »
Ce système de valorisation vise à soutenir financièrement le réseau de distribution du groupe Rossel. « À terme, l’objectif est de mieux rémunérer les colporteurs et d’apporter de l’argent au réseau de portage qui coûte de plus en plus cher alors que le nombre d’abonnés diminue », annonce Aymeric Delannoy, technico-commercial pour Cellexo, une filiale de Rossel. Hormis ces raisons, ces deux chaînes de valorisation du papier s’inscrivent dans la loi Agec (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) qui vise à « accélérer le changement de modèle de production et de consommation afin de limiter les déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat ».
La stratégie est différente chez Sipa Ouest-France où le projet pèse plusieurs millions d’euros d’investissements. C’est en comptant sur les subventions de l’Agence de l’environnement et du plan du gouvernement France 2030 que le groupe vise l’équilibre financier. Quant à Rossel La Voix, le groupe mise sur une subvention du ministère de la Culture. Vers un nouveau modèle économique ?