La nouvelle annoncée le jeudi 25 mai risque de faire grincer pas mal de dents dans les directions et rédactions de la presse française, qu’elle soit nationale, régionale ou encore ultralocale. Le géant suédois de la presse en ligne Readly (lancé en France il y atout juste six mois) vient en effet de conclure un accord avec un autre géant de la grande distribution, Lidl. La chaîne de supermarchés d’origine allemande lance en effet une offre plus que séduisante à ses clients en possession de l’application Lidl Plus (entièrement gratuite, et téléchargeable sur son smartphone sans même avoir besoin de faire ses courses dans ces magasins) : deux mois de lecture de la presse entièrement gratuitement…
Le partenariat prévoir en effet que les clients puissent puiser dans l’énorme catalogue du diffuseur digital pour épancher sa soif de lecture parmi les… 7000 magazines et journaux disponibles. Parmi ceux-ci, certes, beaucoup de publications internationales. Mais aussi plus de 500 titres en français, dont la quasi totalité des titres de presse hebdomadaire régionale, comme la Semaine de Metz, le Phare de Ré, l’Orne combattante ou encore la Dépêche du bassin. Le tout, évidemment, en illimité. La presse quotidienne régionale n’est, elle, par contre, pas accessible sur le service, tout comme certains hebdos (la Manche libre, l’Observateur de l’Avesnois…)
Une offre ultra low cost
L’accord Readly-Lidl (qui est déjà en cours dans d’autres pays) donne en fait une nouvelle visibilité au lecteur numérique suédois, grâce à cette promo de deux mois entièrement gratuits. Readly est d’ordinaire accessible à 0,99 € le premier mois, puis 9,99 € les mois suivants (ce qui sera aussi le cas avec l’offre Lidl). Mais qui dit vraiment que le client ne réinitialise pas à la fin de la période d’essai, utilisant par exemple le mobile ou la tablette d’un autre membre de la famille…
Cette opération pose au delà le problème de la valeur de l’information. Certes, les journaux qui auront été téléchargés pourront voir leur audience numérique augmenter, ce qui peut être un avantage par exemple pour l’habilitation aux annonces légales. Mais en même temps, rien -ou presque- ne rentre en caisse, alors que les journaux, notamment locaux, auraient bien besoin d’une bouffée d’air frais économiquement parlant…
Il y a quelques mois, nous avions essayé de savoir combien les journaux (locaux) percevaient pour chaque exemplaire ouvert numériquement, sur cette plateforme ou les concurrents (comme Cafeyn). Un silence un peu gêné avait suivi notre question… Mais on peut aisément imaginer que le paiement est, dans le meilleur des cas, de l’ordre de la poignée de centimes, bien loin du coût réel de la rédaction et création du journal, fût-il en numérique.
Avec cette nouvelle offre, les grandes marques de presse s’offrent certes une nouvelle visibilité, auprès d’un public plus large, sur un support du XXIe siècle. Mais les petits titres de presse locale sont loin d’être les grands gagnants, même s’ils se retrouvent en tête de gondole…