Quand la presse locale ravive la démocratie

Depuis le Festival de l'info locale • On dit souvent qu'aux Etats-Unis, chaque fois qu'un média local disparait (et c'est souvent le cas en ce moment), c'est un morceau de démocratie qui meurt. Et un espace de plus pour les fake news qui s'ouvre. Qu'en est-il en France ?

Quand la presse locale ravive la démocratie

Depuis le Festival de l'info locale • On dit souvent qu'aux Etats-Unis, chaque fois qu'un média local disparait (et c'est souvent le cas en ce moment), c'est un morceau de démocratie qui meurt. Et un espace de plus pour les fake news qui s'ouvre. Qu'en est-il en France ?

Retisser le lien, renouer le débat. Voilà tout l’enjeu des médias locaux qui, depuis toujours, animent le débat démocratique. Mais ce rôle n’est-il pas en danger ?

• Aurélie Rousseau (TV Rennes, présidente de Locales TV) : « Dans notre rédaction, il a fallu réagir face aux élections, mais en les traitant differement que les médias nationaux. Dans ce climat social dégradé et instable, on a décodé d’organiser des débats, au nombre de huit. Avec la nouveauté de voir des candidats qu’on ne connaisait pas… Notre rôle était de faire parler tout le monde.Mais, finalement, il y avait certains candidfats qu’on ne voyait pas. Car ils refusaient de venir… Ou au contraire qui lançaient des éléments faux qui ont eu une résonance nationale. »

• Emma Conquet (Journaliste Champs Libres) : « Face aux médias nationaux qui simplifiaient en disant que la campagne votait à l’extrème droite et les villes à gauche, il a fallu temporiser, expliquer, démontrer que ce n’était pas si simple que cela… Dans ces médias nationaux, on voit aussi souvent la surexposition des néo-ruraux, qui seraient comme des sauveurs… Ça interroge sur la capacité de ces médias à se pencher sur les territoires ruraux. »

• Pierre Archet (directeur adjoint du Journal d’Ici, président du SPHR) : « Nous sommes classés dans la presse politique et générale. Ce qui nous confère une mission d’information sur ces sujets. A une époque où il y a une vraie balkanisation de la vie politique, il nous faut, au contraire, fédérer. Avec des contenus accessibles à tous. Et en étant représentatifs du pluralisme du débat politique. On l’a vécu dans une certaine urgence, forcément, les législatives n’étaient pas prévues ! Toutes les rédactions de PHR ont répondu présent, en rendant compte de la campagne, avec ses candidats traditionnels et ses inconnus auxquels nous avions parfois difficilement accès car ils considèrent que les médias sont à la solde du pouvoir ! En plus, ils ne sont pas aguerris au discours public. Donc ils préfèrent dérouler leurs éléments de langage sur les réseaux sociaux plutôt que de s’affronter à d’autres candidats. Plutôt que des débats, on a fait des speed datings avec des groupes de lecteurs… C’était une initiative originale qui nous a permis de parler differement de ces élections. »

Aurélie Rousseau, Emma Conquet et Pierre Archet lors du débat du FIL.

Le risque des déserts de l’information

Aux Etats-Unis, on voit apparaître des déserts de l’information. Le risquez existe-t-il ici ?

Pierre Archet : « Là-bas, on voit une corrélation entre la disparition des titres et l’apparition de candidats folkloriques. On n’en est pas là encore en France. Mais notre modèle de presse régionale est extrémement fragile. Et nos entreprises sont en danger, avec la baisse de points de vente, la non-rentabilité des déclinaisons numériques…Il y a de tels déserts en Europe, dans quelques pays. Et on n’est pas à l’abri de cela…

• Emma Conquet : « Entre les deux élections nous avons publié une tribune pour parler d’un meilleur traitement de l’actualité liée à ces  élections. Considérer les territoires ruraux comme des sujets transversaux, pourquoi pas ?… Mais on peut aussi avoir un prisme rural dans le traitement de nos papiers. En apportant de la nuance et du fond. »

• Aurélie Rousseau : « On a été contacté pour une formation de journalisme en ruralité. Est-ce différent de travailler en région ou à Paris ? En fait, c’est le relation avec le public qui est différente… En 2021, avec le Sirti, on avait lançé une enquête. Et 80% des sondés disaient avoir confiance en leurs médias locaux (contre 73% pour les nationaux ou 19% pour les réseaux sociaux…). Il faut alors savoir que faire avce ce niveau de confiance. Notre rôle premier, c’est d’assurer la cohésion sociale, de rassurer face aux nouvelles anxiogènes venues de Paris. Pas question d’angélisme, mais plutôt d’expliquer et d’avancer ensemble pour le territoire.

La presse locale, valeur refuge

• Pierre Archet : « Il est très juste de parler de valeur refuge. Nous sommes armés pour défendre cette proximité. Et pour celà, la meilleure arme, c’est le jourralisme. Il faut investir dans la qualité des contenus. Nous recrutons des journalistes, nous avons du contradictoire, nous racontons des histoires attractives. On gère aussi la dualité entre les hotnews sur internet en direct, et les articles plus posés, travaillés sur le print. Je crois à l’avenir de la presse papier en locale car il y a encore une forte implantation. L’hebdo du coin doit se maintenir pour continuer d’être un lien, une source sûre. Mais il faut investir dans la qualité pour cela. »

Emma Conquet : »Il faut faire des tables rondes, des stands pour aussi aller vers des gens qui ne lisent pas forcément les médias classiques. On doit aussi développer notre réseau de journalistes indépendants et développer la formation des journalistes au traitement de l’actualité en locale. »

• Aurélie Rousseau : « On a un rôle énorme à jouer dans l’éducation aux médias. C’est notre mission. Certes, on a moins de moyens, mais ona l’autheticité de la proximité.On a u projet en gestation avec rance3 Bretagne et France Bleu pour accompagner une année des jeunes dans un projet de ce type. »

Propos recueillis par Laurent Brunel

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