On disait la presse écrite morte. Mais fort heureusement, elle bouge encore. Et sait séduire des dizaines de millions de personnes en France, des abonnés qui reçoivent chez eux le journal ou le magazine, mais aussi des acheteurs au numéro, qui doivent maintenant très souvent partir à une chasse aux trésors tant les kiosques et maisons de la presse sont devenus rares.
Ce 14 octobre 2025, l’ACMP (Association pour les chiffres de la presse et les médias) a révélé sa nouvelle étude OneNext (1) visant à mieux connaître les habitudes de lecture de ces amoureux du papier. Et pour cause : le sondage ne comprend que des données print (papier ou version numérique de la publication), pour la période de juillet 2024 à juin 2025.
La presse locale ancrée dans le cœur des lecteurs papier
Et, sans grande surprise, la presse locale est en tête du classement des audiences du print 30 jours (soit ceux qui déclarent avoir lu tel ou tel titre sur papier durant les 30 derniers jours). Avec ses centaines de milliers de copies imprimées chaque jour, la PQR (presse quotidienne régionale) est à la première place. Les 51 titres de la PQR (y compris les journaux dits du 7e jour) dépassent les 28,8 millions d’audience mensuelle. Juste derrière, la famille de la PHR (presse hebdomadaire régionale) cumule 11,7 M de lecteurs mensuels.Un chiffre qui lui permet, malgré une diffusion une fois par semaine, juste au dessus du Monde qui dépasse les 10 millions de lecteurs mensuels.

Derrière, le premier quotidien de presse locale pointe à la 4e place. Il s’agit logiquement du Parisien (couplé avec sa version nationale, Aujourd’hui en France), devant Ouest-France (9e place), Sud Ouest (31e), la Voix du Nord (32e), le Dauphiné (39e), la Dépêche du Midi (44e), la Provence (53e) ou le Télégramme (58e).
Tôt le matin ou tard le soir
Mais quelles sont les habitudes de lecture de ces fidèles au support papier ? Tout dépend de l’heure et de l’endroit à laquelle ils ouvrent le journal ou le magazine. Par exemple, dans les entreprises, les lecteurs sont très largement masculins, de niveau scolaire élevé et de CSP+, avec un revenu annuel souvent au dessus de 126 K€ après impôts, et ils habitent l’agglomération parisienne.
Un profil très différent des lecteurs « à domicile » qui sont souvent des hommes ou des femmes de plus de 60 ans. Ceux qui lisent chez leurs parents, amis ou voisins sont plutôt des femmes. Tandis que ceux qui les consultent dans les transports en commun sont relativement jeunes (moins de 34 ans), de niveau scolaire élevé (bac+4) et vivant dans l’agglomération parisienne.
Dernier profil sur lequel il faut faire un zoom : les 10% de lecteurs qui consultent la version numérique ( le plus souvent ressemblant à un PDF) : ce sont souvent des 35-49 ans, avec un bagage universitaire élevé (Bac+4). Ils peuvent être chefs d’entreprise, cadres ou professions intellectuelles supérieures, avec un revenu situé entre 102 et 200 K€ après impôts pour le foyer. Enfin, ils vivent souvent dans des grandes villes (entre 100000 et 200000 habitants).

L’étude permet aussi de définir avec une certaine précision les heures de lecture, plutôt au petit-déjeuner ou au retour du travail, avec un temps de lecture assez court puisque seulement 19% lisent plus de 30 minutes.




Et il faut noter que seulement 36% des lecteurs ont eux-même acheté la publication. Dans la plupart des cas, c’est un autre membre de la famille ou un voisin qui l’a acquise. On disait souvent qu’un journal de PQR passait entre les mains de 2 ou 3 personnes, et celui de PHR entre 5 à 7 personnes. Une tendance que l’étude semble continuer à démontrer.
Laurent Brunel
(1) Etude OneNext S2, réalisée sur un échantillon de 24723 individus de 15 ans et plus. Les données couvrent la période de juillet 2024, à juin 2025.