Quels sujets, quels formats susciteront de l’intérêt pour le public des médias ? Vaste question à l’aube des élections municipales. Les rédactions sont en ordre de marche…
Quel est le retour d’expérience sur les municipales de 2020 ?
Stéphanie Zorn, rédactrice en chef de la Voix du Nord : « les municipales, ce sont nos jeux olympiques à nous ! On met beaucoup de choses en place : on tire le bilan de l’ensemble des maires de nos communes du Nord et du Pas-de-Calais, soit 1530 villes et villages. On terminera cela fin décembre. Et pour ce bilan, on se sert aussi de leur porjet, de leurs promesses de 2020.
On a aussi une grosse série vidéo sur les grandes villes, on va à la rencontre des habitants et des élus sur toutes les communes de plus de 1000 habitants. Enfin, on utilise aussi la date, par exemple poiur l’evolution de la population, des impôts…
Il ne faut pas oublier le sondage que l’on a fait il y a peu, qui démontre le fort intérêt de nos lecteurs sur le politique. 89% attendent que la Voix du Nord soit au rendez-vous.
Benjamin Peyrel, directeur de la rédaction de Médiacités : A l’époque, on avait mis en place un système permettant aux lecteurs ne nous poser des questions, pour vérifier la véracité des promesses des candidats. Cela permet de faire remonter des sujets, de créer de l’interactivité. On fait aussi des newsletters spécifiques sur ce sujet, des séries de reportages… En 2020, juste après le scrutin, dans le contexte de désaffection du public envers la politique, on a créé un site de suivi des promesses des candidats, pour voir si cela avançait. On a donc un résultat chiffré. Ici, à Nantes, la ville évoque 94% de réalisation alors qu’on est plus à 67-68%… Cette opération, c’est un vrai suivi des politiques publiques en temps réel.
Quel est le dispositif qui va être mis en place en 2026 par rapport à l’interactivité ?
Marine Machefer, directrice des rédactions des locales BFM : on multiplie actuellement les canaux pour que le public réagisse : par mail, par téléphone, par QR code. L’émission « BFM et vous » permet de mettre en lumière les problématiques vécues par les téléspectateurs. Par exemple, à Nice, une personne nous a parlé des nuisances sonores des rooftops pendant l’été. En plateau, on apporte les réponses, en présence des élus, des acteurs de cette histoire. On est donc des baromètres de ce qui se passe dans les territoires. Et ce dispositif sera amplifié pour les municipales.
Pour les élections plus spécifiquement, on veut établir le dialogue. Mais il faut parler des maires qui ont une crise de vocation, qui sont menacés. Le premier lundi de chaque mois, on va donc faire du travail d’explication, en parlant par exemple du budget municipal ou des compétences des maires et des municipalités.
On organise aussi le concours du Grand prix des maires, dans lequel un jury récompense les meilleures initiatives locales, en matière de santé, d’aménagement… Cela aura lieu en novembre.
Stéphanie Zorn : On est au plus près des lecteurs grâce à nos locales. Pour ces municipales, on est sur la vidéo, les podcasts… Mais on relance aussi des comités éditoriaux avec des jeunes. On vient de lancer un appel et on a rassemblé une quinzaine de jeunes qui vont nous challenger sur les formats et sur les sujets qui les intéressent, eux. On avait testé ça lors des dernières législatives, et cela avait plutôt bien fonctionné.
On relance aussi l’opération « premier vote, premier abonnement », avec 4 mois de la Voix du Nord offert pour ceux qui vont pour la première fois dans l’isoloir.
Benjamin Peyrel : On va proposer une nouvelle version de radar, qui analyse la progression de l’accomplissement des promesses de campagne. On avait demandé à nos lecteurs de nous aider à faire cette collecte manuelle en matière de réalisations, pour arriver à cette immense base de données. On vient de relancer le projet en y ajoutant un peu d’IA, pour scanner les délibérations prises dans les huit collectivités de l’on a sur nos zones de couverture. Aujourd’hui, on arrive à la fin du projet, et on va s’appuyer sur ces données pour les offrir à nos lecteurs, de manière gratuite. Chacun pourra voir l’accomplissement des réalisations, savoir si la municipalité s’est plutôt consacrée aux loisirs, à la voirie,; à la culture…
On va aussi travailler sur l’enquête, sur les politiques menées, sur les candidats… On va raconter des histoires qui existent sous l’écume de la campagne. C’est apporter des informations que certains préféreraient voir cachées…
Comment se différencier des médias nationaux ?
Stéphanie Zorn : la notion de proximité est primordiale. Cette année, on va parler de la difficulté pour constituer des listes, du fait de la parité, par exemple. On ne sait pas si toutes les communes arriveront à présenter une liste, surtout les plus petites. On va donc beaucoup parler du local avant tout…
Benjamin Peyrel : On va faire de l’enquête, ce que les nationaux ne font pas toujours. On vient de voir la déclaration de Jean-Michel Aulas de se présenter à Lyon. Nous, à Médiacités, cela fait six mois qu’on en parle. On va aussi parler du programme à fond, comment les candidats arrivent à pénétrer dans certains quartiers, on va parler de leurs finances, à qui ils empruntent…
Marine Machefer : On va raconter comment un maire peut changer mon quotidien, c’est traiter le sujet en local. On fait aussi partie d’un groupe national, ce qui veut dire qu’on va participer à des débats sur de grandes villes, en tant que journalistes locaux, pour apporter un éclairage différent, avec une vraie connaissance du local.