Article initialement publié dans le PHRases 2025.
Mars 2026. Des électeurs et électrices glisseront pour la première fois un bulletin dans l’urne, pour les élections municipales. Avec de véritables questions, avant d’entrer dans l’isoloir : comment ça marche, quels sont les programmes des maires, est-ce que la politique m’intéresse, qu’est-ce que ça change à mon quotidien ? Les journalistes de Kolok (Ouest-France) et de Rémi réveille l’info (Le Dauphiné Libéré) ont choisir de répondre en vidéo aux 18-25 ans sur les réseaux sociaux.
Dessine-moi la politique
« Les jeunes ne manquent pas d’intérêt pour la politique. » À l’heure où l’abstentionnisme ne cesse d’augmenter, Rémi Milleret pense la politique hors du langage technocratique, des formats figés ou de l’angle « politico-politique ». Il publie une vidéo de deux minutes maximum tous les matins sur les réseaux sociaux, du lundi au vendredi, pour décrypter un sujet d’actualité. Dans Rémi réveille l’info, il s’attachera aux préoccupations des jeunes pour évoquer les municipales et à quoi ça sert : logement, transports, emploi, environnement…
Des thèmes que les journalistes de Kolok connaissent bien. Lancée en octobre 2024, l’équipe pilotée par Loup Lassinat-Foubert ne dépasse pas les 25 ans et publie une vidéo longue par semaine. Pour lui, préparer les municipales est un enjeu démocratique majeur, autour d’appels au vote face à l’abstention et de formats pédagogiques dirigés vers les jeunes. « Plus il y a de votes, plus il y a de légitimité, plus il y a de représentativité du peuple. » Pour la stimuler, il expliquera les rouages du bureau de vote ou les démarches d’inscription sur les listes électorales, dans des shorts (vidéos courtes) sur YouTube. Un « côté serviciel » crucial pour éviter les « présupposés connus ».
National ou local ?
Suivre le quotidien d’un maire pendant 24 heures en immersion, ou demander aux jeunes citoyens ce qu’ils espèrent lors d’un micro-trottoir. Deux formats différents proposés par Loup Lassinat-Foubert, qui s’inscrivent dans le local, l’échange et l’explication pour favoriser l’action. « Il faut dépolitiser la question pour la rendre plus accessible, transpartisane, et plutôt passer aux décisions concrètes. » Il s’agit de parler de décisions, de pouvoirs et d’implications plutôt que d’étiquettes, à l’heure où nombre de maires des petites communes n’en ont pas. « Chez Ouest-France, on a un attachement à la question de la ruralité et de la représentation de tous les territoires. »
Rémi Milleret, lui, ne désire pas parler qu’aux Grenoblois. « Je veux parler aux jeunes de toute la région et même de la France, voire au-delà. En fait, il faut que le sujet soit le plus concernant possible pour le plus grand nombre. » Sa recette ? Généraliser des exemples locaux, mais aussi décrypter des enjeux nationaux qui touchent le quotidien des 18-35 ans de toute la France.
« Plus il y a de votes, plus il y a
de légitimité, plus il y a de représentativité du peuple..»
Loup Lassinat-Foubert, Kolok
Incarner sans trahir
La politique, est-ce un sujet comme un autre quand on parle aux jeunes ? Oui, pour Rémi Milleret qui mise sur l’authenticité et la précision des termes au moment de l’écriture. « Tout l’enjeu, c’est de ne pas trahir l’info ni manipuler les faits. Il faut rester impartial mais surtout pas désincarné. » Alors, il mise sur l’analyse pour éclairer des sujets « polémiques » ou « détonants ». Du côté de Ouest-France, certaines questions sont déjà débattues en interne. « Au niveau de Kolok, on n’ira pas accompagner un maire d’extrême droite, par rapport aux valeurs du journal. On choisira plutôt un maire de l’arc républicain. » D’ici un an et face au paysage politique changeant, la motivation des jeunes à se rendre aux urnes est plus que jamais le sujet d’actualité. Rendez-vous en mars 2026.
Noémie Chevalier et Bastien Grossin
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