L’Echo du Berry joue la transparence sur les aides à la presse

Certains politiques voudraient bien voir disparaitre les aides à la presse. Mais cette mesure, un tantinet populiste, repose sur des chiffres et des idées souvent erronées. Pour faire la lumière sur ce sujet et éclairer les lecteurs, l’Echo du Berry a réalisé une explication de texte particulièrement claire et instructive.

L’Echo du Berry joue la transparence sur les aides à la presse

Certains politiques voudraient bien voir disparaitre les aides à la presse. Mais cette mesure, un tantinet populiste, repose sur des chiffres et des idées souvent erronées. Pour faire la lumière sur ce sujet et éclairer les lecteurs, l’Echo du Berry a réalisé une explication de texte particulièrement claire et instructive.

Si on interroge les Français sur les financements de la presse, à coup sûr, les aides de l’Etat seront citées, parfois en première place devant les ventes ou la publicité. Et pourtant, tous les professionnels des médias le savent, les subventions et autres coups de pouce économiques du ministère ou de la Poste représentent une part limitée du chiffre d’affaires des journaux. On est loin -à quelques exceptions près, notamment pour les aides à la diversité aidant particulièrement quelques titres comme l’Humanité ou La Croix– de la perfusion permanente et qui laisserait un trou béant dans les finances de la France…

Pour tenter de contrer les fake news et autres hallucinations sur ce sujet, l’Echo du Berry (groupe La Manche libre) a publié fin février un article particulièrement complet et documenté. « Cette idée est née il y a peu, à partir d’une communication de l’Alliance de la Presse d’information générale », explique Ludovic Mesnard, le directeur délégué et rédacteur en chef de l’hebdomadaire local. « Les informations présentées nous ont donné l’idée de rediffuser ces données vers les lecteurs, pour que l’on arrête de dire n’importe quoi sur le sujet. »
Ainsi, le titre explique largement les différents types d’aides (au pluralisme, aux médias émergents et pure players, à la distribution postale, les fonds stratégiques pour le développement de la presse, la TVA super réduite à 2,1%…). « Il est bon que nous ayons ces aides », revendique Ludovic Mesnard, « mais heureusement que l’on ne vit pas que de ça, sinon, on n’irait pas loin ! »

De plus, l’article compare les subsides français avec ceux délivrés par les autres états européens. Surprise : si les modalités différent entre les nations, il est quand même possible de comparer et de se rendre compte que « le niveau des aides françaises n’est pas particulièrement élevé et dans certains cas moins généreux que dans d’autres pays : en ratio par habitant, les aides directes s’élèvent à 3,47€ par habitant et par an en France, contre 6,77€ en Suède, 6,23€ en Norvège ou 5,23€ en Autriche. »
« En moyenne, les montants d’aide directe par média en France (491 670€) sont comparables à ceux de l’Autriche (444 340€) ou de la Suède (427 700€). Ce qui distingue le modèle français est surtout le nombre significativement plus important de bénéficiaires (480 contre 106 en Autriche et 166 en Suède), signe d’un paysage médiatique particulièrement diversifié qui constitue une richesse pour notre démocratie.« 

Le titre, dans un effort de transparence (même si les chiffres sont publics et trouvables sur le site du Ministère de la Culture), explique que pour 2023, il a perçu 144 944 € (sur environ 1,6 M€ de CA). Un montant exceptionnel qui se décompose en 83 288€ au titre de l’aide à l’exemplaire posté (pour l’envoi à un tarif préférentiel), 48 137 € au titre de l’aide exceptionnelle au papier (compte tenu de l’envolée délirante de cette matière première lors des premiers temps de la guerre en Ukraine) et 13 670 € au titre de l’aide au pluralisme (obtenue grâce à certains critères dont le niveau de diffusion ou la qualité des contenus). « Une année normale, une entreprise comme L’Echo du Berry ne perçoit en aide directe que l’aide au pluralisme, soit moins de 1% de son chiffre d’affaires », est-il d’ailleurs expliqué dans l’article, l’aide pour le papier étant, comme indiqué dans l’intitulé, « exceptionnelle » et donc non susceptible d’être reconduite.

« L ‘aide en ce qui concerne le postage est également essentielle », reconnaît Ludovic Mesnard. « Mais il faut se rendre compte qu’elle est plafonnée. A partir de 72 pages, elle n’est plus proportionnelle au poids. Cela pose problème pour des tires “lourds“ comme La Manche libre, qui a un pagination élevée. » Le directeur délégué réalise également un simple calcul en lien avec ce tarif préferentiel (avec une aide qui correspond à un peu moins de la moitié du coût d’envoi) : « sans l’aide qui vient en complément du tarif préferentiel, nous serions obligé de répercuter le prix total sur les abonnés, soit une hausse de 18% à l’année. L’autre solution, le portage, est impossible sur notre zone de diffusion comme dans celles de la plupart des hebdos locaux, du fait de la périodicité et du caractère rural de nos lectorat. » Enfin, la suppression pure et simple du tarif postal préferentiel serait encore pire : « il faudrait affranchir chaque journal sous enveloppe à… 4,35 € ! C’est ce qui se passe lorsque notre abonné ne reçoit pas son journal avec la Poste… »
L’article, publié sur le site internet de l’Echo du Berry, n’a pas engendré de réactions particulières (ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas été lu). Ludovic Mesnard devrait également le diffuser sur la version print dans les toutes prochaines semaines, pour toucher cette fois tous les lecteurs/acheteurs habituels du titre.

Laurent Brunel

Contact

Recevez les news de l'info locale

directement par mail