Le podcast, une révolution chez La Nouvelle République ?

Ni encre, ni papier. Depuis quelques années, la presse locale s’intéresse au podcast. Pourquoi à ce format, quels en sont les objectifs et stratégies ? Réponse avec Delphine Noyon, rédactrice en chef adjointe à La Nouvelle République du Centre-Ouest.

Le podcast, une révolution chez La Nouvelle République ?

Ni encre, ni papier. Depuis quelques années, la presse locale s’intéresse au podcast. Pourquoi à ce format, quels en sont les objectifs et stratégies ? Réponse avec Delphine Noyon, rédactrice en chef adjointe à La Nouvelle République du Centre-Ouest.

Comment des habitants de notre région entre Berry, Centre-Val-de-Loire ou Poitou-Charentes agissent pour répondre aux défis climatiques ? Un podcast du groupe La Nouvelle République. » Le 2 mai 2023, les lecteurs découvrent le premier épisode de « Plus verte la vie », où se posent la voix de Laurent Gaudens, journaliste, et les idées de la rédactrice en chef adjointe, Delphine Noyon. La recette : une pincée de journalisme de solution face au dérèglement climatique, et une cuillère d’énergie et d’humour, pour un remède anti-morosité.

Plus de 10.000 écoutes et 71 épisodes plus tard, l’équipe de podcasteurs continue de proposer toutes les semaines une visite guidée sonore du territoire, mais aussi d’entretenir un lien avec ceux qui le pensent et le transforment.

De l’initiative au projet de groupe

« On pourrait essayer de trouver un format différent pour parler des élections européennes. » En 2019, Delphine Noyon, directrice adjointe de l’édition de la Vienne, porte l’initiative d’un podcast à la rencontre des habitants de Châtellerault, « Châtel’Européennes ». « J’ai sollicité un journaliste qui était très friand d’innovation dans la rédaction, Laurent Gaudens. » Ce dernier essaie, tâtonne, à la découverte de ce nouveau format grâce à son expérience dans la musique. De cette première expérience naissent quatre épisodes, et bien d’autres séries plus tard : « Miam ! » en cuisine avec un chef et des produits locaux, puis « Moi Président » en 2022 avec des enfants dans des écoles notamment.

En 2020, la pandémie de Covid-19 modifie les habitudes, notamment journalistiques. « On ne pouvait plus vraiment sortir, il y avait pas mal de contraintes, notre mode de fonctionnement avait changé » raconte Delphine Noyon. Laurent Gaudens imagine alors « Dans l’œil du coronavirus », dont l’audience décolle pendant les périodes de confinement. « Il allait partout pour faire parler les gens, au sujet de ce que le Covid-19 avait changé dans leurs pratiques professionnelles et personnelles. » Laurent Gaudens termine la série en juillet 2022, avec 150 épisodes au compteur, à raison d’un par semaine.

La trajectoire du podcast dans le média prend de l’altitude la même année, quand Delphine Noyon devient rédactrice en chef adjointe. « J’ai été identifiée comme la personne qui avait initié les podcasts dans le groupe, donc on a pu se lancer dans une opération sur les cinq départements qu’on couvre », explique-t-elle.

Au choix, le podcast "Plus verte la vie" comporte 71 épisodes.

Stylo et micro, la même voix ?

Aujourd’hui, l’équipe s’est élargie et compte sept journalistes formés au podcast, environ un par rédaction départementale et une au service d’information nationale. « Il ne fallait pas que ça empêche le reste des productions d’être là » remarque Delphine Noyon.

Ces journalistes ont appris à poser leur voix et maîtriser des outils grâce à une spécialiste, à travers un organisme de formation. « Quand on interviewe quelqu’un pour un article écrit, même si c’est décousu, on pourra toujours réorganiser les notes après. Mais avec le son, on a besoin que ce soit plus fluide. » Enregistreur Zoom, casque, micro avec une bonnette, pas de studio ni de mixage… « On voulait faire du podcast natif : des interviews, des échanges entre le journaliste et une personne. » Et pour les habitants, « c’est quand même plus facile d’être à l’aise derrière un micro que devant une caméra » souligne Delphine Noyon.

La série « Dans le secret des châteaux » emboîte le pas à « Plus verte la vie » en 2024, avec des sessions de plusieurs épisodes dans chaque département (Indre, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire, Vienne, Deux-Sèvres). Quinze à vingt minutes d’histoire, de mystères et de rencontres attendent chaque semaine de trouver une oreille attentive, jusqu’à la fin de l’été 2025.

Avec "Dans le secret des châteaux", les journalistes emmènent les auditeurs visiter les édifices du territoire.

Le podcast, un laboratoire : notoriété, diversification
et nouvelle audience

« Mais ce n’est pas non plus une révolution en soi. Ça reste un autre format qu’on peut proposer aux auditeurs ou aux internautes. » L’âge d’or du podcast ne serait donc pas venu ? « Je ne suis pas sûre qu’il y ait beaucoup plus d’innovations qui passent par le podcast demain. On parlait notamment de son développement dans les voitures à une époque, parce que lorsqu’on est au volant, on ne peut rien faire d’autre. » Si l’importance du format est désormais relativisée, elle a été un laboratoire de réflexions et de découvertes.

« Notre objectif n’était pas forcément un objectif d’audience, mais plutôt de notoriété. » Car proposer ce nouveau format gratuit, non réservé aux abonnés, c’est l’installer dans la marque « NR » d’après la rédactrice en chef adjointe. Mais aussi aborder une audience différente, d’après les statistiques récoltées sur la plateforme où sont proposés les podcasts, Ausha. « On touche vraiment un public plus jeune, c’est-à-dire les moins de 30 ans. » Malheureusement, difficile d’obtenir plus d’éléments sur le profil des auditeurs, sinon que la plupart accèdent à cette plateforme grâce à la promotion réalisée via le site internet de La Nouvelle République. « A chaque épisode on associe un article print et web » explique-t-elle, sans oublier des publications sur les réseaux sociaux, Facebook et Instagram.

Alors si l’économie du podcast n’a pas été assez forte d’après elle, le format a permis de s’attacher les lecteurs. « C’est un public qui nous connaît déjà ou qui est assez fidèle à la marque. »

Noémie CHEVALIER

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