Le marché des annonces légales entre difficultés et concurrence croissante

Sous couvert d’une meilleure couverture de l’actualité locale, les médias nationaux débarquent en force sur le marché des annonces légales. Et forcément, ça fait grincer des dents la presse hebdomadaire locale. D’autant que le marché connait déjà des difficultés.

Le marché des annonces légales entre difficultés et concurrence croissante

Sous couvert d’une meilleure couverture de l’actualité locale, les médias nationaux débarquent en force sur le marché des annonces légales. Et forcément, ça fait grincer des dents la presse hebdomadaire locale. D’autant que le marché connait déjà des difficultés.
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En 2020, 22 pure-players étaient habilités à publier des annonces légales en région. Aujourd’hui, d’après les chiffres d’Actulégales, ils sont 52. Ce chiffre est la preuve d’une concurrence croissante sur le marché des annonces légales. Le phénomène ne devrait pas s’arrêter, avec les médias nationaux qui s’installent en région comme l’a fait Le Figaro.

Le 15 janvier 2023, Le Figaro annoncait son arrivée en région. Quatre nouvelles locales à Bordeaux, Nantes, Lyon et Nice. Officiellement, il s’agit pour le média d’« assurer une meilleure couverture rédactionnelle de l’actualité locale dont on connaît l’intérêt grandissant auprès des Français », comme le lit-on sur son site internet.

Très vite, on comprend que cette annonce est l’arbre censé cacher la forêt. Le 19 janvier, le site d’informations s’associe à Lextenso. Cette entreprise n’est ni plus ni moins que le leader des annonces légales en Ile-de-France et le premier prestataire de formalités juridiques en France. Drôle de timing quand même…

Le média est devenu le quotidien national habilité dans le plus grand nombre de départements. En ligne, il peut publier des annonces légales partout en France. Avant lui, plusieurs autres journaux nationaux s’étaient lancés dans l’aventure comme 20 minutes ou encore Aujourd’hui en France. Leur arrivée fait bien souvent grincer des dents au niveau local. « Aucun éditeur ne voit arriver des concurrents de gaieté de cœur », admet Vincent David, président du Syndicat de la Presse Hebdomadaire Régionale.

Des médias qui ne respectent pas les règles

Mais la concurrence n’est pas ce qui dérange le plus. « Il y a des règles strictes et précises pour les annonces légales. Certains estiment que ces nouveaux arrivants ne les respectent pas », explique Vincent David.

Et il y a en effet de quoi se poser des questions. Dans la loi du 9 janvier 1955, mise à jour le 22 mai 2019, il est précisé que pour pouvoir publier des annonces légales il faut que le journal ou site internet « comporte un volume substantiel d’informations originales dédiées au département et renouvelées sur une base au moins hebdomadaire ». Or, dans certains départements comme le Nord, Le Figaro ne possède aucune agence locale. Et ne parlons pas du Cantal, de la Haute-Marne ou encore de l’Aveyron. Comment pourrait-il donc proposer des informations originales et locales dans une quantité suffisante ? Le mystère reste entier.

S’ils ne respectent pas les règles, comment font ces médias pour être habilités ? Pour Vincent David, la réponse est simple. « C’est la préfecture qui valide ou non les dossiers de demande d’habilitation. Il y a des préfets et des fonctionnaires très soucieux qui vérifient que la réglementation est entièrement respectée. Mais d’autres font moins attention. C’est très variable. »

Des recours possibles

Une fois que les autorités ont validé une habilitation, les éditeurs mécontents ont quand même la possibilité de contester la décision. Pour cela, deux moyens de recours peuvent être utilisés. Le premier consiste à envoyer une lettre à la préfecture pour lui demander de revoir sa décision. Certains éditeurs mécontents de l’arrivée du Figaro dans leur région n’ont pas hésité à interpeller leur préfet dans un courrier. Le second moyen est plus long et demande des moyens : il faut déposer un recours devant le tribunal administratif. S’il rejette la demande, malheureusement il faudra faire avec le nouvel arrivant. Et donc risquer de voir son chiffre d’affaires baisser.

Pour l’instant, Le Figaro et les autres médias nationaux continuent leur expansion en région. Une situation qui risque de se développer de manière exponentielle. « Je pense que le mouvement est inéluctable. La perte de revenus publicitaires pour certains médias nationaux est telle qu’ils se tournent vers de nouvelles formes de financements qu’ils n’avaient pas encore explorées », détaille Vincent David.

Un marché déjà en difficulté

D’après les statistiques dévoilées par Actulégales lors du congrès de la presse hebdomadaire régionale à Laval, le prix moyen des annonces légales devrait encore diminuer de 6% cette année. Une baisse qui ne cesse pas de s’accentuer depuis ces dernières années. Cependant, la plateforme tient à rassurer sur un potentiel effet de rattrapage à partir de 2024. C’est donc une affaire à suivre.

Laurine Pollavini

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