Fini le journal XXL qui n’était pas franchement pas pratique à lire (ni à replier). Terminée la maquette qui -en étant poli- était franchement datée… Depuis ce 4 mai 2023 au matin, les lecteurs des éditions papier du Dauphiné Libéré et de Vaucluse matin (l’édition made in Avignon du premier) découvrent un journal qui n’a franchement plus grand chose à voir avec ce qu’ils connaissaient…
Le groupe Ebra, propriétaire des titres qui diffuse sur neuf département (1), a en effet décidé de réaliser un énorme travail sur son titre qui diffusait en 2022 un peu plus de 156500 exemplaires (source ACPM). Soit une baisse (comme quasiment tous les titres de PQR) de l’ordre de 5,6%.
Et si, aujourd’hui, les titres investissent massivement sur le web, Ebra n’a pas oublié que la plupart des recettes proviennent encore et toujours du print. D’où ce toilettage qui a duré plus de neuf mois et qui a coûté, selon le Figaro, la bagatelle de 2 millions d’euros !
Du nouveau sur tout, sauf sur la locale…
Concrètement, dans ce nouveau Dauphiné Libéré, tout a changé, selon le teasing largement distillé ces derniers jours par le groupe. En premier lieu, le format, qui en fait un des plus petits quotidiens de France par sa taille. Sans aucun doute, c’est plus pratique pour le feuilleter. Mais, avec la brutale hausse du prix du papier en 2022 (même si la tonne a depuis baissé un peu), réduire le format, même si on augmente sensiblement la pagination, permet au final de gagner quelques grammes par journal et quelques tonnes lorsque l’on multiplie par le nombre d’exemplaires… Le format est aussi beaucoup plus compatible, en version PDF, avec les tablettes et smartphones.
La maquette a été également revue. Ebra a fait appel à Quintin Leeds, l’ancien directeur artistique de Libération et du Monde. Ce spécialiste du design éditorial a notamment repensé La Croix ou élaboré la maquette de la revue XXI. Plus claire, plus dynamique, plus élégante, la mise en page s’accompagne également d’un passage en tout quadri, largement attendu par les lecteurs.
Le pont entre le papier et le web est également renforcé avec la multiplication des codes QR qui renvoient vers des extensions ou des compléments numériques. Une recette lancée il y a vingt ans par de nombreux titres qui avait fait un flop… jusqu’à ce que le Covid impose ce fameux code QR dans nos vies !
Enfin, le titre promet plus d’infos positives et de nouvelles rubriques, notamment dans son édition dominicale, avec notamment une page sur la gastronomie régionale, une double page jeux ou l’arrivée d’une planche BD avec la superstar de Zep, Titeuf.
L’ADN de la proximité
La nouvelle formule a été largement testée sur des panels et, en amont, près de 2400 enquêtes avaient permis de mettre en lumière ce qui fonctionnait et ce qui n’était plus d’actualité. Des sondages qui ont, selon Christophe Victor, directeur général du titre, « permis d’avoir une vision très précise de ce qu’il fallait préserver dans notre journal et de ce qu’il fallait changer. »
Et justement, parmi ce qui ne changera pas, figure l' »ADN de proximité. [Le journal] doit parler de ce qui concerne ses lecteurs dans leur vie quotidienne. » Le titre va ainsi privilégier l’actualité « positive », en offrant par exemple plus de portraits de ceux qui réussissent dans le territoire, que ce soit des jeunes ou des associations ou entreprises.
Guy Abonnenc, le rédacteur en chef du Dauphiné libéré, abonde : « Dans ce monde déboussolé, en proie à des crises écologiques, économiques, systémiques, nous ne voulons pas alimenter la tentation du repli, ni exploiter les angoisses médiatiques, l’info anxiogène qui joue avec les peurs ou les faux débats qui fatiguent les citoyens et les éloignent des médias.«
Reste désormais à savoir si cette transformation XXL, 17 ans après la dernière en date, sera suffisante pour donner un nouveau souffle au Dauphiné, en lui permettant de conserver son socle de lecteurs fidèles. Mais surtout en lui permettant d’en conquérir de nouveaux.
Laurent Brunel
(1) Le titre diffuse sur l’Isère, la Savoie, la Haute-Savoie, la Drôme, l’Ardèche, les Hautes-Alpes, l’Ain (Pays de Gex), le Vaucluse (Vaucluse matin), ainsi que les Alpes de Haute Provence (Vallée de l’Ubaye).